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Mother (Bong Joon-ho, 2009)

 
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Mystère Orange
dans le coma profond


Inscrit le: 11 Fév 2010
Messages: 486

MessagePosté le: Jeu Fév 11, 2010 2:28    Sujet du message: Mother (Bong Joon-ho, 2009) Répondre en citant

Rien que pour Phèdre:


Je m'étonnais au départ d'être tout seul à vraiment aimer le film, maintenant je crois que je comprend un peu mieux ce qui vous gène.
Il y a une maîtrise très prégnante effectivement, une maîtrise qui étouffent les personnages. Je comprend que l'on puisse ne pas adhérer, mais c'est pour moi passer à côté du sujet du film à savoir la manipulation.

Ici la manipulation est omniprésente à toutes les échelles, que se soit des ressorts scénaristiques, que de l'utilisation des personnages, jusque dans chaque parcelle de mise en scène, où chaque plan apporte une vérité contradictoire au précédent puis est à son tour désamorcé par le suivant. On a l'impression que tout est contrôlé, comme une sorte de Deus Ex Machina généralisé et paralysant (surprésence des accidents). Là où ça devient intéressant, c'est dans le rapport que s'établit entre le personnage et son créateur, symptomatiquement entre la mère et son fils. Il y a là un double mouvement à la fois de contrôle et de dépendance absolue. Ainsi, le personnage du fils semble être une pure création de l'esprit mais en même temps il échappe à toute élaboration, à toute prédiction, il est complètement imprévisible. En ce sens là, il manipule totalement le récit, ou plutôt il manipule les informations. Ce qui est plus important c'est qu'il est lui même dépendant de la mère tout en exerçant sur elle un contrôle absolu. La mère, d'abord spectatrice impuissante, qui bouge un peu dans tous les sens en ne remuant pas grand chose, parce qu'elle est le seul élément mobile. Tout le reste subit la loi de la manipulation, flics, avocats sont soumis à cette loi (seul l'ami un peu ambigu de son fils lui sert de catalyseur). Prise dans la toile, étant confrontée systématiquement à des murs infranchissables d'incompréhension, il y a un moment où tous les liens étouffants se réunissent et à ce moment là c'est l'explosion de la folie, qui échappe à tout contrôle. C'est symboliquement le cas dans le dénouement, mais cette idée est présente dans tout le film. La mécanique qu'on ne peut prévoir, c'est la folie parce qu'elle échappe à notre logique. Elle semble émaner même du contrôle tout en y échappant, elle est une source de variation permanente, et elle est présente dans chaque plan prête à éclater, en provoquant une sorte de décalage constant. C'est la surprise permanente d'éprouver une émotion inattendue alors qu'elle semble avoir été latente depuis le départ.
Le film entier joue sur cette ambigüité, sur les variations de ton, sur les apparences, sur les relations mère-fils, avec un brio inégalé jusqu'à produire une montagne russe d'émotions, mais comme le space mountain, dans le noir complet à regarder les étoiles pendant que le train plonge*.


Donc 6/6


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JM
dans le coma profond


Inscrit le: 10 Nov 2011
Messages: 129

MessagePosté le: Mar Déc 20, 2011 12:32    Sujet du message: Répondre en citant

Phèdre étant encore en train de rêver dans l'espace, je réponds :

Le "mother" du titre sonne comme "monster". A ce titre, le film rappelle autant "Memories of Murder" (souvent cité) que "The Host". Le cinéaste est en proie à un étrange paradoxe : il fait autant que possible reposer le développement de son récit sur une série d'accidents et de hasards (jusqu'au meurtre de la fille) quand, formellement, il en calcule tous les effets et les conséquences sur les spectateurs.

Il obtient donc un faux film ouvert, en réalité complètement fermé. On peut s'amuser de voir le film apprécié chez Independencia, alors même qu'ils reprochent (de manière exagérée et malintentionnée) ceci à des auteurs tels qu'Abbas Kiarostami ou Alain Cavalier. Le travail du cinéaste s'apparente ici à celui d'un réparateur d'horloge, ou d'un chirurgien ; il ne tolère visiblement aucun "accident" au tournage. On est très proche d'une certaine tradition étatsunienne du dosage du moindre effet (recours au suspense), de la mécanique de précision (y compris dans la "gestion" des acteurs, et en particulier de la mère qui livre une partition digne-d'être-primée-meilleure-actrice-de-l'année). Pourquoi pas.

Seulement, la contradiction avec les ressorts hasardeux du récit est trop énorme pour ne pas s'interroger. Le cinéma n'est-il pour Bong Joon-ho qu'un moyen d'arriver à ses fins, à savoir balader et tromper les spectateurs comme bon lui semble ? De jouer deux heures durant en petit malin au chat et à la souris avec eux, et après moult rebondissements terminer comme cela avait commencé (filmer un personnage d'idiot ne veut pas dire qu'il faut prendre les spectateurs pour des imbéciles !) ? C'est un peu mince pour vraiment s'extasier avec le concert de louanges qui a entouré le film dans la presse, d'autant que la mécanique bien huilée tourne à vide, les fréquents twists finissant par lasser.

On nous dira alors que le film est un terrible portrait de la Corée du Sud, où les mères sont infanticides et meurtrières, les prisons pleines de débiles innocents mais incapables de se défendre, les rues de types friqués qui roulent avec leurs grosses cylindrées sur les passants, etc. D'accord, mais tout cela ressemble quand même bien plus à une toile de fond cynique qu'à une préoccupation réelle du cinéaste. Celui-ci se laisse d'ailleurs emporter par une complaisance (notamment à la violence) qui touche, disons-le, une majorité de cinéastes coréens contemporains. Sous couvert de dépeindre un portrait au vitriol de la société coréenne, ce cinéma laisse grossièrement le coup de dé du politique (en même temps que celui du "réel", naturellement) au vestiaire en se gargarisant de son esthétique "à couper le souffle", ou de "sa maîtrise extrême".
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Trollope
dans le coma profond


Inscrit le: 04 Oct 2011
Messages: 637

MessagePosté le: Mar Déc 20, 2011 17:02    Sujet du message: Répondre en citant

Il est franchement moyen ce film. Je l'avais vu au cinéma le même jour qu'une avant-première de la Famille Wolberg. Je me souviens que le cinéma m'avait un peu déçu ce jour là.
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