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Festival de Connes 2011
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Conufs
dans le coma profond


Inscrit le: 19 Fév 2010
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MessagePosté le: Dim Mai 22, 2011 20:28    Sujet du message: Répondre en citant

Mystère Orange a écrit:


J'ai l'impression qu'il y a un retournement de veste incroyable généralisé sur Malick (notamment sur FDC à l'instant) alors qu'avant le festival tout le monde lui donnait la palme d'office.


J'ai été lire... pr l'instant, comme d'hab (souvent), Bitas reste fidèle et cohérent je trouve par rapport aux quelques autres. J'attends son avis sur le film.
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Hello--Kitty
dans le coma profond


Inscrit le: 03 Nov 2010
Messages: 2053

MessagePosté le: Dim Mai 22, 2011 20:31    Sujet du message: Répondre en citant

Mystère Orange a écrit:
Le prix est attribué au cinéaste, la nomenclature sur le site officiel est la même que celle de le yougo'.

Ah ouais ? C'est chelou d'attribuer un prix du scénario à un réalisateur.
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Mystère Orange
dans le coma profond


Inscrit le: 11 Fév 2010
Messages: 486

MessagePosté le: Dim Mai 22, 2011 21:45    Sujet du message: Répondre en citant

Conufs a écrit:
Mystère Orange a écrit:


J'ai l'impression qu'il y a un retournement de veste incroyable généralisé sur Malick (notamment sur FDC à l'instant) alors qu'avant le festival tout le monde lui donnait la palme d'office.


J'ai été lire... pr l'instant, comme d'hab (souvent), Bitas reste fidèle et cohérent je trouve par rapport aux quelques autres. J'attends son avis sur le film.

Oui je parlais pas de Bitas, mais des messages de TiQ et Art Core qui trahissent un peu pour le premier la pose anti-malickienne et la frustration d'amour déçu pour le second.
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Mystère Orange
dans le coma profond


Inscrit le: 11 Fév 2010
Messages: 486

MessagePosté le: Dim Mai 22, 2011 21:46    Sujet du message: Répondre en citant

Hello--Kitty a écrit:
Mystère Orange a écrit:
Le prix est attribué au cinéaste, la nomenclature sur le site officiel est la même que celle de le yougo'.

Ah ouais ? C'est chelou d'attribuer un prix du scénario à un réalisateur.

Pas si il a écrit le scénario, ce qui est le cas de Joseph Cedar Smile
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Bite Astrale
dans le coma profond


Inscrit le: 02 Mar 2010
Messages: 1063

MessagePosté le: Lun Mai 23, 2011 8:35    Sujet du message: Répondre en citant

Conufs a écrit:
Mystère Orange a écrit:


J'ai l'impression qu'il y a un retournement de veste incroyable généralisé sur Malick (notamment sur FDC à l'instant) alors qu'avant le festival tout le monde lui donnait la palme d'office.


J'ai été lire... pr l'instant, comme d'hab (souvent), Bitas reste fidèle et cohérent je trouve par rapport aux quelques autres. J'attends son avis sur le film.

Mon avis? Sur le Malick?
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Bite Astrale
dans le coma profond


Inscrit le: 02 Mar 2010
Messages: 1063

MessagePosté le: Lun Mai 23, 2011 8:36    Sujet du message: Répondre en citant

Mystère Orange a écrit:

Oui je parlais pas de Bitas, mais des messages de TiQ et Art Core qui trahissent un peu pour le premier la pose anti-malickienne et la frustration d'amour déçu pour le second.

TiQ, il compte pas vraiment...quant à Art Core, comme tu dis, c'est plus de la déception que du retournement de veste (comme pour la plupart de ceux qui sont pas à donf sur le film).
Et c'est pas étonnant vu le film (attente démesurée + ambition + jusqu'au boutisme du style Malick).
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Mystère Orange
dans le coma profond


Inscrit le: 11 Fév 2010
Messages: 486

MessagePosté le: Lun Mai 23, 2011 15:21    Sujet du message: Répondre en citant

Bite Astrale a écrit:
Mystère Orange a écrit:

Oui je parlais pas de Bitas, mais des messages de TiQ et Art Core qui trahissent un peu pour le premier la pose anti-malickienne et la frustration d'amour déçu pour le second.

