Misfits

[Carton]

Période de vaches maigres pour les séries, je continue à taper dans tout ce qui me passe sous la main.
The Misfits est une série anglaise assez courte de 6 épisodes de 45 mn pour la première saison (et une deuxième saison est en route).

Pitch crétin et sympathique : 5 post ados sont en train d’effectuer leurs travaux d’intérêt général lorsqu’un étrange nuage les foudroie. Ils se réveillent avec des supers pouvoirs.

Il faut passer par le premier épisode, qui est surtout affreusement mis en scène, montage fait en dépit du bon sens, cadrages foireux, rythme bancal, et jeux sur les focales vraiment relou. Et puis ça hésite pas mal entre un ton potache et un traitement sérieux de manière plutôt maladroite. Par la suite ça s’améliore très nettement, la mise en scène se fait moins douloureuse et justement la série décide de garder un aspect branleur (les histoires et l’arc global intéressent moyennement les auteurs, on est plutôt proche de Dr Who à ce niveau) tout en installant un côté réaliste dans le traitement des personnage et réussit à installer un équilibre, quelque chose d’ancré dans une réalité sociale qui passe surtout par le jeu des acteurs (tous plutôt bons, et celui qui joue Nathan par exemple a une présence comique qui s’impose au bout de trois épisodes, avec un visage vraiment fort, beau gosse chétif qui joue de ses yeux et de ses sourcils pour un résultat très fin). Et puis les personnages deviennent de plus en plus intéressants, principalement grâce à une idée toute simple : les pouvoirs semblent naitre de la personnalité ou du désir profond de ceux qui ont été touchés par le « nuage magique ». C’est donc comme une version grossie et caricaturale d’un aspect de leur personne, et c’est vite vécu par les personnages comme une faculté qu’ils contrôlent mal et qui leur pourrit la vie.
Un bel exemple avec la fin de l’épisode 3, où le jeune Simon, nerd mal à l’aise et malaisant qui a le pouvoir de devenir invisible, se lance pour la première fois à proposer aux autres de boire un coup avec lui. Ils refusent un à un et le laissent seul. C’est alors que son pouvoir se déclenche, comme la confirmation physique de son sentiment de ne pas exister pour les autres.

http://vimeo.com/15096826

La série n’est jamais meilleure que quand elle explore cet aspect là, chez la fille qui provoque le désir ou chez le type qui ne peut plaquer sa copine parce que son sentiment de culpabilité déclenche son pouvoir à chaque fois. D’autres moments encore où la mise en scène se fait subtile (l’homme invisible qui passe la soirée chez la brune) ou légère (la séquence où chacun a son propre thème musical qui se mélange aux autres), et puis toujours cet esprit assez banlieue anglaise, le côté mal élevé, un peu galère, jusque dans la célébration finale d’une jeunesse un peu fucked up mais surtout jouisseuse et vivante.

C’est assez cool de voir comment tout ça pourrait foirer à partir du premier épisode mais finalement réussit à créer des personnages et un charme franchement réussis.

Et aussi le générique c’est The Rapture qui chante. Pour ceux qui aiment…

http://www.dailymotion.com/video/xqiah_the-rapture-echoes_music

PS : Détail important tout de même, bien qu’on parle de groupe de personnes ayant des super-pouvoirs, il n’y a pratiquement pas de clin d’œil geek ou autre second degré référencé. A peine une réflexion en fin de premier épisode suivi d’un plan autant iconique qu’ironique, et par la suite la série prendra son propre chemin, loin de la culture et de l’esthétique comics habituelles.
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La Quadrature

[Carton]

Deuxième saison, premier épisode aussi laid que celui de la 1ère saison, ça s'arrange ensuite. Toujours un peu bancal, toujours jouissif dans son côté banlieue anglaise un peu vulgaire. On risque pour la suite de tomber dans un trip destin/voyages dans le temps/ très sérieux genre Heroes, ce serait dommage.

Par contre, confirmation d'un chose :

[Carton]

Episode 5 de la saison 2.

