Hello--Kitty dans le coma profond

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Posté le: Sam Nov 10, 2012 18:45 Sujet du message: J'enrage de son absence (Sandrine Bonnaire, 2012) |
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Jacques (William Hurt) ressurgit dans la vie de Mado (Alexandra Lamy), avec qui il a eu un enfant, mort dans un accident de la route. Mado a refait sa vie et est désormais la mère de Paul, un garçon de sept ans. Lorsque Jacques rencontre Paul, c’est un choc. Au fil des rencontres, la complicité entre Jacques et Paul devient de plus en plus intense.
Le film commence avec beaucoup de gravité sur quelques notes d'Arvo Pärt et un enfant qui joue à faire le mort. Ça semble tout de suite trop signifiant mais le jeu incroyablement subtil de William Hurt nous entraîne alors dans quelque chose d'à la fois doux et inquiétant. Très vite, dans chaque ligne de dialogue, dans chaque esquisse d'un personnage et presque jusqu'à la caricature (la serveuse au café, le père), on sent la bonté vraie de Sandrine Bonnaire: le film devient alors une lutte entre la générosité de sa signature et la dureté de son destin narratif (ça va mal finir, c'est obligé...)
J'enrage de son absence se tient alors longtemps à la lisière de plusieurs genres: la chronique sociale (elle travaille sur un quai de chargement, il est un riche architecte), le mélo psychologique sur fond de deuil impossible, le thriller à l'Américaine (la personne de confiance qui devient une menace pour l'enfant) et le drame psychanalytique (le combat des névroses entre celle qui a refait sa vie et celui qui n'a pas su).
Au moment de se choisir un genre, dans la seconde partie, le film se dessèche autour d'une fausse bonne idée de scénario qui éteint les ambitions du film: William Hurt décide de camper en secret dans la cave familiale. Or, pour pouvoir enfermer ses personnages dans une cave, il faut être un très bon metteur-en-scène (Bertolucci s'en sort très bien dans son dernier film, Moi et toi), ce qui n'est pas tout à fait le cas de Bonnaire. Les scènes deviennent alors répétitives et, en observant Alexandra Lamy courir du balcon à la cave de son HLM pour combattre le refoulé de l'histoire familiale, on se dit qu'on lui a vu faire exactement la même chose dans Ricky: le bébé dans le ciel est devenu un vieil Américain dans le sous-sol.
Il reste néanmoins quelque chose de réellement émouvant et terriblement juste: la façon dont le petit garçon, de mensonge en mensonge, bâtit et sauve son amitié avec William Hurt. On peut dire que le film réussit au moins cela: saisir l'immense capacité de sacrifice de l'enfance. Paul, le petit enfant vivant, quitte le grand jour et les jeux de ballons sur les pelouses pour rejoindre les souterrains et peindre des aquarelles morbides, tout simplement parce qu'il a senti que l'homme triste qui n'est pas son papa avait besoin de lui.
2/6 _________________ Personne nous piquera Kitty! Il est à nous désormais. Il va falloir raquer cher pour un transfert , ne serait-ce que d'un post. Kitty, mon jouet star de Noël. |
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