L'Amore (Roberto Rossellini, 1948)

[Phèdre]

Un film pour moi. Une femme enfermée chez elle, accrochée au téléphone, à attendre que son amour perdu l’appelle. Un vrai film de terreur.
Ca aurait pu être un film sordide, il joue magistralement avec les limites, si cela n’avait pas été une déclaration d’amour du cinéaste à l’actrice. Le film débutant sur cette phrase, « ce film est un hommage à l’art d’Anna Magnani », on comprend rapidement qu’il s’agit de bien plus de choses que de tristesse. Une œuvre sur l’actrice autant que sur la femme, elle donne tout à Rossellini, elle ne peut pas aller plus loin, la moindre parcelle de talent elle la donne sans retenue, avec amour, au même titre que son personnage éructant son amour dévastateur au téléphone, avec autant de violence que de douceur, autant de force que de désespoir.
Il faut vraiment la magie des deux pour que l’œuvre ne devienne pas un film technique, une simple exposition de savoir faire ; et c’est la plus belle chose de ce film très court, de voir l’actrice et le réalisateur s’accorder pour la puissance, pour l’intensité, pour la justesse. Elle lui permet de ne pas rentrer dans la simple exploration technique d’une situation, il lui permet d’approfondir son jeu, de l’écarter de la performance théâtrale pour qu’elle irradie les images. C’est l’intensité parfaite, il ne la laisse pas s’exprimer librement une seconde de trop, ce n’est jamais plombant, c’est un modèle de mise en scène économique.
Une simplicité maximale, un approfondissement totale de son sujet, le témoignage d’un corps qui perd la donnée physique liée à l’amour ; un film sur la solitude physique, ou un film physique sur la solitude. Un film sur le manque, un manque qui vient augmenter l’obsession de son propre reflet, du seul corps en présence, son propre corps. Quand on s’observe dans un miroir on est loin de soi, on s’éloigne, on s’évapore… Rarement un cinéaste aura autant bien fait passer cette idée là, l’obsession envers son propre visage, son propre corps. Tout ça sans que cela n’apparaisse dans les dialogues bien sur. Le corps devient étranger et véhicule la terreur et la honte. Le corps perdu, lui, devient élément, il se matérialise virtuellement dans ce téléphone auquel Rossellini et Magnani donnent des accents fantastiques, grâce à l’obsession pour ce morceau de plastique.
Des plans tétanisants, une justesse inouïe dans la description des affects, pourtant en demeurant à l’extérieur, sans faire mine d’y toucher, tout est palpable, c’est toujours une question d’harmonie. Un film qui joue avec la honte et la pudeur. On ne peut pas mieux s’en sortir.

Il y a une deuxième histoire dans ce film, je n’ai pas grand-chose à en dire, sauf que j’ai aimé.
Beaucoup de choses à en dire encore, je vous laisse la place.

Voilà, on peut faire un chef d’œuvre avec une femme et un téléphone.

[Pipi]

Fo que je le voie.

Rossellini encule De Sica et Visconti.

[Averroès]

[enculetom]

[Tetsuo]

[Tetsuo]

[Tetsuo]

Sinon ce film est en tête de liste des films que je dois voir absolument.

[enculetom]

Yes, un peu téléphoné comme film d'ailleurs.

[Pipi]

[Phèdre]

[Phèdre]

[Tetsuo]

[Tetsuo]

[Phèdre]

Ah c'est moi qui t'ai donné envie de voir le film ? Cool ! Pour une fois qu'on écrit pas dans le vent sur un forum.

[Tetsuo]

En fait tu m'as rappelé l'existence de ce film, noyé dans une liste interminable de trucs à voir. Et ton message m'a bien chauffé, oui.