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Baldanders dans le coma profond
Inscrit le: 23 Déc 2010 Messages: 960
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Posté le: Jeu Fév 01, 2018 15:42 Sujet du message: Pentagon Papers (Spielberg, 2018) |
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Ouvrez le journal et vous verrez que tout le monde trouve le dernier Spielberg génial, comme d'ailleurs aussi le précédent et les dix d'avant. Notre époque a son John Ford, comptez sur Le Monde, les Cahiers du Cinéma et les Inrocks pour vous le visser dans le crâne.
Heureusement pour l'honneur de notre temps, un critique solitaire, en avance de quelque vingt ans sur ses camarades, ose avec un courage proprement inouï braver la doxa en balançant sur son FB quelques remarques suprêmement acides qui remettent enfin les points sur les i. Bravo et merci à lui !
Eugenio Renzi a écrit: | Je suis partagé. D'un côté il faut toujours espérer que les gens puissent s'émanciper et se conduire raisonnablement. D'autre part, quelqu'un qui aime un film de Spielberg ne démontre-t-il pas qu'il est en deçà de toute éducation ? Il me semble vraiment difficile qu'il puisse se tirer d'affaire. La subalternité de classe est devenue chez lui une seconde nature, et plutôt que s'en débarrasser il va lutter pour la défendre comme s'il s'agissait du plus précieux de ses droits. Dès lors, ne faut-il pas se réjouir du spectacle que donnent ces blaireaux se félicitant pour chaque film de ce gars ? Ne faut-il pas leurs distribuer des ecstas à l'entrée des cinémas ? |
Dernière édition par Baldanders le Ven Fév 02, 2018 11:27; édité 1 fois |
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JM dans le coma profond
Inscrit le: 10 Nov 2011 Messages: 129
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Posté le: Jeu Fév 01, 2018 16:54 Sujet du message: |
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Je retiens deux trucs du film :
- La représentation grossière, caricaturale et confinée dans un plan ou deux (sur 2h), du petit peuple qui manifeste dans la rue, évidemment uniquement grâce aux révélations du journal. Sans liberté de la presse, sans journalistes chevronnés sous la direction de magnats libéraux, je présume que pour Spielberg il n'est même pas question d'imaginer une révolte populaire, et si celle-ci arrive elle doit rester sympatoche : on brandit quelques banderoles et on gueule deux ou trois slogans. Le hors-champ du film c'est donc la violence, c'est la révolte de la contestation face au réel (non médiatisé), c'est tout ce qui fait probablement horreur à Spielberg car risquant d'imaginer tenter de bouleverser ce que son propre film ne fait même jamais mine de vouloir remettre en question.
- L'habitude qu'a Spielberg de nous faire passer ses héros pour des personnages ordinaires légèrement hyper-rigides et un peu tête en l'air car très investis dans leur tâche est ici utilisée de manière récurrente pour le personnage joué par Tom Hanks. On sent bien que c'est en définitive de lui-même qu'il parle à travers ce type de personnage : Spielberg le besogneux plein de bons sentiments, et c'est bien entendu ce Spielberg-là que la critique française aime adorer. _________________ Opposant à ma propre candidature |
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Bite Astrale dans le coma profond
Inscrit le: 02 Mar 2010 Messages: 1063
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Posté le: Sam Fév 03, 2018 4:06 Sujet du message: Re: Pentagon Papers (Spielberg, 2018) |
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Baldanders a écrit: |
Eugenio Renzi a écrit: | D'autre part, quelqu'un qui aime un film de Spielberg ne démontre-t-il pas qu'il est en deçà de toute éducation ? |
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Quand on joue chez Letourneur, on la ramène pas là-dessus. |
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Baldanders dans le coma profond
Inscrit le: 23 Déc 2010 Messages: 960
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Posté le: Mar Fév 06, 2018 20:06 Sujet du message: |
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Le conducteur du camion de Duel est-il un Noir, un Blanc, un Arabe ? Qui est le méchant ?
Et si, au lieu de chercher un coupable trop clairement désigné, on regardait et écoutait le film ?
D’abord et par exemple la façon dont le héros est filmé au volant de sa petite voiture, comme un grande andouille dévirilisée. À la radio, dans sa voiture, il écoute un homme raconter que sa femme, la véritable « chef de famille », est « devenue si agressive » qu’il a peur d’elle. Puis, à la station-service, au garagiste qui lui lance : « C’est vous le boss », il répond : « Pas chez moi (not in my house). » Il appelle alors sa femme pour s’excuser d’avoir laissé la veille et devant des invités un type la « violer » (c’est le mot qu’elle emploie pour l’humilier). D’ailleurs, le héros ne cesse de s’excuser, et c’est de cela qu’il est puni. Surtout, ce sont ses seules caractéristiques : sa lâcheté et sa femme qui l’humilie. Le film ne lui en inventera aucune autre.
On peut conclure de tout cela que s’il avait su s’y prendre avec sa femme, tout ça ne lui serait pas arrivé. Peu importe alors que le conducteur du camion soit noir ou blanc de peau, tant qu'il réalise le redressage militaire de la virilité du héros, pour lequel le scénario l'a lancé à ses trousses. |
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Bite Astrale dans le coma profond
Inscrit le: 02 Mar 2010 Messages: 1063
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Posté le: Mer Fév 07, 2018 2:49 Sujet du message: |
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Baldanders a écrit: | Le conducteur du camion de Duel est-il un Noir, un Blanc, un Arabe ? Qui est le méchant ? |
Oui on a nos teubés aussi.
Citation: | Et si, au lieu de chercher un coupable trop clairement désigné, on regardait et écoutait le film ?