TiQ, il compte pas vraiment...quant à Art Core, comme tu dis, c'est plus de la déception que du retournement de veste (comme pour la plupart de ceux qui sont pas à donf sur le film).
Et c'est pas étonnant vu le film (attente démesurée + ambition + jusqu'au boutisme du style Malick).

Oui la réaction de Art Core est assez humaine mais je ne sais pas si c'est la succession des messages qui m'a donné le sentiment que cela faisait partie d'un même mouvement mais j'ai l'impression que ces réactions un peu revanchardes dûes à la déception alimentent la pose à la TiQ (il compte pas pour représenter FDC effectivement et d'ailleurs j'attaque pas FDC en général).
Après je n'ai pas vu le film donc je juge ça de manière un peu déconnectée, mais j'ai tellement de respect pour Malick que même si je n'aimais pas son dernier film, je préférerait me taire que de me venger sur le dos de la déception.
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Bite Astrale
dans le coma profond


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MessagePosté le: Lun Mai 23, 2011 15:31    Sujet du message: Répondre en citant

Mais où est-ce que tu vois de le vengeance? D'où tu sors ton "revanchard".
Des gens sont déçus. Point.

Et à part Baptiste et TiQ, les messages n'ont rien de haineux et viennent de gens qui aiment Malick.

On croirait que tu les accuses de retourner leur veste sciemment et pour cracher sur Malick, c'est de l'affabulation là.
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Bite Astrale
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MessagePosté le: Lun Mai 23, 2011 15:32    Sujet du message: Répondre en citant

Mystère Orange a écrit:
j'ai tellement de respect pour Malick que même si je n'aimais pas son dernier film, je préférerait me taire que de me venger sur le dos de la déception.

Là ça fait vraiment phrase de vendu pour le coup.
"Je kiffe tellement Malick que si je kiffe pas Tree of Life bah je dirai pas que je kiffe pas".
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Mystère Orange
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MessagePosté le: Lun Mai 23, 2011 15:38    Sujet du message: Répondre en citant

Bite Astrale a écrit:
Mystère Orange a écrit:
j'ai tellement de respect pour Malick que même si je n'aimais pas son dernier film, je préférerait me taire que de me venger sur le dos de la déception.

Là ça fait vraiment phrase de vendu pour le coup.
"Je kiffe tellement Malick que si je kiffe pas Tree of Life bah je dirai pas que je kiffe pas".

Non mais je reproche pas à Art Core de dire qu'il n'aime pas le film, je reproche les petites piques vengeresses sur sa non-venue à la cérémonie de clôture que je trouve un peu puériles (et qu'il n'aurait sans doute pas faites si il avait adoré le film).
Je parle de respect pour l'artiste, pas pour le film.
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Bite Astrale
dans le coma profond


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MessagePosté le: Lun Mai 23, 2011 15:41    Sujet du message: Répondre en citant

Mystère Orange a écrit:
Bite Astrale a écrit:
Mystère Orange a écrit:
j'ai tellement de respect pour Malick que même si je n'aimais pas son dernier film, je préférerait me taire que de me venger sur le dos de la déception.

Là ça fait vraiment phrase de vendu pour le coup.
"Je kiffe tellement Malick que si je kiffe pas Tree of Life bah je dirai pas que je kiffe pas".

Non mais je reproche pas à Art Core de dire qu'il n'aime pas le film, je reproche les petites piques vengeresses sur sa non-venue à la cérémonie de clôture que je trouve un peu puériles (et qu'il n'aurait sans doute pas faites si il avait adoré le film).
Je parle de respect pour l'artiste, pas pour le film.

