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lldemars Invité
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Posté le: Ven Fév 03, 2012 13:11 Sujet du message: |
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Bicéphale a écrit: | lldemars a écrit: | Enfin mon propre exemplaire du formidable "un novembre" de Henninger (éditions anathème), ce qui m'a permis de le finir |
Alors, qu'en penses-tu ? (question-éclair appelant à une réponse développée) |
il me faudrait des relectures, parce que j'ai lu ça fatigué en rentrant d'angoulême.
Mais personne n'a à mes yeux en bande dessinée approché de cette façon là la fonction de l'espace artificiel auquel le cadrage du récit offre l'opportunité monstrueuse d'un "devenir naturel", (ce livre nous lave des kilomètres de bêtises hideuses de Schuitten sur ses décors fatigants, qui n'en finissent pas de s'excuser d'être de la bande dessinée et pas autre chose de plus noble). Henninger produit beaucoup de situations de lecture malade, par l'espèce de raison obstinée qu'il a à revenir sur le caractère autonome, suffisant, productif, du panorama : nous accompagnons dans la lecture un fonctionnement-cancer, un développement métastase, c'est-à dire, une production de chair qui a perdu son but mais patine inlassablement dans la vie. Une saloperie qui manque la mort un peu trop longtemps.
Ce qu'il offre de sortie possible à ça (pour le regard uniquement, et comme une minuscule meurtière figurale - ce sont des représentations, des images, pas des ouvertures de respiration - ouverte sur l'extérieur) est également monstrueux : les cartes postales qui essaiment le livre trahissent la présent d'un monde extérieur en mutations tout aussi impossibles à arrêter par la raison, puisque la forme seule se donne pour moteur des transformations (une cartographie du monde y apparait comme un jeu de plis, de tesselisations, de canevas absurdes, livré à une accélération machinique des plis géologiques. Un monde né d'un métier à tisser qui prendrait l'immanence pour champ d'expérience absurde).
L'écriture est belle, elle m'a évoqué la retenue glacée du "Etat des lieux" de Michel Vachey, et le travail de récit imagé est frontalier de plusieurs espaces, ce qui le rend assez indéfinissable (il ressortit aussi bien au domaine de la bande dessinée qu'à celui du livre illustré ou de l'image légendée, sans appartenir réellement à aucun des trois).
Bon, c'est un peu rapide, mais je me sens un peu lourd au clavier, c'est un jour sans, comme on dit. J'espère que ça suffit à donner envie de lire. |
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Bicéphale

Inscrit le: 26 Oct 2010 Messages: 80
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Posté le: Ven Fév 03, 2012 17:04 Sujet du message: |
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lldemars a écrit: | J'espère que ça suffit à donner envie de lire. |
... et de le relire, oui, incontestablement. Merci pour ce texte.
On pourrait citer au sujet de ce livre, manière de tisser des rapports qui réjouissent, les travaux de Vaughn-James, ceux d'Alex Barbier, ainsi que certains de ces albums oubliés que j'aurai découvert grâce à la Bibliographie établie par le Terrier : John & Betty, Carpet's Bazaar. Il y a matière à se réjouir de ça, de voir ce mouvement prolongé (non qu'Henninger soit le seul, mais ce qu'il ose là est unique et fricote avec ces sommets). Les productions de L'Association, à qui l'on reconnaît parfois d'avoir tiré la bande dessinée d'un certain marasme (quand on ne dit pas qu'elle l'aurait sauvée), auront souvent échoué à rejoindre le train d'inventions de ces travaux-là (ou du moins, ce n'est pas ce pan-là de l'Association qui aura été le plus reconnu) : Les Carottes de Patagonie face au Dieu du 12, hein, quoi qu'on en dise, quoi qu'on en pense... Henninger me parait s'inscrire dans cette trajectoire ; un auteur immense en à peine deux livres (son Cent mètre carrés étant tout aussi remarquable)
Un petit mot aussi sur les éditions Anathème : ils ont publié peu de livres (six au total, je crois), mais chacun d'eux brille par sa singularité. Leur ligne éditoriale est déjà d'une belle cohérence, rigoureuse. On regrettera un rythme de parutions sporadique, quand ce n'est sans doute pas l'absence d'œuvres mais bien le manque de moyens qui en est la cause. Pendant ce temps, d'autres "éditeurs" font feu de tout bois pour se bâtir des catalogues pseudo-ambitieux qui cachent mal, à l’œil attentif, la quête bourgeoise du bon coup culturel (l'art, le pognon et une petite statuette sur le coin de la cheminée). A Angoulême, le stand Anathème, et ses six livres, paraissait une sorte de havre, révélant le ridicule achevé de certains catalogues florissants aux méchants relents de pourriture. _________________ "Ne crois même pas que je sois la femme d'Agamemnon" |
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Zahad le rouge dans le coma profond

