Fringe

[Carton]

J’avais arrêté Fringe à la fin de la première saison. Y’avait bien les pré-génériques qui tapaient souvent fort, mais ensuite les épisodes c’était un peu n’importe quoi, les personnages survolés, qui agissaient en dépit du bon sens, et au caractère volatile, des facilités scénaristiques tout le temps, un arc général bordélique et du mystère foutraque, bref ça dérapait tout le temps mais pas dans le bon sens, l’inverse d’un Dolllhouse au fond, aucune beauté dans le bancal, juste du gloubiboulga finalement indigeste.

Et puis bon, plus rien à mater en série en ce moment, j’ai commencé la saison 2 en attendant mieux. Très vite on sent le recadrage dans l’écriture.
Alors c’est plus simple, plus sage peut être, une base classique avec une enquête à chaque épisode et une trame de fond qui se développe petit à petit. X-files quoi, mais bien construit, bien foutu, avec l’avantage que là le mystère n’existe pas, le complot est très peu caché, on en sait assez pour ne jamais sentir qu’on est perdu où qu’on se fout de notre gueule (c’est pas Lost quoi) et on attend d’en savoir plus sans que jamais ce soit le centre de la série.
Et surtout les personnages deviennent bons. Pas géniaux, mais bons, solides, un peu plus fins, plus complexes, et les enjeux sont surtouts affectifs, il est beaucoup question d’amour, filial ou dans le couple. Ca donne pas mal de scènes vraiment touchantes, où enfin il se passe quelque chose. Et puis ils ont gardé le plus important, les pré-génériques chocs, et une mise en scène solide qui fait bien son taf.
L’épisode 18 nous faisait même du mélo avec voyage temporel de très bonne facture, où on se disait que s’était franchement pas mal.
Et là l’épisode 20, où un personnage doit raconter une histoire à une petite fille. Du coup il invente avec ce qu’il sait et ce qu’il aime, un décalque de Fringe mi-polar noir des années 50 mi-comédie musicale, et on ne sait plus ce qui vient de l’histoire de base en étant un peu transformé, ce qui vient de ce que sait le personnage que nous ne savons pas (c’est un personnage qui a toujours un temps d’avance sur le spectateur, qui en sait plus que ce qu’il veut bien dire), ou de sa seule fantaisie. Impossible de distinguer ce qui sort de l’imagination du narrateur ou ce qui fait partie d’une vérité profonde mais cryptée des enjeux de la série.
Dans le même genre d’ambivalence, on passe de la parodie, du clin d’œil, à un premier degré purement hollywoodien, où ce qui était bouffon devient émouvant.

Par exemple, cette scène :

http://vimeo.com/17982318

Je suis bien content que la série atteigne ce niveau là, c’est une bonne surprise. Il me reste 2 épisodes pour finir la saison et après j’enchaine avec Doctor Who.
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La Quadrature

[Bite Astrale]

J'hésite à reprendre.
J'avais maté les 7-8 premiers, puis arrêté. Puis j'ai voulu reprendre donc j'ai recommencé depuis le début. J'ai arrêté après les 7-8 premiers.
L'impression que c'est chaque épisode la même chose. La MÊME.
House style.

[Carton]

[Carton]

Bon voilà saison 2 finie. C'est bien, ça a su garder un peu son côté nawak au niveau de la science ("si vous pouvez l'imaginer, c'est que c'est possible") mais c'est bien mieux construit dans l'ensemble. On a l'impression d'avoir déjà vu ces histoires, c'est vraiment un catalogue des archétypes SF et fantastique, et c'est fait de manière solide.
En gros, pour comparer avec Dollhouse, 2 séries qui partent bancales, l'une s'enfonce dans le précaire jusqu'à devenir sensible et poétique, l'autre remonte à la surface pour atteindre le niveau des bons produits du moments (c'est à dire bien foutu avec un + qualité du savoir faire de la télé US).
Bien bien, on verra la saison 3.
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La Quadrature

[Carton]

Saison 3 donc. Et confirmation que ça se passe de mieux en mieux. On est de plein pied dans le feuilletonnant, et rétrospectivement la première saison prend des airs de longue mise en place d'un univers. Depuis les personnages sont devenus consistants, et les histoires sont plus que des renvois ironiques au genre fantastique, elles ont pris leur autonomie et se mettent à exister pour elles même.