Aaaaah au temps pour moi, j'avais pas saisi...bon, sinon, je pense quand même pas qu'il s'agisse de piques "vengeresses" (nan mais sérieux, le mot quoi).
L'un n'a rien à voir avec l'autre, faut pas extrapoler.
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Mystère Orange
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MessagePosté le: Lun Mai 23, 2011 16:09    Sujet du message: Répondre en citant

Bite Astrale a écrit:
bon, sinon, je pense quand même pas qu'il s'agisse de piques "vengeresses" (nan mais sérieux, le mot quoi).
L'un n'a rien à voir avec l'autre, faut pas extrapoler.

Oui je conviens que peut-être le message de TiQ qui est le premier message de réaction au palmarès ait quelque peu orienté mon jugement. J'exagère sans doute un peu mais je ne pense pas avoir complètement tort (mais la réaction de Art Core ne me scandalise pas hein, c'était juste une remarque sur une déception généralisée qui par manque de recul pourrait provoquer un mouvement de pose anti-malickienne).
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Bite Astrale
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MessagePosté le: Lun Mai 23, 2011 16:17    Sujet du message: Répondre en citant

La pose anti-malickienne, je pense que c'est plutôt dans ces murs qu'elle va se montrer...Smile
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Kuni l'hungus
dans le coma profond


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Messages: 1789
Localisation: A votre avis? Enfin si je le trouve.

MessagePosté le: Lun Mai 23, 2011 17:44    Sujet du message: Répondre en citant

il me semble pas. Il me semble que ce qu'en a dit Phèdre, par exemple, est autre chose que de la pose, et est conforme avec ce que j'ai pu en ressentir au vu de la bande annonce (qui peut être trompeuse, il est vrai).

Y aurait qui comme anti-Malick ici? Tiny? Carton? Personnellement, j'ai un peu peu d'avoir un film sur ce qui ne pouvait être traité que dans les marges de la ligne rouge, parce que ça peut pas s'attaquer de front, comme ça, sur ton monstratif. J'ai l'impression que c'est aussi la position de Phèdre à la vue du film.

Quant au respect du réalisateur, il est possible qu'il y en ait moins ici. Personnellement, j'en ai rien à carrer de monsieur Malick, mais j'ai l'impression que lui non plus. Tant mieux, on est au moins deux à pas être intéressés par lui. Quant aux vendus aux auteurs, ils seraient encore plus à même de faire preuve d'irrespect par déception mais des comme ça, y en a un peu partout (on attend le rapport de Conufs sur le prochain texte de Borges).
_________________
Independent Film!! You know it's like killing babies. [...] If you kill babies and you don't believe in it then that's bad. [...] You know, if you are killing babies and you believe in it, then you are doing something you believe in.
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Conufs
dans le coma profond


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Messages: 1399

MessagePosté le: Lun Mai 23, 2011 18:23    Sujet du message: Répondre en citant

Kuni l'hungus a écrit:
(on attend le rapport de Conufs sur le prochain texte de Borges).


Lol, justement je lis avec intérêt ce qui se dit chez les voisins.
On a posté le texte (très faible...) de "Burdeau Kitty", là bas.
Mais je suis surtout impatient de lire celui de l'ami Erwan...

Bite Astrale a écrit:
Mon avis? Sur le Malick?

yep.



Spoiler:

Les deux auteurs, je m'en branle un peu évidemment. Leurs textes bcp moins, surtout en ayant pas encore vu le film, malheureusement.

ps: Pipi me parait bouleversé par celui ci.


"Terrence Malick: l'arbre, la vie, l'ennui
17 Mai 2011 - Médiapart
Par EB

Les oiseaux ont chanté, les herbes dansé, les vagues roulé leur écume. Des chevelures ont brillé au soleil. Les sphères ont frappé leur immémorial tambour. La terre a tremblé. Que dis-je? L'univers. La Création. La totalité. Brad Pitt et Sean Penn – surtout Sean Penn – sont des figurants dans le nouveau film de Terrence Malick. Plus encore que dans La Ligne rouge (1998), plus encore que dans Le Nouveau Monde (2005), les rôles principaux de The Tree of Life sont tenus par, eh bien, l'arbre et la vie. L'Arbre. La Vie. En personne. Liés au cinéaste par contrat exclusif d'au moins cinq ans. C'est en effet en majuscules qu'il aurait fallu écrire cet article. Est-ce que cela ne ferait pas un peu mal aux yeux? Si.