Inscrit le: 11 Fév 2010 Messages: 1968
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Posté le: Sam Fév 04, 2012 1:27 Sujet du message: |
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lldemars a écrit: | Lequel? (je ne sais plus de quoi tu as décidé de t'encombrer)
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Outre le 3, que tu m'as déjà gratifié d'un gros piaf, j'ai ramené aussi Les misères et les malheurs de la guerre.
Citation: | Sinon, au final, qu'as-tu ramené d'Angoulême? |
Plein de gratuits, en fait, avec en plus un livre dédicacé de Lucas Methé, que j'avais déjà lu, et quelques cadeaux pour ma belle. Partir à Angoulême sans argent, c'est nul. Du coup j'ai filé en bibliothèque au retour, où j'ai lu le Pralong (superbe) et j'ai emprunté Un privé à la cambrousse de Heitz, pour voir, et Les tours mortes de Spigelman, pour les relire.
J'ai eu droit quand même à un cadeau de Methé : le numéro de la revue de photo-romans l'Ascente auquel il a participé.
http://www.egone.net/ascente/
Le truc de Bramanti, qui fétichise quelques films épuisés et épuisants, m'est vite tombé des mains.
En revanche le récit de Méthé anticipe son bel Apprenti, chez Ego comme X, avec déjà cette mise en page fractionnée en deux parties et l'étrange décalage/connexion entre l'apparente banalité des images et la force fragmentée du texte. Comme d'habitude, Methé trouve cet équilibre presque impossible entre le dévoilement intime d'une blessure narcissique profonde et terrible, d'une rupture sociale provoquée et subie dents serrées, et une forme d'imprécision très travaillée, çàd une imprécision pour ce qui est des détails concrets de la situation, mais une grande précision sur le ressenti de la situation, qui engendre une identification très forte. Comme d'habitude avec Methé, j'ai peuplé ses vides de mes propres démons et ça m'a foutu le moral dans les chaussettes.
Il est très fort pour me foutre en vrac, le bougre.
Citation: | - le « Katz » (para-livre de « Maus », plus ou moins clandestinement produit par la 5ème couche)
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ça me disait beaucoup ! Mais c'était bien trop cher ! Quel drôle de projet... Qui a fait ça ? Et qu'est-ce que produit ce piratage, finalement, à la lecture ? _________________ "Si je m'en sors bien, je serai peut-être vendeur aux 3 Suisses." |
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lldemars Invité
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Posté le: Sam Fév 04, 2012 1:47 Sujet du message: |
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Zahad le rouge a écrit: |
Outre le 3, que tu m'as déjà gratifié d'un gros piaf, j'ai ramené aussi Les misères et les malheurs de la guerre. |
ok ; je le trouve un poil petit pour vraiment faire trembler assez les contours du dessin et chasser l'oeil ; est-ce que tu t'es fait congédier un peu des planches? (sinon, c'est con. Ce travail est centripète. Et le format me parait centrifuge)
Citation: |
Le truc de Bramanti, qui fétichise quelques films épuisés et épuisants, m'est vite tombé des mains. |
pas vu ça; c'est quoi?
Citation: | Il est très fort pour me foutre en vrac, le bougre. |
t'es une vraie jeune fille...
Citation: | ça me disait beaucoup ! Mais c'était bien trop cher ! Quel drôle de projet... Qui a fait ça ? Et qu'est-ce que produit ce piratage, finalement, à la lecture ? |
Qui? Disons la cinquième couche, quoi. Peu importe au fond, pour ce travail là. La lecture est étrange ; c'est un texte doublé, donc. Tu lis un texte et sa critique simultanément, dans le même fil, c'est une expérience très étrange. Le livre de Spiegleman, aussi fin soit-il, reconduit des typologies qu'il travaille pourtant à repousser ; elles le dépassent régulièrement, et ça rend la lecture parfois pénible (puérile). Ce livre en couche, "Katz", opère un tout petit déplacement, juste ce qu'il faut pour traverser à nouveau le livre en le dérèglant. Ça a l'air très con au premier abord, très brutal, mais c'est en fait la finesse qu'il fallait pour relire Maus. pourquoi? Parce que ça dure. que ça épouse une temporalité, et qu'il fallait ça pour recomposer un monde et interroger ses faiblesses, ses faillites (ce monde, c'est celui campé par un récit ; celui qu'il est, et celui qu'il dit). Je suppose que les irréductibles agneaux de lecture s'épargneront ce travail là et cèderont au bout de 10 pages, persuadés d'avoir "pigé le truc". Tant pis pour eux (les chefs d'oeuvre se reconnaissent également à leur aptitude à se laisser malmener. Mais, trop souvent, le bénitier l'emporte sur l'étude). De toute façon, ce livre est une source inépuisable de malentendus, hélas. sur l'histoire, sur la bande dessinée. Tu vois, je ne l'ai pas dans ma bibliothèque. Je n'ai jamais ressenti la nécessité de l'y intégrer. Il m'y semblait vain (c'est dû à la composition particulière de ma bibliothèque, bien entendu, à la place débordante, trop, qu'y prennent les livres dont la destruction des juifs d'europe est l'objet. Je ne dis pas que Maus est vain, évidemment). Et aujourd'hui, j'en possède seulement cette étrange périphérie. Voilà. |
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Zahad le rouge dans le coma profond