Elle m’a fait peur cette série. Depuis le début de cette nouvelle saison, elle semblait se rapprocher des canons du récit de super héros, avec une idée de catastrophe à venir, de destin à remplir, et puis un voyage dans le temps qui faisait prémonition, une possible apparition de costumes (ridicules en plus, avec une cape et tout), et aussi ce nouveau personnage hyper sérieux, qui veut sauver tout le monde, qui est en mission, qui a une batcave et un air grave et une musculature, aïe aïe aïe. Je sentais venir la déception et je regardais mourir petit à petit cet esprit un peu vulgaire et sale gosse, ces personnages de branleurs se transformer en Bruce Wayne sans que je ne puisse rien y faire.
Ah mais je me suis bien fait avoir ! Pour l’instant la série sait très bien ce qu’elle est, et elle ne rentrera pas dans le rang aussi facilement. Les héros ne sont que pour de faux, les costumes des accessoires de beuverie, les flash forwards ne servent à rien et ne recèlent aucune révélation, pirouettes et pieds de nez qui m’ont bien fait plaisir.

A côté de ça, toujours cette même inventivité dans l’utilisation narrative des pouvoirs, Bruno qui voulait être un homme, et cette fille qui, littéralement, va là où son cœur la porte, c’est drôle et c’est beau.
On est toujours dans un pas de côté de DC et Marvel, espérons que ça durera longtemps.

Spoiler:

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La Quadrature

[Carton]

Intro de l’épisode 6. Des supers pouvoirs toujours parfaits, une série toujours sur sa jolie lancée, en décalage du nullard Heroes.

http://vimeo.com/17979829
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La Quadrature

[Carton]

Episode spécial noël là aussi, mais bien crade, avec retour de Jesus voleur et violeur, et natalité qui se finit dans des éclaboussures de sang.

http://vimeo.com/18210400

Mais quand même, tout ça dans la nonchalance et dans un esprit de famille qui sied à ce moment de l’année. Fin de la saison donc, qui fut réjouissante, surtout dans sa manière de se tenir au bord du gouffre et de sembler s’écrouler à chaque épisode pour en fait maintenir un statu quo assez étonnant. Il ne s’est finalement pas passé grand-chose dans cette saison, mais pourtant le show fut toujours en mouvement et a toujours tenu sa promesse, celle de ne pas devenir une série pour geek post moderne (d’ailleurs le seul geek du groupe est le seul à prendre tout ça au sérieux, à vouloir un destin, un danger, des dilemmes moraux et du fronçage de sourcil. Heureusement tous les autres s’en foutent).

La série se débrouille pour renouveler ses enjeux encore une fois, les cartes seront redistribuées, à voir ce que ça donne dans la saison 3.
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La Quadrature

[Conufs]

Tu as gagné C arton; je vais commencer cette série ce soir. De plus, autour de moi, l'écho est bon également.

[Zahad le rouge]

moi aussi c'est prévu, grâce à Carton, mais pas tout de suite, c'est dans ma liste des à-venir.
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"Si je m'en sors bien, je serai peut-être vendeur aux 3 Suisses."

[Carton]

Enfin !
(Et là tout le monde va me tomber dessus en disant que c'est nul.)
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La Quadrature

[Conufs]

Yé.

Spoiler: S1&2 en vostfr incrustés: http://www.megaupload.com/?f=SA91CZLL

[Noonos]

T'inquiète Carton je suis avec toi !

Je viens de finir la saison 1 (superbe épisode de cloture) et je suis vraiment convaincu. Comme tu le dis y'a un esprit comics qui n'est pas appuyé outre mesure, et j'aime vachement cet aspect superhéros low-fi, avec des pouvoirs parfois vraiment pourris, qui servent à peine, le fait qu'ils ne quittent pas leur minable centre... Et puis le casting est absolument nickel d'un bout à l'autre. Si le gars qui joue le héros est pas trop con, il ira loin.