Trois époques. Hier, les années 1950 dans une petite ville texane: un père –Brad Pitt – élève sévèrement ses trois jeunes garçons; l'un, apprend-on tôt, meurt prématurément (au Viêtnam? ce n'est pas impossible); la suite –en flash-back, donc – revient sur les enseignements prodigués par le père pour qu'ils deviennent «quelqu'un» dans un monde qui ne plaisante pas, les tentatives de la mère pour les soustraire à cette dureté, l'enterrement d'un camarade mort par noyade, les disputes, les jeux des enfants, leurs premières bêtises, les premières bagarres, les premières rébellions contre l'autorité paternelle…

Aujourd'hui: l'un des fils – Sean Penn – est un riche architecte; sa maison est superbe, transparente; il prend l'ascenseur, laisse un message d'excuses à son père; il semble très préoccupé. Avant-hier: le big-bang, longuement mis en images par nul autre que Douglas Trumbull, jadis responsable des effets spéciaux de 2001, l'Odyssée de l'espace (1968), avec lequel Malick cherche manifestement à rivaliser ici.

Cinq films en quarante ans, lecteur (traducteur?) de Heidegger, une réputation d'ermite perfectionniste, des rôles entiers coupés au montage, phase de travail volontiers étalée sur plusieurs années, projets annoncés, reportés: vous connaissez le tableau. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il peut être instructif de se reporter au livre de Peter Biskind récemment paru, Mon Hollywood (éd. Le Cherche-Midi), dans lequel est dressé un portrait pas piqué des vers de l'animal.

Terrence Malick aurait auditionné mille enfants pour sélectionner les trois fils de The Tree of Life. Il aurait appris à voler pour filmer les oiseaux. Il se serait laissé pousser des racines pour filmer les arbres. Il serait devenu poisson pour étudier le mouvement des marées. Il aurait fabriqué une machine à remonter dans le temps pour filmer les années 1950, et une autre, plus performante, pour filmer la Création.

Comment ne pas se moquer après la découverte d'un film sur la création du monde ayant fait tout un monde de sa propre création? Quelle autre parade pour échapper à l'emphase, à la redondance, quand c'est à chaque plan que, à la faveur d'un faux raccord, d'un changement de lieu ou de lumière, Malick semble vouloir rejouer une genèse ou une apocalypse?

Au point d'en oublier qu'il a un film à faire. Il n'y a presque aucune scène dans The Tree of Life. Que des chutes, des fragments, des instants, des instantanés. Un rayon de soleil qui darde à travers des branches, des oiseaux en formation au-dessus des toits, une jeune mère – Jessica Chastain – étendue dans l'herbe. Tout cela pourrait être superbe. Tout cela est en vérité épuisant. Car tout cela empêche le film d'avoir lieu, d'être autre chose qu'un best of de moments superlatifs pour un autre film encore et toujours à venir.

On dirait une bande-annonce. On dirait une publicité. Pour l'Arbre, pour la Vie, pour autre chose: la beauté des costumes, la propreté des meubles, le velouté de la lumière, les effets spéciaux, la musique. On dirait un album de photographies. On ne dirait pas le nouveau chef-d'œuvre d'un grand cinéaste. (Ce que Malick est bel et bien: Les Moissons du ciel (1978) laisse par exemple un souvenir ébloui. Peut-être est-ce parce que la nature y dialoguait, presque comme dans un film d'Eisenstein, avec les machines, les tracteurs… Plus de dialectique ici. Que des effets.)

Recréation

La création du monde était déjà au cœur du Nouveau Monde, qui traitait de la découverte de l'Amérique et de la figure de Pocahontas. Plus Malick avance et plus il semble voué à ne parler que de cela. Plus aussi il semble rapprocher l'instant de la création de celui de la destruction. Ou, pour le dire dans les termes de la voix off, rapprocher la voie de la grâce –n'attendre rien, se laisser saisir– et la voie de la nature – imposer sa volonté. D'autres cinéastes, et pas les moins immodestes, se sont attachés à cette proximité du miracle et de la catastrophe; Bertrand Bonello, il y a seulement deux jours; ou Werner Herzog, pour citer un contemporain de Malick. Mais Herzog est un as de la sourdine à côté de la pompe malickienne.

