Posté le: Mer Mar 03, 2010 23:31 Sujet du message: Amer (Hélène Cattet et Bruno Forzani - 2010)
Film sidérant, qui sort honteusement dans une seule salle à Paris.
5/6 en attendant le moment d'écrire un avis, mais juste pour motiver les ceusses qui sont concernés.
courez-y vite, il va disparaître et on n'aura sûrement plus l'occasion de ravoir une vraie expérience de salle comme celle-ci avant très longtemps.
Posté le: Mer Mar 03, 2010 23:38 Sujet du message:
Oué ya des films qui restent vraiment pas longtemps à l'affiche. J'avais voulu voir "Vercingétorix" au ciné, mais une semaine après sa sortie, il était déjà plus programmé.
3 salles en France.
J'avais vu la B.A. dans une salle de Lyon la semaine dernière; je pensais donc qu'ils allaient projeter le film. Je suis un rêveur.
Distribution, exploitation, je vous.
Je vous aime.
Bien.
Je vous aime bien.
Moi j'étais un poil déçu quand-même, même si il y a pas mal de moments intéressant. Le côté Giallo au microscope de la mise en scène ça marche pas dans toutes les situations, mais la fin de la 1ere partie et la 2eme sont très belles.
Posté le: Jeu Mar 04, 2010 11:44 Sujet du message:
on n'a pas arrêté de dire, et les réalisateurs les premiers, que le film avait à voir avec le giallo. Moi le giallo, c'est pas tellement mon monde, j'y connais pour ainsi dire rien (j'ai vu Suspiria bien sûr, et quelques classiques). Quand je regarde Amer (qu'on voit danser le long des golfes clairs), ce sont d'autres références qui me viennent en tête, du Ruiz, du Bunuel (il y a un hommage formidable à Un chien andalou), ou même du Robbe-Grillet. Pour moi le film a bien plus à voir avec l'expressionnisme et surtout avec les surréalistes qu'avec Argento. Notamment parce que la partie centrale, la partie majeure, ne relève en somme pas du genre. On a certes un premier acte qui joue à Suspiria vaguement, mais qui en réalité m'a surtout évoqué l'effroi surréaliste en retenue du Alice de Svankmajer. Mais cet acte est relativement court et l'on bascule ensuite, après le déferlement de couleurs, via un effet visuel simplissime mais brillantissime, un des plus beaux effets d'ellipse qu'il m'ait été donné de voir
Spoiler:
l'étirement de la gamine en adolescente, les seins qui poussent, etc, absolument génial
dans tout autre chose, dans un second acte, très long, très central, où il ne se passe pour ainsi dire "rien", sinon la surpuissance de la mise en scène, qui fait qu'il se passe sans cesse un porno à l'écran
Spoiler:
(mine de rien, la meuf manque quand même de se noyer dans sa cyprine, sauf berlue)
quand concrètement il n'y a rien du tout. C'est un océan de sensualité, c'est vraiment faire l'amour avec les yeux, que cette partie centrale, où une course après un ballon devient une étreinte fougueuse et profondément troublante, où simplement marcher, respirer, être là, c'est être faire l'amour au monde. C'est assez incroyable, cette sensualité palpable, permanente, cette capacité de fasciner, de sidérer, quand il n'y a rien du tout à attendre de la narration.
Je lisais l'autre jour sur le blog de Vincent Ostria : "Ça m'a rappelé cette idée qui me travaille de temps en temps : un film de fiction sans récit ou presque. Ça semble absurde ou impossible, mais je prétends que non. Il suffit de ne raconter pas grand chose, de prendre le temps de le faire, et surtout de décomposer le réel. Filmer la brise sur des cheveux, la fabrication d'un outil, une conversation simple et incidente. L'intérêt c'est qu'il y ait de l'action, des actions, mais pas d'intrigue. Une intrigue suscite l'attention du spectateur, elle génère de la tension. Mais c'est aussi une limite."
et on y est à plein ici, ou presque (je suis pas surpris qu'Ostria aime moins l'épilogue), quand chaque geste est dilaté, détaillé dans ses moindres instants, ses moindres détails, ses moindres accidents (les cheveux dans les ronces, etc). Finalement, si j'exagère un peu, ça a à voir avec Warhol, avec la simple fascination scopique à voir le Monde et l'Autre. Évidemment ça ne peut se faire qu'en salle, je ne vois pas bien comment regarder ça sur DVD, c'est une expérience collective et très primale (en ce que c'est un film qui renvoie vraiment à des sensations d'enfant, la séquence du bain avant le masturbation, avec le peigne, le poids des objets, l'attention aux moindres bruits, aux grincements du cuir, etc, etc, pas étonnant que le film débute sur une gamine qui mate par la serrure, c'est le programme du film), dans son salon ça n'aurait aucun sens.
ps : ah oui, et j'espère que Tarantino a pu le voir, il me semble que ça lui parlerait.
Posté le: Jeu Mar 04, 2010 15:46 Sujet du message:
Carton a écrit:
Ouais mais ça fout les choquottes ? Y'a des doigts coupés ?
C'est pour savoir si je le vois avec ma copine ou pas.
c'est pas de l'horreur graphique, non, c'est prenant graphiquement mais c'est pas gore du tout, c'est angoissant pour d'autres raisons, c'est pas un film de flippe, c'est un film d'ambiance et de ressenti
Posté le: Jeu Mar 04, 2010 16:08 Sujet du message:
Citation:
Je lisais l'autre jour sur le blog de Vincent Ostria : "Ça m'a rappelé cette idée qui me travaille de temps en temps : un film de fiction sans récit ou presque. Ça semble absurde ou impossible, mais je prétends que non. Il suffit de ne raconter pas grand chose, de prendre le temps de le faire, et surtout de décomposer le réel. Filmer la brise sur des cheveux, la fabrication d'un outil, une conversation simple et incidente. L'intérêt c'est qu'il y ait de l'action, des actions, mais pas d'intrigue. Une intrigue suscite l'attention du spectateur, elle génère de la tension. Mais c'est aussi une limite."
Oui, enfin Ostria c'est quand même pas le premier à avoir cette idée...
Que ce soit dans l'expérimental ou bien dans la modernité des années 60/70, pas mal de cinéastes ont travaillé dans cette voie...
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