Posté le: Mer Déc 22, 2010 12:57 Sujet du message: Tron Legacy (Joseph Kosinski, 2010)
Un des intérêts de Tron Legacy est de montrer qu'un acteur a toutes les peines du monde à jouer sans décor réel et sans accessoires. Il faut dire que le jeune héros est une parfaite tête à claques, tellement sûr de son fait, tellement rebelle et tête brûlée milliardaire... Face à lui, une brunette à la coiffure subtilement déstructurée (et dont je n'ai pas très bien compris la nature plus ou moins androïde) ouvre de grands yeux dont on ne sait s'ils trahissent le désir naissant ou la stupéfaction devant tant de sotte assurance.
Le scénario défaillant n'est pas forcément le grand défaut du film. Au moins, le spectateur se sent libre de ne pas comprendre et peut se laisser aller à prendre les séquences les uns après les autres, rêvassant pendant les scènes dialoguées et ouvrant grand ses mirettes pendant les belles scènes de fête foraine. La bonne nouvelle, c'est que la Grille de Tron ne survend pas sa métaphysique de bazar comme le faisait la Matrice (Tu veux savoir ce qu'est la Matrice ?... Tu veux vraiment vraiment savoir ce qu'est la Matrice ?... etc, comme ça pendant plus d'une heure). Malgré tout: dialogues affligeants, humour assez absent, démagogie culottée (défense de la gratuité des logiciels, discours sur le monde "qui ne peut pas être parfait"), bon, passons.
Reste un film magnifiquement abstrait, presque kubrickien, à la palette de couleurs binaire (du noir luisant d'un côté et de l'autre une gamme à peine chaude qui va du blanc à l'orange vif). Le décor, sublime, est de plexiglas et de bakélite. C'est un monde déshumanisé, où chaque visage est un casque intégral, un monde asexué et évidemment totalitaire, froid et con comme un jeu vidéo. Le film se raccroche à la chaleur du rapport père-fils pour n'en garder que les blessures, les fausses promesses, les déceptions. Il n'y a pas d'amour paternel, il y a juste la nécessité de transmettre un héritage (le "legacy" du titre), qu'il soit économique (dans la vie réelle) ou politico-technologique (dans la grille).
Le film propose un assez joli futurisme rétro. Il y a la musique 80's des Daft. Il y a tout l'aspect "jeux du cirque" et la cruauté absolue des affrontements (qui rappelle Mad Max davantage que Star Wars malgré la lourdeur des références "côté obscur de la force"). Il y a aussi cet effet dont on ne se lasse pas: des hommes de cuir et de néon qui semblent violents et invincibles et qui, par la magie d'une ligne brisée, sont ramenés en une seconde à une fragilité de verre. _________________ Personne nous piquera Kitty! Il est à nous désormais. Il va falloir raquer cher pour un transfert , ne serait-ce que d'un post. Kitty, mon jouet star de Noël.
Posté le: Mer Déc 22, 2010 13:13 Sujet du message:
Je viens de m'apercevoir que l'actrice du film est la jolie biche de Dr House. Avec sa frange corbeau à la Mireille Mathieu, je l'avais même pas reconnue !
Posté le: Mer Déc 22, 2010 16:04 Sujet du message:
Bite Astrale a écrit:
Si cette critique est sincère, elle donne envie.
Je suis pervers, mais pas au point d'être insincère pour le plaisir de... de quoi d'ailleurs ? de rendre plus forte votre déception quand vous verrez le film ?
Pour clarifier les choses: les scènes de combats et de courses m'ont semblé réussies (en tout cas moi elles m'ont impressionné et je les ai trouvées belles), le reste (thématiques, intrigue, direction d'acteurs) est très raté, et il y a quelques moments attendus qui sont un peu bâclés et décevants (par exemple le passage du monde réel à la Grille).
Posté le: Mer Déc 22, 2010 16:17 Sujet du message:
Je n'attendais pas spécialement ce film, alors je me suis plutôt laissé aller à apprécier ses réussites en négligeant ses ratés.
Sinon, j'ai oublié de dire que la musique mélange assez subtilement les orchestrations symphoniques et les thèmes classiques de films américains avec la musique de machine électronique. "Subtilement" n'est peut-être pas tout à fait le terme, parce que la qualité de Daft Punk n'est pas la subtilité, mais bon. Si on ne fait qu'écouter le mélange entre musique thématique traditionnelle et gros son efficace à la Moroder, on passe déjà un bon moment.
Posté le: Mer Déc 22, 2010 16:24 Sujet du message:
De toute façon, ton avis s'inscrit dans le consensus général : le film est esthétiquement séduisant mais l'écriture pèche.
Les spectateur qui se laisseront emporter par l'univers et qui seront réceptifs aux thèmes même esquissés y trouvent leur compte, les autres non.
Et la musique tue.
Posté le: Mer Déc 22, 2010 16:44 Sujet du message:
Bite Astrale a écrit:
Et la musique tue.
Pas tout à fait non plus. Un ou deux bons moments, et pour le reste Daft Punk fait l'effort de se couler dans le moule en gardant une petite identité.
Et j'ai vu le film dans une salle acquise où il n'y avait que des musiciens, qui poussaient des "yeahhh" quand il y avait des thèmes électro.
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