Fringe est devenu une vrai série qui assume son désir de construire une intrigue de science fiction et qui ose désormais inventer et travailler sa propre imagination. Elle est passée de con-con bancale à quelque chose d'ambitieux et de touchant.

Au delà de la beauté de ce changement, ça reste une série un peu dans les rails, mais qui réussit à être toujours captivante et étonnante. J'attends de tomber sur des épisodes vraiment fous comme l'épisode 20 de la saison deux, mais pour l'instant c'est d'un très bon niveau.
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La Quadrature

[Carton]

Episode 5 de la saison 3.

Je disais plus haut que la série, malgré ses qualités, était sur des rails. C'est que j'étais trop prudent dans mon jugement. Déjà la saison 2 avait su mine de rien ménager de très belles trouvailles narratives, et des prises de risques sans trop se la ramener, en gardant une certaine tenue formelle.
Cette tenue formelle justement, par ailleurs admirable au bout du compte dans ce qu'elle a imposé une qualité dans la mise en scène, jamais de truc fou-fou mais toujours bien filmé, sachant appuyer l'émotion ou l'enjeu psychologique de manière simple et parfois très belle; cette tenue donc a pu faire croire à un certain classicisme, à quelque chose d'un peu ronflant.

La 3ème saison jusque là confirme qu'il n'en n'est rien, que la série se réinvente constamment, mais toujours sur la durée, de longues mises en place qui font dériver le récit sans qu'on s'en rende compte. Le résultat, c'est une construction narrative désormais complètement chamboulée, 2 univers parallèles, les personnages dédoublés, un épisode dans un univers, un autre dans le deuxième. Comme un montage parallèle filé sur toute la saison, presque deux histoires distinctes mais toujours reliées entre elles clairement et de manière plus sous-terraine aussi.
Et les deux récits aussi passionnants l'un que l'autre, aux enjeux à la fois indépendants et jumeaux (les progressives modifications de la personnalité de l'héroïne, autant ici que là bas).

Bel univers d'ailleurs, aux multiples trouvailles SF, élégance de l'ensemble et force du storytelling tel qu'on ne le trouve plus nul part, et surtout un grand plaisir de voir combien cette série s'est affranchie de la recette, comment elle a trouvé son originalité et son identité, aujourd'hui elle est solide de partout et complètement prenante. Étonnant aussi de voir combien chaque saison est différente des autres, combien les auteurs remettent tout en jeux à chaque fois mais dans une belle impression de continuité (hormis ce saut qualitatif spectaculaire entre la saison 1 et 2).

Alors quoi, personne ne suit Fringe ici ? Pourtant y'a pas à hésiter, j'ai l'impression qu'il n'y a pas vraiment de série de ce niveau en ce moment.
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La Quadrature

[Conufs]

[Kuni l'hungus]

Borges serait un "promoteur"?
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Independent Film!! You know it's like killing babies. [...] If you kill babies and you don't believe in it then that's bad. [...] You know, if you are killing babies and you believe in it, then you are doing something you believe in.

[Conufs]

Non, non. Je sais que le verbe "découvrir" sonne particulier ds la cavité de ses tympans.
Et comme il nous lit entre deux pages ces temps ci; une bonne kasdédi ne fait pas de mal sur ses étagères.

[Bite Astrale]

[Carton]

[Conufs]

Sorry, je n'avais pas du tout lu le topic en entier.
Ceci dit tu réponds très bien à ma question.