Inscrit le: 11 Fév 2010 Messages: 1968
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Posté le: Sam Fév 04, 2012 15:32 Sujet du message: |
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apparition du logo du CNL sur les livres de l'Asso. _________________ "Si je m'en sors bien, je serai peut-être vendeur aux 3 Suisses." |
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lldemars Invité
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Carton dans le coma profond

Inscrit le: 09 Fév 2010 Messages: 1952
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Zahad le rouge dans le coma profond

Inscrit le: 11 Fév 2010 Messages: 1968
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Posté le: Ven Mar 16, 2012 11:14 Sujet du message: |
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Bon ben voilà, c'est navrant : Katz au pilon...
http://vimeo.com/38618657 _________________ "Si je m'en sors bien, je serai peut-être vendeur aux 3 Suisses." |
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Carton dans le coma profond

Inscrit le: 09 Fév 2010 Messages: 1952
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Posté le: Ven Mar 16, 2012 14:40 Sujet du message: |
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C'est peut être un peu lourd de ma part, mais cette mise au pilon, la destruction d'un livre, et la technique quelque peu industrielle utilisée, ça résonne bizarrement, à plusieurs niveaux, vu le livre pilonné.
Bon, je veux pas tout mélanger, en tout cas elle est très triste cette vidéo. _________________ La Quadrature |
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Mathurine dans le coma profond

Inscrit le: 19 Jan 2011 Messages: 50 Localisation: Bretagne
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Posté le: Ven Mar 16, 2012 23:19 Sujet du message: |
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le yougo' a écrit: | C'est peut être un peu lourd de ma part, mais cette mise au pilon, la destruction d'un livre, et la technique quelque peu industrielle utilisée, ça résonne bizarrement, à plusieurs niveaux, vu le livre pilonné.
Bon, je veux pas tout mélanger, en tout cas elle est très triste cette vidéo. |
Cette résonance est voulue, la 5C fait de plus en plus, ces derniers temps, dans le "coup médiatique". C'est un dispositif voulu, le choix de ce pilon, industriel mais ancien, seul dans cet entrepôt, etc. Bon il est compensé par une forme de légèreté, les jets de livres un peu comiques, l'écrasement du PDF dans la corbeille (la bonne blague), la musique "jazzy".
J'écris que le rapprochement est voulu mais ça ne me choque pas vraiment. Cette vidéo me semble réussie, et je crois les larmes de Xavier Löwenthal pas si clownesques que cela, j'admets la valeur de cette vidéo, et j'admets aussi une partie des discours de la 5C. Quitte à manipuler comme tous les producteurs d'images contemporains, autant le faire avec un peu de violence et dans un sens légèrement divergent.
Ca m'a aussi fait penser, forcément, au très beau livre de Bohumil Hrabal, Une trop bruyante solitude (et à son adaptation en bande dessinée, par Tran Ambre et Berge, chez 6 pieds sous terre). _________________ Le Cygne et le Rat inséparables compagnons d'Apollon. |
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Carton dans le coma profond

