The Social Network (David Fincher, 2010)

[Averroès]

Fincher et moi c'est pas l'amour fou, en gros je n'aime pas du tout sa première partie de carrière (sauf The Game que j'ai toujours trouvé poignant).
Zodiac et Benjamin Button, sans me renverser complètement, m'avaient fait espérer du mieux, par leur maturité.

The Social Network vient confirmer. C'est pour moi le meilleur film de Fincher, une sorte de réponse de l'adulte à l'ado qu'il a autrefois été dans Fight Club. Son regard y est beaucoup plus juste, déjà parce qu'il ne manifeste presque plus de volonté de cabotiner inutilement. Fight Club se plantait parce que Fincher se complaisait dans une esthétique qui allait dans le sens de ce qu'elle était censé attaquer: la critique de la société de consommation était superficielle à partir du moment où chaque séquence nous gavait d'idées rapides et faciles à digérer (tout en se la pétant le plus possible). Fight Club c'était un peu le film fast-food, un comble pour un objet censément révolutionnaire.

The Social Network étonne puisqu'on retrouve bien le style de Fincher, mais tout s'y agence parfaitement sans le moindre effort formel superficiel (bon ok, il faudrait une seconde vision pour comprendre ce que la scène d'aviron vient foutre là, elle brise l'unité formelle de tout le film pour venir nous rappeler les pires pitreries de Brad Pitt). Car le sujet est suffisamment passionnant, nul besoin de le survendre. Fincher colle son dispositif esthétique au plus près de la réalité qu'il décrit: une jeunesse américaine à la limite de la décadence. D'un côté les richards qui cultivent la débauche, l'entre-soi et la vanité. De l'autre les exclus du système qui n'ont d'autre moyen que de se réfugier dans la geekerie la plus pathologique.

La grande idée de Fincher, c'est de ne pas séparer la sphère affective et la sphère géopolitique. Zuckerberg est un entrepreneur aux dimensions mythiques parce qu'il n'arrive pas à communiquer avec les autres. L'entrepreneur capitaliste est un petit garçon en manque d'amour, qui se venge du monde par l'expansion, mais pas n'importe quelle expansion. L'expansion d'un système qui renforce la laideur du monde (rendue à l'écran par une impressionnante photo au ton graphite). Facebook est un outil qui conforte la jeunesse dans ses dérives actuelles, les mêmes dérives qui laissent un Zuckerberg sur la touche. Le capitalisme américain de notre époque se nourrirait donc de ces aspirations morbides pour exister.

Je dis de notre époque car je ne crois pas que Fincher soit fondamentalement anti-capitaliste. Il fait probablement partie de la frange de gens qui considèrent que le capitalisme moderne n'est qu'une dérive du vrai capitalisme, que ce dernier est le plus à même de distribuer les ressources efficacement. Ce qu'il critique dans The Social Network n'est pas tant ce système-là que les ressources que ce système en vient à distribuer, en l'occurence Facebook, rapprochement artificiel des personnes et maillage informationnel ultime.

L'autre point très réussi du film est la gestion des émotions. J'ai lu ici et là que le film en était dénué et que finalement, c'était une oeuvre froide et rationnaliste. Ce reproche me semble injuste. Face aux obligations sociales actuelles, ce n'est pas étonnant que les émotions n'affleurent que subtilement, la plupart du temps coincées entre la nécessité de paraître et celle de réussir. On le voit avec le personnage de Zuckerberg, dès la première scène: cette scène (incroyable, soit dit en passant) montre un mec extrêmement intelligent mais imbuvable, puis, lorsqu'il apprend qu'il se fait larguer, essaie de rattraper le coup presque en suppliant, prouvant sa sensibilité maladroite. Il n'est pas un connard, simplement il essaie de toutes ses forces de l'être, comme le conclut le film. C'est un moyen de se défendre contre l'humiliation qu'il vit, mais aussi le gage de sa réussite future. C'est là où il y a quelque chose de pourri.

D'ailleurs c'est édifiant comme au fur et à mesure que le film avance, Zuckerberg nous paraît de plus en plus attachant. Il prend surtout cher au début, mais la suite l'humanise. C'est parce qu'il est de plus en plus dépassé par le monstre qu'il a créé, et dans ce sens-là, il devient une figure tragique, donc un homme. Jusqu'à ce dernier plan où il est un roi sans divertissement, un pauvre bougre qui va traîner sa peine tout le restant de sa vie.

Autres exemples de "détails": les pupilles tremblantes d'Erica lorsqu'elle apprend qu'elle a été moquée sur Internet, la relation entre l'associé hawaïen et sa meuf, la compassion hésitante de la stagiaire en droit...
Donc l'émotion du film est bien là, elle se fait juste discrète; il faut la mériter, j'ai envie de dire. Du coup, je la trouve d'autant plus belle. C'est ce qui est le plus beau au cinéma, le plus intemporel. Je pense que le film va bien vieillir.

5,5/6 (j'irai peut-être le revoir pour savoir si c'est plutôt du 5 ou du 6)

[Zahad le rouge]

ah moi j'ai haï cette merdasse d'ode au pognon et au mâle dominant, hideuse comme jamais (quelle laideur, cette séquence d'aviron)
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"Si je m'en sors bien, je serai peut-être vendeur aux 3 Suisses."

[Ugolino_Le_Profond]

Zad est passé du "type dont on peut jamais savoir ce qu'il va adorer/détester, mais qui va certainement avoir un avis radical (=à la con)" au "type dont on peut écrire les phrases avant qu'il les pense".
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permets-moi de me laisser d'affirmer que dis oh quoi

[Averroès]

[Tiny]

bon... bah j'vais p't'être y aller voir alors...
j'm'étais dit que button était le dernier mais ya que les imbéciles qui changent pas d'avis, right? et puis c'est pas comme si facebook m'intéressait plus que ça... mais bon!

[Bite Astrale]

[Zahad le rouge]

les chatons, si on peut plus dire ce qu'on pense...
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"Si je m'en sors bien, je serai peut-être vendeur aux 3 Suisses."

[Tiny]

[Averroès]

[Bite Astrale]

[Tiny]

cherche pas.

[Ugolino_Le_Profond]

Bah si, il cherche du renfort...
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permets-moi de me laisser d'affirmer que dis oh quoi

[Pipi]

[Kuni l'hungus]

Je comprends plus qui cherche quoi... Bite cherche pas, il a déjà essayé, mais il cherche du renfort, mais il sait pas quel renfort il cherche, et apparemment, faut pas qu'il cherche...
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Independent Film!! You know it's like killing babies. [...] If you kill babies and you don't believe in it then that's bad. [...] You know, if you are killing babies and you believe in it, then you are doing something you believe in.

[Bite Astrale]

En l'occurrence, j'en cherche pas, j'en donne.
Et en même temps, j'en donne sans rien donner vu que je tue le truc dans l'oeuf.