Memoria (Apichatpong Weerasethakul, 2021)

[Abyssin]

J'ai posé mon cerveau avant d'entrer dans la salle et j'ai adoré.



Bravo Apichatpong.

[François Bégaudot]

C'est bien. Tu m'es très sympathique au niveau de la lutte des classes. En effet, qu'est-ce qu'un homme qui a déposé l'ecran de son cerveau dans la salle, tandis qu'on lui montre un film-cerveau sur l'écran ? C'est très intéressant.
Tu vas me dire comme un con qui a lu des livres : c'est un transfert ou un chiasme. Mais moi je vais t'expliquer que c'est un syllogisme universel.
Si tu as posé ton cerveau tu as sans doute également posé ton chapeau. Ainsi tu n'arbores pas de ces couvre-chef typiques de la bourgeoisie que sont le bob, le Trilby (que je trouve au demeurant très classe), ou ta chapka de hipster qui doit toujours faire semblant d'avoir froid (toi, pas la chapka). Tu es peut-être aussi schizophrène enfermé (surtout si tu n'as déposé que l'avant du cerveau en entrant dans la salle). Non content d'être un innocent tu es peut-être aussi un opprimé, comme toi-aussi, et je suis pour l'émancipation des innocents ou des opprimés. Ami macroniste, sache-le je te vous ai compris. Tout ce que tu pourras penser correctement et bien je l'ai déjà pensé. C'est à cause de moi que je suis toi. Et maintenant tu fermes ta gueule. À la semaine prochaîne. Tu vas mieux au fait, tu es remis de la mort de ton ex ? Au revoir l'homme qui n'a pas de cerveau.

J'en profite pour annoncer le lancement de mon podcast de conseils vestimentaires Vendredi avec dimanche. Parce qu'on dit la mode c'est de l'exhibition de richesse. Mais c'est aussi du tissu, de la matière qui nous travaille pendant que nous la travaillons, aliénation contre praxis merde ça c'était le twist de l'émission du mois prochain.
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Posez-moi une question, il vous répondera

[François Bégaudeau]

Tout ça serait écrit par des psychotiques ?
Non
Autant que je sache, et aussi étonnant que ça puisse paraitre, ils sont considérés comme sains d’esprit

[François Bégaudot]

Prenez François, il est comme moi, temporise et raisonne. Comme s'il était une machine célibataire publique. Qu'il n'avait pas besoin de medecin. Mais comme le délire du psychotique est tout à la fois son calvaire et son remède – un remède au délire, en fait chacun est un peu son propre flic, même chez les psychotiques qui eux ne le savent pas. Comme eux tu as encore besoin de moi pour tuer ton flic intérieur François. Le fou n'est qu'une étape. J'ai un plan d'ensemble pour ce monde. Tout se tient François. La lutte des classes, la psychose et moi comme médiateur entre les deux. Crois-moi François.
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[François Bégaudeau]

Ce que dit et pense François Bégaudot, l'autre, le faux (ou le vrai, c'est vous qui voyez) procède d’un centrisme libéral tout à fait propre à sa (très certaine) condition.
Tout à fait comme son éminente famille, dont les deux dernières sorties en ville ont consisté :
-à voler au secours de Manuel Valls.
-à gronder certains enfants.
Depuis leur appartement qui sans doute donne sur le Luxembourg, la famille Bégaudot veille sur la société. Merci à eux.

[Abyssin]

[François Bégaudeau]

À un repas Raoul Vaneigem m’avait dit que j’étais le seul de tous à pas etre morbide. A pas me suicider à l’alcool (sachant que la moitié de ses amis se sont suicidés tout court)
Alors hein, bon

[François Bégaudot]

Oui mais ton pote en mai 68 il était à Merlin Plage ou au camping des cannetons au lieu de discuter avec l'ouvrière de Wonder
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[François Bégaudeau]

Entre condition bourgeoise et condition prolo se glissent des tierces conditions : la condition fonctionnaire, la condition littéraire. ET puis la notion tierce par excellence, celle d’habitus. Par ces tiers divers un lien est tissé à nouveau entre ma condition et mes opinions. Il y a bien une logique de l’une à l’autre, mes opinions sont bien l’émanation d’une situation matérielle et sociale, mais disons que le lien est plus subtil. Plus nuancé, si j’ose dire.

[François Bégaudot]

Jolie sophistique : la société est entre les pauvres et les riches, mais eux ne sont alors pas dans la société.
On dirait du Jerzy.

Ou du Rancière aussi finalement.
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