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Moussem les morts (V. Le Port, J.B. Alazard, 2010)

 
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Hello--Kitty
dans le coma profond


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MessagePosté le: Mer Déc 08, 2010 13:40    Sujet du message: Moussem les morts (V. Le Port, J.B. Alazard, 2010) Répondre en citant



Le cheminement de deux hommes des rues de Tanger au désert marocain: l'un essaie de survivre et de s'en sortir, l'autre est hanté par l'idée du crime.


Difficile de juger un film quand on aimerait d'abord le voir raccourci des deux tiers, quand on passe son temps à se demander ce que pourrait donner la version courte. Il y a des films pour lesquels la version Studio serait préférable à la director's cut... Mais comme il s'agit ici d'un film d'école, ce serait injuste de lui reprocher d'être mal produit (puisque, par le fait, il ne l'est pas du tout).

Alors, si on est conciliant, on dira que le découragement qui nous saisit à la vision de Moussem les morts est essentiellement dû à sa longueur, à sa complaisance. Si on est querelleur, on dira que c'est d'abord dû à sa façon d'esquiver chaque séquence importante en la saturant d'effets visuels. Ces effets, mélangeant l'impression de stromboscopie, l'accéléré et les sons saturés, sont assez réussis par moments, dans le genre très subjectif d'une "tempête sous un crâne", mais la régularité métronomique avec laquelle ils sont utilisés les transforme en roues de secours stylistiques dont l'efficacité déclinante est accentuée par un montage son besogneux et répétitif.

Et si on oublie les effets épate-bourgeois, que reste-t-il de l'écriture du film ? Il reste un exotisme un peu forcé mais enjôleur (Tanger, sa chaleur étouffante, ses terrasses, ses mystères, ses déserts qui engloutissent les hommes), il reste un trio puis un duo de personnages dominant-dominé rapidement lost in tanslation, dont les relations déconcertent mais captivent, il reste un récit qui alterne le piétinement narratif et les ellipses téméraires, récit qui pourrait séduire s'il n'était lesté d'un existentialisme bigrement vieillot (la vérité dans la mort, la morale dans l'action, etc).

Voilà donc en résumé un film qui souffre d'une double pathologie, à la fois trop vieux dans sa façon de penser (école Albert Camus - la mort est la seul vraie question philosophique) et trop jeune dans sa façon de se chercher un style (une tendance à utiliser les logiciels d'effet comme une machine à laver la mise-en-scène, comme si le rendu hautement arty pouvait racheter les négligences de la réalisation).

En partant d'un casting dont le déséquilibre finit par produire des décalages heureux (un acteur transparent qui a une sale tête de court-métragiste / un acteur tout en virilité qui a une bonne tête de Ben Affleck / une assez jolie fille qui passe faire sa Jean Seberg le temps de quelques jolis plans), le film nous emmène en terrain archi-connu: c'est le Gerry de Gus Van Sant, malheureusement dépouillé de son aspect beckettien, de son rayonnement absurde. Hélas pour nous, Moussem les morts se prend très très au sérieux.

Une fois débarrassé (à regret?) de la greluche blonde et des vraisemblances du récit classique, le spectateur n'a plus qu'à attendre la grande scène de mise à mort (le clicheton de ce genre de film) et à deviner qui va étriper qui. On a le temps de rêvasser à une sorte d'autoportrait des auteurs en frères ennemis (le film est une co-réalisation). On a le temps de se dire que Moussem les morts souffre des mêmes maux que le cinéma de Gandrieux, qui a des fans mais pas de public: à force de privilégier à l'image tout ce qui fait sensation (aveuglement, étourdissement, perception brute des matières, rendus rugueux des peaux, des terres et des soleils), le style devient impersonnel puisque la mise-en-scène est systématique, prévisible et banale. Et alors le film finit par glisser à côté du réel en cherchant uniquement à le capitaliser: toi le corps, toi le paysage, qu'as-tu à donner à mon film pour le styliser, pour le rendre chic et choc, pour en faire une oeuvre de petits durs ?

Comme c'est un film de jeunes écoliers, on peut cependant être indulgent et laisser le temps au temps.
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Zahad le rouge
dans le coma profond


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MessagePosté le: Mer Déc 08, 2010 13:41    Sujet du message: Répondre en citant

Copie arrangée et amendée du mail envoyé à VLP/Gerry après la projection :

"Alors je suis partagé, je sais pas trop bien quoi penser du film.
Ce qui est beau, c'est qu'il m'a l'air d'une grande sincérité, qu'il m'a l'air de vraiment ressembler à son tournage et que déjà ça, c'est une force.

Tu m'avais tellement sous-vendu le film (Gerry m'avait assuré que je détesterais) que je me suis surpris à être énormément pris par tout le début, qui m'a vraiment passionné pour l'expérience esthétique poussée au bout, et sa vraie belle articulation avec la narration. Moi l'accident j'y étais, j'y croyais, l'enterrement, l'animal à l'arrière-plan, les zooms numériques, etc. J'aime bien ce numérique repoussé dans ses derniers retranchements, cette mise à l'épreuve-là. Et puis aussi les retours au clame plus classiques, le bel échange avant l'enterrement autour de la pipe, j'aime énormément.