Le monde, sans doute, n'a pas été créé une seule fois, il s'arrête et recommence à chaque rencontre, et plus encore à la naissance d'un nouvel enfant, ainsi qu'il semble être dit ici aux rares moments où s'enclenche un récit. (Ce thème – le bonheur et la malédiction d'être père ou fils – est présent dans au moins un film sur deux cette année, toutes sélections confondues.) Mais tout recommencer, à zéro, à chaque plan? A chaque frémissement de feuille dans le vent d'une fin d'après-midi? A chaque fois que le soleil darde à travers les branches? A chaque échange de regard? Personne ne peut tenir l'exceptionnel à une telle cadence.

(Il y a sans doute, quelque part, une réflexion autour du débat américain actuel opposant évolutionnisme et créationnisme. Il y a peut-être même la volonté de les réunir. Mais elles sont bien cachées, cette réflexion, cette volonté. A moins qu'elles soient, comme tout ici: données d'emblée, puis sans cesse redonnées, sans progrès ni travail.)

On parlera – on a déjà parlé – de mystique, de métaphysique, de chant des sphères, de cinéma-cosmos. Bien sûr. On pourrait aussi bien parler de confusion, ou de schématisme (allez, un plan d'herbes toutes les deux minutes). Ou de fumisterie: imaginez un final sur une plage où tous les temps peuvent enfin se mélanger, et le fils serrer l'épaule du père, etc. On dira qu'il fallait de l'audace pour refuser la dramaturgie et tenter de rester en apesanteur pendant deux heures. De l'audace, encore, pour refaire la naissance du monde pendant une demi-heure où plus rien ne se rattache à ce qu'on entend ordinairement par «film» : il y a bien des beautés, en effet, dans ce long clip; bien des lourdeurs aussi; et pas mal de fonds d'écran pour vos ordinateurs. Tout film, dira-t-on aussi, rejoue à l'écran quelque chose de sa création ; absolument, et c'est pourquoi cette emphase démiurgique paraît au fond bien dérisoire. "
EB















Sinon:


"comment entrer dans ce film?



- son audace, d'abord; et pas seulement dans le risque d'une imagerie qu'on dit "new age"... il y a quelque chose d'un peu fou, de peut-être raté (au sens de la démesure) dans le film, saisir chaque chose depuis une infinité de points... dans une simple pelouse à la fois le jardin originaire, et la naissance de la propriété, des frontières ; là où eastwood sort son fusil pour protéger son espace, malick tente de comprendre, de saisir l'origine de la frontière, et de l'appropriation ; d'où vient la propriété, le propre, le mien ? question que pose cavell (qui fut je crois pas me tromper prof de malick), dans un des textes de son dernier recueil, à et avec locke...



- un cinéma du montage qu'on croyait révolu ; malick renoue avec vertov, la fameuse variation universelle ; l'image liquide, comme dit deleuze "qui effectue le système objectif total de l’universelle interaction", omniprésence de la caméra, de ses mouvements, de ses danses ; c'est pas l'homme à la caméra, c'est une espèce d'identification du point de vue de la caméra au point de vue de dieu ; lire les pages de deleuze au début de "image mouvement", celles du dernier rancière consacrées à vertov ; "rapport entre tous les mouvements et toutes les intensités".



il s’agit de connecter un point de l’univers à un autre point quelconque

- on ne peut pas mieux définir l’universelle interaction - "connexion d’un point de l’univers à un autre point quelconque. Le temps étant aboli, la négation du temps. l’ensemble des images en tant qu’elles sont saisies dans le système de leur perpétuelle interaction, c’est à dire dans un système où elles varient chacune pour elle-même et les unes par rapport aux autres. Ça va s’opposer à une vision qui sera dite "subjective", où les variations se font par rapport à un point de vue déterminé et immobilisé, à la vision terrestre solide, à l’œil humain ; ici nous avons affaire à l'œil de la perception totale, l’œil de la perception de l’universelle variation où les choses mêmes, c’est à dire les images, variant en elles- mêmes les unes par rapport aux autres "sont" les vraies perceptions. Au lieu que je saisisse une image, ce sont les images dans leur interaction qui saisissent toutes les actions qu’elles reçoivent, toutes les réactions qu’elles exécutent. Pour une fois c’est le système qu’on a vu, avec le système total de l’interaction, de l’interaction universelle."


