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Ms. 45 (Abel Ferrara - 1981)

 
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Tiny
dans le coma profond


Inscrit le: 08 Fév 2010
Messages: 2209
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MessagePosté le: Sam Avr 10, 2010 1:56    Sujet du message: Ms. 45 (Abel Ferrara - 1981) Répondre en citant




De Ferrara je n'avais vu que les films des années 90, soit du bon et du moins bon, de King of New York à New Rose Hotel. Ce qui me plaisait déjà dans certains c'était un petit côté Scorsese, mais qui aurait pris du crack plutôt que de la coke. C'est comme ça que je voyais Ferrara, une sorte de Scorsese bad ass qui travaille les âmes de ses personnages au couteau plutôt qu'au ciselet. Un amateur du côté sombre.
Ms. 45 raconte une histoire très simple. Une femme est violée. Elle récupère une arme sur un de ses assaillants et se met à tuer tous les hommes qu'elle rencontre.
Cette simplicité, cette économie du récit (sans compter que l'héroïne est muette) permettent à Ferrara de rentrer dans un rapport intime avec son personnage qu'il filme souvent dans ses moments creux. Des moments de répit pour la jeune femme qui peut s'éloigner un peu de son devoir de réaction et de ses pulsions de mort, mais qui donnent aussi à sentir toute la dimension du drame intérieur qui se joue. Cette déchirure qui donne au personnage toute sa beauté.
Bon, j'ai pas plus de temps ce soir mais y aurait plein d'autres choses à dire. Phèdre?
Sinon, ça déchire/6.
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Krotkaïa



Inscrit le: 03 Mar 2010
Messages: 186

MessagePosté le: Sam Avr 10, 2010 12:25    Sujet du message: Répondre en citant

En attendant celui qui fait autorité en la matière, à savoir Phèdre, je peux mettre ce passage du bouquin de Nicole Brenez:

Citation:
Ms.45 raconte la métamorphose progressive d'une jeune fille en implacable vengeresse ; le film nous mène d'une scène ordinaire (un défilé de robes dans un atelier de couture) à son retraitement cauchemardesque (le bal costumé sanglant des couturières). La fin du film élucide alors son entame apparemment anecdotique : le défilé inaugurale des robes posait le costume humain comme déguisement ordinaire pour une mise en scène sociale des corps fondée sur des relations de pouvoir et de soumission (l'acheteuse royale et méprisante, le couturier cauteleux, les mannequins maltraitées, les ouvrières passives). Le bal masqué final, qui remet en scène le personnel de l'atelier, développe le postulat jusqu'au bout : les relations entre les êtres et notamment les relations sexuelles ne peuvent être que criminelles. Les couples d'invités s'échangent des informations sur la vasectomie ou sur la façon d'acheter des vierges dans les pays du Tiers-monde ; l'horreur sexuelle inconstitutionnellement admise et émiettée ici dans les dialogues au titre de référent factuel est aussitôt retraduite en péripétie fabuleuse. Le double viol de la vierge Thana se réinscrit alors dans une économie générale de l'exploitation des corps perçue par l'imaginaire occidental comme ordre naturel et non pas comme injustice absolue, ce qui se marque dans la désinvolture avec laquelle les interlocuteurs discutent des tarifs d'achat des petites filles. a l'horreur institué répond la violence de Thana : tuer tout le monde (…) de toutes façons aucun massacre ne sera jamais proportionné à l'abomination réelle. (…) La version catastrophique finale (le bal sanglant) exhume le caractère intolérable de la violence socialement domestiquée dans la version ordinaire inaugurale (le défilé professionnel).
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Phèdre
dans le coma profond


Inscrit le: 09 Fév 2010
Messages: 1203

MessagePosté le: Sam Avr 10, 2010 12:32    Sujet du message: Répondre en citant

Krotkaïa a écrit:
En attendant celui qui fait autorité en la matière, à savoir Phèdre


Ca suffit maintenant !
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Krotkaïa



Inscrit le: 03 Mar 2010
Messages: 186

MessagePosté le: Sam Avr 10, 2010 13:10    Sujet du message: Répondre en citant

OK...
Donc, pour ma part, j'avais aimé la manière dont Ferrara trouve l'équilibre entre un aspect hyper-réaliste, presque documentaire, dans la description de New-York, l'univers dépeint, ses personnages, et une réalité fantasmée par le personnage de Thana, les évènements vécus, l'enchainement des meurtres (de plus en plus improbables, jusqu'au point où il est difficile de discerner ce qui est réel, de ce qui est transformé par l'esprit de Thana).
Ferrara varie les échelles de plans, d'une séquence à l'autre, et dans une même séquence. Il utilise beaucoup de plans rapprochés, des gros plans, de gestes, d'action, qui donne un aspect fragmenté, qui renforce le trouble, la perte de repère.
Finalement, c'est un film sans suspense, où les meurtres sont traités sans climax, sans crescendo…; et c'est cette absence d'effets, cette sobriété, la répétition, la monotonie pratiquement, de ces meurtres qui créent le malaise, qui dérange...Le cœur du film se déplace…
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Zahad le rouge
dans le coma profond


Inscrit le: 11 Fév 2010
Messages: 1968

MessagePosté le: Sam Avr 10, 2010 13:23    Sujet du message: Répondre en citant

et MR-73 alors?
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Phèdre
dans le coma profond


Inscrit le: 09 Fév 2010
Messages: 1203

MessagePosté le: Sam Avr 10, 2010 13:42    Sujet du message: Répondre en citant

Krotkaïa a écrit:

Finalement, c'est un film sans suspense, où les meurtres sont traités sans climax, sans crescendo…; et c'est cette absence d'effets, cette sobriété, la répétition, la monotonie pratiquement, de ces meurtres qui créent le malaise, qui dérange...Le cœur du film se déplace…


Oui je suis d'accord, d'ailleurs j'avais pensé à MS 45 lors de ma première vision du Elephant de Alan Clarke.
Sinon j'aime bien ce passage du bouquin de Brenez, Thana est et restera une victime, un symptôme irrécupérable, ineffaçable, malgré son retournement violent. Oui, beaucoup de choses à dire sur ce film.
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