Inscrit le: 09 Fév 2010 Messages: 1952
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Posté le: Sam Mar 17, 2012 20:37 Sujet du message: |
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Mais quoi, le dispositif a été choisi par la 5eme Couche ? C'est pas une situation encadrée par la justice ? on peut choisir son pilon etc ? Tu vois j'étais naïf, je pensais pas que c'était à ce point mis en scène.
Au fond ça change pas grand chose, à part que mon sentiment en regardant la vidéo était délibérément provoqué par la bande. _________________ La Quadrature |
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Mathurine dans le coma profond

Inscrit le: 19 Jan 2011 Messages: 50 Localisation: Bretagne
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Posté le: Dim Mar 18, 2012 10:51 Sujet du message: |
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le yougo' a écrit: | Mais quoi, le dispositif a été choisi par la 5eme Couche ? C'est pas une situation encadrée par la justice ? on peut choisir son pilon etc ? Tu vois j'étais naïf, je pensais pas que c'était à ce point mis en scène.
Au fond ça change pas grand chose, à part que mon sentiment en regardant la vidéo était délibérément provoqué par la bande. |
Oui, Flammarion a porté plainte contre la 5ème Couche (enfin je n'y connais rien en droit belge hein), et plutôt que d'aller au procès en contrefaçon (qui aurait coulé la 5C sans aucun doute, financièrement, et le livre devenait interdit à la vente, de toute façon, impossible à diffuser), ils ont signé un accord par lequel la 5C s'engageait à détruire le livre sous "constat d'huissier".
Donc c'est bien la 5C qui fait le choix de cette mise en scène, mais non ça ne change pas grand-chose sur le fond, d'autant que ça résulte bien d'un "accord" entre les deux, et de la pression de Flammarion. _________________ Le Cygne et le Rat inséparables compagnons d'Apollon. |
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Bicéphale

Inscrit le: 26 Oct 2010 Messages: 80
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Posté le: Mer Juin 13, 2012 10:49 Sujet du message: |
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De bonnes nouvelles :
Olivier Schrauwen, auteur des immenses L'Homme qui se laissait pousser la barbe et Le miroir de Mowgli, auto-publie un nouvel album, à commander sur son blog. On peut profiter de l'occasion pour acquérir son Greys paru en toute discrétion l'an passé.
Ronald Grandpey débute une nouvelle série : Comment dresser un cheval, suite de mini-zines en téléchargement libre.
J-M Bertoyas annonce la parution imminente de Le Wôme. _________________ "Ne crois même pas que je sois la femme d'Agamemnon" |
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Zahad le rouge dans le coma profond

Inscrit le: 11 Fév 2010 Messages: 1968
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Posté le: Mer Juin 13, 2012 11:53 Sujet du message: |
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Bicéphale a écrit: |
Olivier Schrauwen, auteur des immenses L'Homme qui se laissait pousser la barbe et Le miroir de Mowgli, auto-publie un nouvel album, à commander sur son blog. |
"Sorry, the page you were looking for in this blog does not exist. "
bouh  _________________ "Si je m'en sors bien, je serai peut-être vendeur aux 3 Suisses." |
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Bicéphale

Inscrit le: 26 Oct 2010 Messages: 80
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Posté le: Mer Juin 13, 2012 12:09 Sujet du message: |
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Zahad le rouge a écrit: |
"Sorry, the page you were looking for in this blog does not exist. "
bouh  |
Ah ben oui, Schrauwen vient tout juste de retirer la page.
Rupture de stock ? Le premier tirage était de 140 ex., je crois... _________________ "Ne crois même pas que je sois la femme d'Agamemnon" |
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