[enculetom]

Un pote m'a sur-vendu la série, alors je me suis maté les 2 premiers hier soir.
En gros, je rejoins Carton concernant le premier épisode, pas ma came même si ça fait plaisir de voir un anti-Heroes un (tout petit) peu trash. La faute surtout à une mise en scène pourrie, caméra avec shutter tout énervé et tremblement perpetuel lors de l'action, sans intérêt pendant les autres scènes. Pour le reste, le charme british opère plutôt avec sa galerie de persos décalés et son goût pour l'absence d'enjeux cruciaux.
C'est avec le deuxième épisode que j'ai décidé que je finirai la saison (bon faut dire elle est courte, je fais presque pas d'effort), plus assagi dans sa mise en scène, au rythme moins foutraque raté énervant et, surtout, grâce au "héros principal" qui concentre quand même l'essentiel de l'intérêt de la série. Plus quelques ajouts très intéressants comme ce rajeunissement à la fois frais et méchant (les deux adjectifs que l'on peut raisonnablement et avec nuances apposer sur cette série).
Pas grand chose à ajouter, c'est balisé comme toute série qui ne sort pas vraiment du lot (ça me rappelle le vaguement décalé Shaun Of The Dead, assez bien foutu mais sans surprise) mais des dialogues sympas (nice "kaille" accent), un concept qui s'élabore consciencieusement (j'attends les 4 autres épisodes pour bien saisir si je vais trouver ça couillu ou plus banal) et un perso comique bien trempé font que ça se suit plaisamment.

Difficile toutefois d'enchaîner ça après Oz et The Shield, quand bien même le décalage créé (et conscient) semble assez habile pour l'instant. Notamment avec ce concept de l'anti-spectaculaire et de l'anti-héros qui fait planer un sentiment de malaise pas lourdingue et drôle.
Deux gros défauts assez rageants : une musique sans arrêt bien lourdingue qui rapproche la série d'un long clip et des cllffhanger caricaturaux (enfin je pense à celui du 2 en fait !).

[Carton]

Ah ! Tu nous diras ce que tu pense de la suite...
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La Quadrature

[enculetom]

Je me suis enquillé les 4 autres. Ca se regarde "facilement", il faut reconnaître une dynamique bien troussée, ça bouge tout le temps sans toutefois perdre ses repères spatio-temporels. On fait du surplace mais en sautant, et vite.
Ca me fait vachement penser à Doctor Who, cette façon de créer un arc narratif plus ou moins complexe et important mais dans un cadre super restreint. Ici c'est évidemment géographique (hormis la séquence que tu soulignes chez la brune, jolie, et l'épisode spécial flashback que je trouve trop poussif, bien trop balisé dans, justement, ce besoin de canaliser et concentrer protagonistes et arc narratif mais en modifiant considérablement la donne).
Le charme de la série se trouve, conjointement, dans le fait que chaque épisode est indépendant et que la trame globale se résume essentiellement à cette bande de cons à qui il arrive des conneries et dont les super-pouvoirs ne sont à peu de choses près qu'un miroir de l'utile et du besoin. Au final de cette première saison, on a affaire à un véritable manifeste de la glande ludique, de ce besoin de n'avoir envie et besoin de rien ou si peu (une branlette, une pizza) auquels il faut ajouter les deux éléments que je trouve cruciaux chez l'être humain quand il pense sur lui-même : la mort et la déconne, tous deux incarnés, évidemment, par Nathan, qui représente aussi très fortement et de manière réjouissante, la vanité (tout aussi dans le sens de ce qui est vain) à son paroxysme.
On fait pas d'omelette sans casser des oeufs, génial discours de Nathan lors du dernier épisode, épisode qui contient également le facile mais efficace foutage de gueule des institutions bien pensantes.

Mes seuls reproches restent les mêmes, c'est avant tout les ambitions formelles qui ne soutiennent pas assez l'énergie que je viens de décrire et une narration par trop commune dans son ensemble, ce qui fait que, non, Misfits n'est pas un chef d'oeuvre ni une série iconoclaste, mais bien simplement et parfaitement une série débile et ludique. J'ajouterai que l'aspect psychopathe/schyzo de Barry, pardon Simon, est trop revu pour être intéressant (je pense notamment au corps dans le frigo, bof).

Une note : 4/6

[Carton]

Oui en gros je suis d'accord avec toi, la mise en scène est quand même un problème (dans les séries anglaises en général j'ai l'impression, chez Sherlock ou Luther, ça pêche aussi de ce côté là).

D'accord aussi sur le débile et le ludique sauf que pour moi c'est porté à un tel point de décontraction affirmée que ça tient du militantisme.
J'aime bien ton texte.
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La Quadrature

[enculetom]