http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/article.php3?id_article=71


- parmi les questions infinies posées à une transcendance (terrible indécision de l'adresse, du destinataire des voix off) à la fois absente et omniprésente : une m'a terriblement touché : "qui sommes-nous pour toi?"

-la présence de la bible dans le cinéma récent américain ; comparer avec les deux derniers coen, par exemple ; ici, c'est pas la vengeance, qui préoccupe malick, mais la création et l'injustice (job, pourquoi le "bon" doit-il souffrir autant que le mauvais)... job était aussi présent chez les coen ; l'injustice n'est pas seulement humaine, légale, sociale mais métaphysique... pourquoi la mort, pourquoi les difformités physiques...

-2001 et shining ; hélas de ce côté, kubrick est trop fort, suffit de comparer les images de la naissance de l'univers, avec sa musique religieuse redondante, à l'usage de la musique chez Kubrick ; on retrouve aussi un thème kubrickien, celui de orange mécanique : comment peut-on adorer la musique dite classique, la grande musique, la grande sensibilité, et en même temps être un salaud ; dans "le nouveau monde", il y avait wagner ; ici, il y a nietzsche et le ressentiment (cité textuellement, "deviens l'homme que tu es"). Le père est un salaud, sa volonté de création par ressentiment, échec, est devenue une pure volonté de domination ; c'est un peu ce qu'on dit de Hitler, peintre raté (cf Ph. Lacoue-Labarthe, le national-esthétisme); le fils devient architecte... concilie les deux aspirations du père, le fric et la création.


-la psychanalyse, oedipe, la mère, le père ; dans tous les films de malick, on trouve une femme entre deux hommes ; il revient à cette relation à trois essentielle : le père, la mère, le fils ; l'oedipe, la rivalité... pour l'amour de la mère ; les deux frères, aussi... un côté très à l'est d'eden, mais saisi beaucoup plus tôt;

- dans un nouveau monde, il remontait à la genèse du usa, ici, c'est la genèse même de la vie, de la création... encore une histoire des origines

- retour aussi au monde des petites banlieues de la classe moyenne ; mais dans un ton très différent de celui de badlands ;



- côté éducation on songe bien entendu au "ruban blanc"


- "dualisme" de malick, la guerre est interne à l'être, et peut se nommer diversement, en moi, dit le gosse à son père (la nature, une volonté de pouvoir et de domination, le ressentiment ) et à sa mère (la grâce) vous serez toujours en guerre,



- tree of life ; bible (l'arbre de la vie n'est pas l'arbre de la science) ; liant job et cet arbre, on pense bien sûr au philosophe russe, Chestov...



Pour un peu dépasser les tartes à la crème sur la poésie, et je ne sais pas quoi, marquer combien ce film plonge dans la vie, dans la biographie la plus douloureuse : TM est le plus âgés des enfants de la famille M, trois garçons, comme dans le film : ses deux frères connaîtront des destins tragiques, chris sera gravement blessé dans un accident de bagnole qui coutera la vie à sa femme; le plus jeune, Larry, connaîtra une grave dépression alors qu’il étudie la guitare (comme l'un des gosses du film) avec Segovia en Espagne , 1968 ; il se brisera les deux mains, et finalement se suicide.


(c'est autour de ça que le film tourne, autour de ce noyau traumatique, rien à voir avec la guerre du Vietnam, comme le croit burdeau)


la mère de malick a grandi dans une ferme; (Géologue (ce qui explique des choses) le père est d’origine libanaise ("malick", c’est roi)






"I was raised in a violent environment in Texas. What struck me was how violence erupted and ended before you realy had time to understand what was happening ».
B.

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