Inscrit le: 29 Jan 2021 Messages: 39 Localisation: USA (what else?)
Posté le: Lun Jan 02, 2023 18:19 Sujet du message: The Fabelmans (Steven Spielberg, 2022)
Mon rêve de la nuit dernière :
Dans ma chambre, je dors à poings fermés, bien au chaud dans mon petit lit, rêvant de merveilleux films, de blockbusters et de Marvels, lorsque soudain, un horrible bruit de moteur me réveille en sursaut. Aussitôt, je me précipite à la fenêtre, et j’ouvre les persiennes pour regarder ce qui se passe. Un tapis de neige recouvre le jardin, et les rayons de lune s’y reflétent avec un tel éclat qu’on y voit comme en plein jour.
C’est alors que je vois arriver The American Dream, la plus longue voiture du monde, qui conduit un vieil homme tout habillé de rouge.
Steven Spielberg – je devine tout de suite que c’est lui – fait claquer sa langue, et guide son chauffeur en l’appelant par différents surnoms : « Tonnerre ! Éclair ! Allez, allez ! Foudre et Flèche ! Blizzard, Tempête, Étoile, Comète ! Monte-moi, grimpe-moi en haut de la maison ! Dépêchons, dépêchons ! »
Pareille aux feuilles d’automne soulevées par le vent, la voiture s’envole alors vers le ciel, emportant avec elle Steven Spielberg.
Tout doucement, elle le dépose sur le toit de la maison. Caché dans l’escalier, j’entends distinctement le bruit sourd des sabots sur les tuiles couvertes de neige.
Et, tout à coup, Steven Spielberg surgit de la cheminée. Son bel habit rouge, bordé de fourrure blanche, est taché de suie. Sur l’épaule, il porte un gros sac. On dirait un marchand ambulant, prêt à déballer ses trésors.
Il a l’air jovial avec ses yeux brillants, ses joues, son petit nez tout rougi par le froid. Un sourire malicieux éclaire son visage, perdu dans une barbe aussi blanche que la neige. Les volutes de la fumée qui sortent de son cigare forment une auréole au-dessus de sa tête. Il est tout rond, comme un bon génie, avec son ventre rebondi.
Sans un mot, il se met au travail, remplissant mes chaussettes de coffrets Blu-ray de ses films et de plugs anaux.
Puis il se retourne, pose le doigt sur sa bouche, et me fait un petit signe de tête, avant de remonter par la cheminée.
Prestement, il saute dans The American Dream, siffle son chauffeur, et l’équipage repart aussi vite qu’il est venu.
Et tandis qu’il disparait dans la nuit étoilée, j’entends Steven qui crie : « Et n'oublie pas : si tu te mates The Fabelmans avant sa sortie en salle, plus jamais de cadeaux ! »
Posté le: Mer Fév 15, 2023 22:12 Sujet du message:
Une bien belle réussite. Déjà techniquement c'est époustouflant, la manière dont ils ont reproduit l'image de ces vieux films. Et même dans le jeu, la manière de bouger, sans jamais en faire trop, etc. Bien vu. On sourit plus qu'on éclate de rire... mais on sourit tout le temps. Ca fait tellement du bien de voir un Spielberg soigné, pas basé sur un moule télévisuel pourri, sans avoir du Harrison Ford qui fait des apparitions grimé, sans avoir toutes ces conneries. Une vraie comédie bien pensée et classe.
Posté le: Dim Fév 26, 2023 17:33 Sujet du message:
Sous les draps du petit Spielberg se trouve un royaume fabuleux, où les petits garçons font des films, rêvent de devenir John Ford et vivent à l’écart de la connerie humaine. Mais lorsqu’un archéologue sans scrupule appelé Indiana Jones pille un de leur trésors, Burt et Mitzi, les parents du petit Spielberg, se voient contraints de faire équipe et de faire de leur rejeton un millionnaire.
Sur le papier, ça pourrait marcher. L'idée de montrer la famille de Spielberg est en soi intéressante. Malheureusement, ce n'est pas du tout exploité. Cet outre-monde est juste le genre de famille qu'on connaît déjà et Burt et Mitzi n'ont rien de spécifiquement intéressant. On est très loin de La guerre des mondes qui nous faisait découvrir un véritable monde des extra-terrestres avec ses propres codes.
D'ailleurs théoriquement dans le film plusieurs générations de Spielberg devraient cohabiter mais ce n'est pas du tout mis à profit. Là on a juste des histoires de passions frustrées ou d'amours contrariées mais rien qui nous renvoie au fait qu'on est face à STEVEN SPIELBERG.