D’abord et par exemple la façon dont le héros est filmé au volant de sa petite voiture, comme un grande andouille dévirilisée. À la radio, dans sa voiture, il écoute un homme raconter que sa femme, la véritable « chef de famille », est « devenue si agressive » qu’il a peur d’elle. Puis, à la station-service, au garagiste qui lui lance : « C’est vous le boss », il répond : « Pas chez moi (not in my house). » Il appelle alors sa femme pour s’excuser d’avoir laissé la veille et devant des invités un type la « violer » (c’est le mot qu’elle emploie pour l’humilier). D’ailleurs, le héros ne cesse de s’excuser, et c’est de cela qu’il est puni. Surtout, ce sont ses seules caractéristiques : sa lâcheté et sa femme qui l’humilie. Le film ne lui en inventera aucune autre.
On peut conclure de tout cela que s’il avait su s’y prendre avec sa femme, tout ça ne lui serait pas arrivé. Peu importe alors que le conducteur du camion soit noir ou blanc de peau, tant qu'il réalise le redressage militaire de la virilité du héros, pour lequel le scénario l'a lancé à ses trousses. |
Ah bah c'est clairement la thématique du film : la dévirilisation et la nécessité pour David de battre Goliath pour devenir un homme. Le perso s'appelle David Mann quoi #subtilité
Jaws parle globalement de la même chose. 3 hommes vs. un phallus géant. Et là aussi, la figure de virilité (Quint) crève et les vainqueurs sont le chef hydrophobe et le scientifique. |
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Baldanders dans le coma profond
Inscrit le: 23 Déc 2010 Messages: 960
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Posté le: Mer Fév 07, 2018 22:30 Sujet du message: |
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Bite Astrale a écrit: |
Ah bah c'est clairement la thématique du film : la dévirilisation et la nécessité pour David de battre Goliath pour devenir un homme. Le perso s'appelle David Mann quoi #subtilité
Jaws parle globalement de la même chose. 3 hommes vs. un phallus géant. Et là aussi, la figure de virilité (Quint) crève et les vainqueurs sont le chef hydrophobe et le scientifique. |
Pourquoi, à ton avis, Spielberg a eu besoin de raconter précisément ça dans ses premiers films ? Pour quelles raisons personnelles et/ou historiques et sociales ? Autre question : vois-tu cette thématique, propre aux années 70, revenir dans des films plus tardifs ? |
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François Bégaudot dans le coma profond
Inscrit le: 04 Nov 2013 Messages: 47
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Posté le: Jeu Fév 08, 2018 1:04 Sujet du message: |
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On peut formuler la question autrement : est-ce que Spielberg a filmé un surmoi ou un refoulement ? |
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Bite Astrale dans le coma profond
Inscrit le: 02 Mar 2010 Messages: 1063
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Posté le: Jeu Fév 08, 2018 2:12 Sujet du message: |
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Baldanders a écrit: | Pourquoi, à ton avis, Spielberg a eu besoin de raconter précisément ça dans ses premiers films ? Pour quelles raisons personnelles et/ou historiques et sociales ? |
Durant l'enfance, Spielberg était un gros nerd qui a doublement souffert d'être un ado chétif et d'être juif aux mains de brutes qui faisaient semblant d'éternuer en disant "Ah-jew!" et autres conneries du genre. Il n'aime pas les brutes. Il favorise toujours l'intellect à la force.
Citation: | Autre question : vois-tu cette thématique, propre aux années 70, revenir dans des films plus tardifs ? |
Il n'est pas forcément question de virilité (comme dans 1941, également un de ses films des '70s, où le nerd danseur n'a de cesse de se fritter contre une brutasse de l'armée) mais, comme je le dis juste au-dessus, ses protagonistes ne sont pas des hommes d'action et plutôt des M. Tout-le-monde ou des érudits.
Y a qu'à prendre le dernier en date où il filme les journalistes comme un reportage de guerre. Même Indiana Jones et le Capitaine Miller de Saving Private Ryan sont, à la base, des profs. Quand il fait un film d'espionnage durant la Guerre Froide, son héros n'est pas un espion mais...un avocat. Les héros de Jurassic Park sont un paléontologue, une botaniste et un mathématicien. Y a un chasseur dans le film...il crève. L'enfant perdu Jaime hésite entre deux figures paternelles dans Empire du Soleil : le faible britannique Dr. Rawlins et le charismatique américain Basie et ce dernier s'avère être un manipulateur égoïste. Celie (et les autres personnages féminins de La Couleur pourpre) passe le film à souffrir de la violence des hommes, des machos qui les battent. Tintin est un enfant asexué malin...
Même quand il prend la star des Mission : Impossible dans La Guerre des mondes, c'est pour casser son image de beau gosse parfait et en faire un père indigne dont le seul but est d'aller larguer ses enfants aux pieds de son ex-femme.
La communication étant LE thème majeur de sa filmo, l'objectif des héros ne sera jamais de s'imposer par un rapport de force physique, viril (à part, éventuellement, dans Ryan), mais par l'intelligence, la connaissance, l'humilité (ou l'illusion). |
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JM dans le coma profond
Inscrit le: 10 Nov 2011 Messages: 129
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Posté le: Jeu Fév 08, 2018 9:59 Sujet du message: |
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Bite Astrale a écrit: | Tintin est un enfant asexué malin...
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Y'a-t-il bcp de personnages qui ne le soient pas dans ses films ?? _________________ Opposant à ma propre candidature |
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Bite Astrale dans le coma profond
Inscrit le: 02 Mar 2010 Messages: 1063
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Posté le: Ven Fév 09, 2018 1:06 Sujet du message: |
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JM a écrit: | Bite Astrale a écrit: | Tintin est un enfant asexué malin...
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Y'a-t-il bcp de personnages qui ne le soient pas dans ses films ?? |
Vrai (mais bon, Tintin c'est quand même particulier). |
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