Après, je sais pas, ça m'a soudain moins intéressé, toute la séquence où le type monte sur le toit en peignoir, je trouve que ça ne marche pas, qu'on pense trop à la présence de la caméra, j'ai l'impression que ça se joue sur la distance, non que le gros plan me gêne en soi, mais là souvent le gros plan est ostensiblement trop près de son motif, y'a même limite un peu de déform fish-eyisante, c'est bizarre parce que d'un coup ça fait étrangement amateur, poseur, voire complaisant. (réponse très honnête de Gerry : "Effectivement le taï-chi est à la mauvaise focale, et surtout après, la coupe de cheveux, c'est le grand festival du n'importe quoi (comme des cons on avait revu Julien Donkey-Boy la veille et on s'est amusé à faire une séquence avec la caméra qui papillotte pour le plaisir de papillotter... nawak). Et pareil quand tu parles de "grotesque tendance ridicule (les plans en contre-plongée sur le visage du mec pendant la scène de baise)", gros pêché mignon, ça nous fait marrer donc on l'a gardé, mais c'est clairement injustifiable et mauvais. Et pas mal d'autre choses comme ça...")

Et le film fonctionne un peu sur moi comme ça tout le long, en dents de scie, parfois je suis bluffé par l'expérience esthétique, parfois elle me saoule (tu mets la rétine dans des conditions extrêmes n'empêche, faut pas avoir peur de la migraine oculaire)

(Gerry : "désolé pour la migraine rétinienne... moi ça me fait rien (de violent je veux dire), et je préfère toujours ça au dernier beauvois..." tu m'étonnes!)

parfois je ne suis carrément plus intéressé, parfois je trouve que c'est soudain grotesque tendance ridicule (les plans en contre-plongée sur le visage du mec pendant la scène de baise, ou certains ralentis, comme la mort du garagiste par exemple), mais ceci au milieu de trucs superbes.

Mon problème c'est que je me perds sur la longueur, que je ne sais pas bien à quoi mène, à quoi rime le film. En sortant j'avais l'impression que parfois vous ne choisissiez pas, que vous mettiez tous les plans dans le montage, qu'à vous apensantir quinze ans sur le moindre frémissement de peau, ça virait au système, à la complaisance un peu. Et que ça le méritait pas, que ça méritait pas la longueur (j'ajoutais ensuite que ça méritait p-ê pas le long métrage, à quoi Gerry m'avait répondu, en grande partie à raison : "dis-toi que la première version faisait ses bonnes 3h10... On a vraiment élagué énormément, essayant d'être les moins complaisants possibles, mais apparemment tout le monde n'est pas d'accord là-dessus. Réduire pour vraiment recentrer sur le groupe et sur le personnage principal, sur son obsession de la mort, du geste de tuer, comme seul antidote foireux à sa propre inexistence, qu'il va transformer en inhumanité... Bon je veux pas rentrer dans l'analyse du film, ça ferait type qui s'auto-suce, mais s'il peut paraître abscons ou disparate, comme dirait arthur, "ça ne veut pas rien dire"."

puis, plus loin dans son mail, en post-scriptum : "je trouve ça complètement débile de dire que ce film ne « mérite pas le long ». Y a pas à faire de distinctions entre long et court, ou fiction et docu ou jsais pas quoi, film est film, on a pas fait ça pour se la péter genre « ouais on est à la fémis et au lieu de faire un court on a fait notre premier long », le fait est qu'on voulait filmer tout ça (même beaucoup plus, vu ce qu'on a coupé au montage), raconter un truc qui prend sur la longueur (la déshumanisation d'un homme)... dire d'un film qu'il mériterait 20 minutes de moins, 40 minutes de plus, n'importe, ok, dire qu'un film ne « mérite pas le long »... c'est entré dans un cloisonnement CNC selon moi. Un long-métrage, ou un court, quoique ce soit, ça se fait, ça se mérite pas. Comme si un long se méritait et pas un court. Bref..."

alors j'avais oublié de répondre, donc je le fais là : j'ai été maladroit, je ne reprochais pas en soi le fait que ce soit du long ou du court, ce n'était pas un reproche "administratif", c'est juste que devant le film, parfois je m'ennuyais et qu'il me semblait qu'il aurait gagné à être ramassé, et de fait, par projection mentale, il me semblait qu'on pouvait p-ê passer en-dessous de l'heure, que le film y gagnerait éventuellement, que certaines choses se complaisaient dans la longueur, et non pas que c'était prétentieux de vouloir faire un long)


Mais je peux pas rejeter le film, certaines choses me plaisent énormément, le très bel hommage à L'Étranger par exemple, qui est presque parfait justement dans son expérience de montage et de mise à l'épreuve du numérique (je dis presque parfait parce que je trouve que le moment où il finit par appuyer sur la gâchette, vraiment la toute fin de la montée, est trop appuyé au montage, que vous dépassez de peu le moment où ça fait "trop", on avait déjà compris). Et puis toute la séquence de bouffe à table aussi, qui est vraiment belle, sauf p-ê sa toute fin. J'aime bien la piste lancée là, quand un personnage dit qu'on va "changer de film", je me disais que vous alliez faire un truc couillu de vraiment rompre avec le reste et de continuer cette piste de film bavard, qui pour moi était un peu La Maman et la putain chez Lynch, et je trouvais ça beau que le film soit tranché comme ça en son milieu.