Lorsque Burt et Mitzi viennent dans la chambre de Steven-Samuel, le film se force à un double saut de foi : non seulement Burt et Mitzi viennent chez un génie, ce qui serait déjà un sujet en soi (mais n'aurait ici aucun intérêt tant Burt et Mitzi = le couple hétéro tel qu'on le connait), mais en plus ils viennent dans les années 60.
Il y a une idée sympa: lorsqu'elle est exposée à une forte lumière de phare de bagnole, la nature de femelle de Mitzi saute aux yeux. Sauf que quand ça arrive, ça n'a absolument RIEN d'érotique : il lui manque les nichons et tout le reste on dirait du maquillage. Bref, rien qui justifie un vrai choc chez les autres personnages.
Et surtout, et c'est là le plus grand péché du film, Spielberg n'a aucun super-pouvoir ! Il n'y a tout bonnement RIEN qui justifie dans le scénario que ce soit Steven Spielberg. Tu pourrais faire EXACTEMENT le même film avec Jean-Marie Straub. Scandaleux.
Du coup tu te retrouves à patienter au milieu d'une sous-intrigue non-sensique où Mitzi devient une star déchue du piano. Il y a de ci de là quelques blagues sympa (les catholiques qui mouillent sur un petit juif) et j'ai adoré le recadrage final, mais pour le reste c'est vraiment chiche. Même visuellement, ça manque de "figurants" dans les plans larges.
Après tu peux pas trop lui en vouloir tant le budget est petit comparé à Avatar, aux films Disney...
Posté le: Lun Fév 27, 2023 16:25 Sujet du message:
Sammy, jeune homme brillant, grandit à l'ombre de John Ford et de David Lynch. L'amour qu'il leur porte tourne à l'obsession et le jeune homme est rejeté. Consumé par ses sentiments, Sammy accepte de tout endurer pour devenir leur héritier.
Pas vu Jurassic Park pour juger l'évolution de Spielberg, mais le gros point noir du film est qu'il semble naviguer entre un certain classicisme et des bouffées fantaisistes qu'on voyait dans Ready Player One. Bref, Spielberg a un peu le cul entre 2 chaises et pour être honnête c'est le style américain que je préfère. Les moments délirants de Ready Player One quand la musique faisait irruption sur l'écran et débouchait sur des petites pépites de mise en scène. Là, dans un style différent, le meilleur de The Fabelmans réside dans ces moments coupés du réel. Surtout que l'approche de Spielberg est pertinente pour faire ressentir la folie et l'obsession de Sammy. Pas que le côté "classique" soit loupée, il est même réussi mais le film souffre d'une première partie qui fait un peu de surplace. Le film est trop long, 80 minutes de coupées lui auraient été bénéfiques. Ce qui est dommage car dès que Spielberg laisse la folie contaminer l'écran, c'est remarquable.
La relation toxique qui est décrite à l'écran est d'une puissance rare. Pour ceux qui ne le savaient pas (cad 99,99% du forum), Sammy était juif (la raison pour laquelle le film n'est pas diffusé à Gaza) et son amour du cinéma était pour masquer au grand public son "vice". Sur Sammy, son personnage est des plus intéressant dans l'écriture : c'est un mélange de fan qui ne voit en John Ford qu'une célébrité qu'il ne veut garder que pour lui. Un fan toxique qui veut le réalisateur comme sa propriété. La relation entre les deux est d'un romantisme sombre et cruel et en cela bien incarnée à l'écran par les deux acteurs exceptionnels. D'ailleurs, l'acteur qui joue Sammy aurait bien plus mérité le prix d'interprétation que Magimel.
Et c'est dans cette deuxième moitié, à la mise en scène remarquable, que le film atteint des sommets. Spielberg développe cette folie masculine jusqu'au boutiste et débouche sur des gros moments de cinéma. Ce qui est dommageable, c'est cette première partie où le côté toxique du film n'évolue pas durant 30 minutes. Mais outre ce gros point négatif, dès que ça s'accélère The Fabelmans est un film passionnant.
Inscrit le: 12 Jan 2021 Messages: 17 Localisation: Paris
Posté le: Lun Fév 27, 2023 21:01 Sujet du message:
L'ennuyeux Slavoj Žižek ayant piraté mon compte, j'ai dû pirater le sien pour préciser que je ne suis pas l'auteur des imbécilités signées de mon nom qu'on peut lire plus haut. J'adore Spielberg, comme 100% des Terriens, mais je n'ai pas vu son dernier chef-d'oeuvre qui s'annonce néanmoins par avance comme un achèvement autant qu'un renouvellement, j'en veux pour preuve la reconnaissance enfin unanime de la critique. À part Gandhi et Mandela (mais c'était des terroristes), je ne vois personne que le monde entier admire autant que Steven Spielberg, et à raison.
Alexandre Kojève _________________ J'ai combien de doigts ?
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