[Carton]

Fringe est une série qui est devenue sérieuse, on n’y rigole pas beaucoup. La science fiction y est devenue crédible, solide, les personnages souffrent, ont des problèmes existentiels, les histoires sont devenues complexes et bien organisées, avec du suspens et de l’émotion. Mais parfois, ça retrouve le grotesque des débuts, elle se rappelle sa filiation avec certains épisodes d’X-Files et la série Z (voire l’extrait de mon premier post).
Ce sont des beaux moments, proche du n’importe quoi et d’un premier degré de conte de fée horrifique, on tournait autour de Frankenstein et on y plonge finalement à pieds joints. Alors un travelling ascendant qui accompagne un mouvement, un plan court sur un chausson de danse qui glisse en arrière, de la belle ouvrage, entre quelque chose de grossier et de raffiné.

http://vimeo.com/17980645
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La Quadrature

[Carton]

Ah personne ne m'écoute, peut être qu'on écoutera Versilov qui poste la même séquence que moi ici : http://www.dailymotion.com/video/xg7e4e_f39-xvid-it_shortfilms

et il en poste une autre là : http://www.dailymotion.com/video/xg7d5n_f39b-xvid-it_shortfilms

(sauf que cette séquence demande une contextualisation, on peut la lire sur son blog : http://zohiloff.typepad.com/kuhe_in_halbtrauer/ )
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La Quadrature

[Carton]

La série ronronnait un peu. On avait perdu l'alternance entre les deux univers, ça roulait un peu pépère. Ces trois derniers épisodes, ça se secoue bien. D'abord encore une jolie intro comme ils en font parfois, avec un "retournement" terrible.

http://vimeo.com/21593056

Puis en fin d'épisode un changement notable, le retour d'un personnage mais par un biais inattendu.
Alors au début je me disais que l'actrice Anna Torv était sympathique mais un peu limitée, genre beauté frigide et point barre. On a pu voir par la suite que pas du tout, son personnage "alternatif" existait dans des petits déplacements, une démarche, une coiffure, un port de tête un peu différent, et le scénario qui confirmait plus tard qu'effectivement, ce personnage ci était plus enjoué et vivant que l'autre. C'était pas forcément génial dans le jeu mais assez subtil pour le remarquer, Anna Torv était capable d'une certaine finesse.
Et là, c'est d'un seul coup guignol, du jeu grotesque et outré, surtout dans la voix complètement caricaturale. Mais d'une caricature jouissive, de ces moments où la série sait avoir de l'humour, et ne plus se prendre trop au sérieux. On repense, ému, à Victor rejouant le personnage du jeune blond et commentant le jeu de son acteur dans Dollhouse (encore une passerelle vers cette série, décidément, pourtant elles sont bien différentes, mais on y pense).
Alors ça devient troublant de voir la réorganisation du groupe, la nana ne regarde plus le jeune homme comme une amoureuse transie, elle devient le partenaire de jeu du vieux scientifique junky et se met à draguer l’assistante. Le délire autour de la vache, ce genre de choses, ça fait plaisir (oui, y’a des choses qu’on ne comprend que si on a vu la série, je tease). Et le retour furtif de la blonde dans son corps, le sourire enjoué du type en face tout de suite remplacé par un rictus d’angoisse (l’amour d’abord, la situation inquiétante ensuite), des trucs comme ça c’est pas rien.

Fringe, dernièrement, retrouve son merveilleux. Et en profite pour ramener un autre personnage, le petit jeune de l'autre univers, qui dans celui ci découvre tout. Son étonnement devant les évènements et son plaisir à entrer dans l'absurde font écho à celui du spectateur, ça réactive son œil pour une série qui frôle parfois l'assoupissement.
L'épisode suivant, on verra le même acteur accoucher la blonde, dans une jolie séquence, romantique et tendue.
Merde, cette série est vraiment capable du meilleur, personne pour s'en rendre compte ici (ouais ouais, on regarde Buffy), c'est vraiment trop injuste.
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