La suite m'intéresse moins, voire me semble redire une certaine modernité d'errance violente, à la Gallo etc.

D'ailleurs la violence finale, je ne la comprends pas, elle me semble une pirouette pour achever une trajectoire qui s'était épuisée. J'aurais aimé que ça aille davantage quelque part. (à quoi Gerry me répondait, et c'est une explication complètement recevable, que la violence était " justifiable de trois manières : juste un type qui embobine des toubabs et les dépouille (d'où les converses et le sac adidas); ou alors c'est l'Arabe qui prend sa revanche contre les Colons et récupère l'or qu'on lui a volé; ou bien il n'est lui aussi, comme les autres personnages principaux, qu'une émanation du personnage principal, dont il va se débarasser pour atteindre SA liberté... Dans tous les cas une gratuité et une violence qui parachèvent les autres morts du film, tout aussi absurdes et gratuites (celle de l'ouvrier, du garagiste, celle du fils dans l'histoire du vieillard...) Branlette branlette...
Bref, on retombe effectivement un peu sur nos pattes sur la deuxième partie, plus attendue, plus dans ce truc entre gerry brown bunny et les rapaces, en moins bien, on aurait sans doute trouvé mieux en ayant du temps pour l'écrire. Ce sera pour la prochaine fois. Y a quand même des trucs que j'aime bien : l'anti-hippysme du road-trip (merde la voiture est en panne), le personnage du rebeu à la fin, le trip sur les chaussures et la terre qui essaie d'englober les personnages, le retour de l'amitié et de l'humanité quand son pote le tabasse sur le lac salé..."

d'accord avec ces dernières remarques)


Enfin voilà, comme d'habitude avec tes films jusqu'à présent, je suis enthousiaste face à leur envie sincère d'inventer un langage de mise en scène moderne et vraiment propre, unique. Mais j'aimerais réussir à être touché, ensuite, à entrer vraiment dans l'univers, et pas dans la seule promesse expérimentale."
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Zahad le rouge
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MessagePosté le: Mer Déc 08, 2010 13:44    Sujet du message: Répondre en citant

ah d'ailleurs, tu l'as vu où, H--K?
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Hello--Kitty
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MessagePosté le: Mer Déc 08, 2010 13:48    Sujet du message: Répondre en citant

Zahad le rouge a écrit:
ah d'ailleurs, tu l'as vu où, H--K?

fémis
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Zahad le rouge
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MessagePosté le: Mer Déc 08, 2010 13:49    Sujet du message: Répondre en citant

mais qui es-tu donc, H--K?
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MessagePosté le: Mer Déc 08, 2010 13:53    Sujet du message: Répondre en citant

Zahad le rouge a écrit:
mais qui es-tu donc, H--K?

J'ai déjà répondu 2 fois à cette question:
Spoiler:

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Zahad le rouge
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MessagePosté le: Mer Déc 08, 2010 14:04    Sujet du message: Répondre en citant

c'est pas clair comme réponse
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MessagePosté le: Mer Déc 08, 2010 14:33    Sujet du message: Répondre en citant

"C'était pas votre question mais c'était ma réponse."
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Zahad le rouge
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MessagePosté le: Mer Déc 08, 2010 23:16    Sujet du message: Répondre en citant

Ah Léo!
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Tiny
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MessagePosté le: Jeu Déc 09, 2010 0:02    Sujet du message: Répondre en citant

quoi?? kitty n'est pas une fille??? Surprised
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Zahad le rouge
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MessagePosté le: Jeu Déc 09, 2010 0:17    Sujet du message: Répondre en citant

comme me dit un ami, "Suffit de recouper son top années 2000 avec ses notes de FdC!", et hop, confirmation. Salut Léo, ça va?
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Conufs
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MessagePosté le: Jeu Déc 09, 2010 0:40    Sujet du message: Répondre en citant

Zahad le rouge a écrit:
comme me dit un ami


Spoiler:

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Zahad le rouge
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MessagePosté le: Jeu Déc 09, 2010 1:06    Sujet du message: Répondre en citant

nan
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Pipi
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Messages: 829

MessagePosté le: Jeu Déc 09, 2010 1:50    Sujet du message: Répondre en citant

Putain, je le savais !
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