Posté le: Ven Déc 09, 2011 12:49 Sujet du message: Shame (Steve Mc Queen, 2011)
Je n'ai pas grand chose d'intéressant à dire sur Shame. J'aimerais pouvoir l'aimer mais c'est impossible parce que c'est trop mauvais. J'aimerais pouvoir le détester mais c'est impossible parce qu'il y a des endroits par lesquels le film arrive à me charmer.
J'avais adoré la bande-annonce (voilà que je parle comme Bite, maintenant, je vous brosse le contexte...). Je l'avais aimée en particulier parce que la lumière semblait assez contrastée, dense et saturée... Bref une lumière qu'on faisait il y a 10-15 ans et qu'on ne fait plus trop aujourd'hui, à cause de la HD. J'aimais bien le lyrisme du truc aussi, et le sujet...
Mais le film m'a rappelé pourquoi j'avais dégueulé sur Hunger. Pour résumer, il y a deux choses qui me bloquent totalement chez McQueen:
1) la grandiloquence insensée de sa mise-en-scène (assez mal maîtrisée, malgré les apparences)
2) sa tendance à transformer la moindre situation en chemin de croix, son goût plastique pour le christique...
Au final ces deux défauts marchent ensemble: on fait des montagnes mystiques de petites situations et ça devient ridicule.
Spoiler:
exemple : Mon dieu, je ne sais pas baiser avec des sentiments, alors je quitte le lit et je vais me prostrer face à l'horizon, de dos, regardez comme je souffre
Mais pourquoi ne pas FAIRE SIMPLE ?
Franchement, qu'il nous fasse la Passion du Christ une bonne fois pour toutes, et qu'on n'en parle plus.
C'est dommage, parce que le thème est beau. Il y a aussi des choses bien vues, comme ces appartements nus et ouverts sur le monde (un monde de solitaires névrosés, bien sûr) qui répètent sur le mode domestique les abominables open space des bureaux new-yorkais. Tous ces gens qui copulent bestialement contre les baies vitrées, c'est impressionnant... C'est l'image que je retiendrai du film.
Je dirais que c'est là où le thème de la "honte" prend bien. Enfin je crois... L'injonction de visibilité absolue (tiens, on parlait de facebook, ce matin) qui fait qu'on n'a plus nulle part où cacher sa petite misère personnelle.
L'autre chose que j'ai beaucoup aimé (mais qui n'est pas tellement développé parce que l'autre connard passe son temps à faire ses plans) c'est la façon dont le frère et la soeur essaient de se sortir d'un drame commun en empruntant deux chemins opposés (et même non compatibles): une sentimentalité gnangnan pour elle (le chant, les pleurs au téléphone, le maquillage qui coule et les racines qui pointent sous la teinture platine, le chantage au suicide), un érotisme maniaque pour lui (le high-tech, les call-girls, les douches).
Mais j'invite tout le monde à en discuter !
Pour finir, quelques questions de compréhension pour ceux qui ont vu le film (attention, GROS SPOILERS):
Spoiler:
1) est-ce que la fille du métro est la même au début et à la fin ? si oui, faut-il comprendre quelque chose à propos de ses bagues (du genre: la seconde fois, ce n'est plus une alliance, elle a divorcé) ?
2) est-ce qu'il a baisé sa soeur quand ils étaient jeunes ? ou est-ce qu'on ne sait pas trop ?
3) merde, j'ai oublié... ça va me revenir...
Pour moi: 1) oui, évidemment 2) oui, évidemment
mais des gens autour de moi ne sont pas si sûrs.
Posté le: Ven Déc 09, 2011 14:47 Sujet du message: Re: Shame (Steve Mc Queen, 2011)
Hello--Kitty a écrit:
L'amour, c'est regarder dans la même direction etc etc.
Hello--Kitty a écrit:
Il y a aussi des choses bien vues, comme ces appartements nus et ouverts sur le monde (un monde de solitaires névrosés, bien sûr) qui répètent sur le mode domestique les abominables open space des bureaux new-yorkais. Tous ces gens qui copulent bestialement contre les baies vitrées, c'est impressionnant... C'est l'image que je retiendrai du film.
C'est pas mal en effet. Pas besoin de voir le film désormais.
Quand même la grandiloquence de la musique dans la scène du métro, que j'ai vu sur une télé qui a l'air de tout transformer en téléfilm (sauf les Simpsons), j'ai d'énormes difficultés avec ça.
Posté le: Lun Déc 12, 2011 15:58 Sujet du message: Re: Shame (Steve Mc Queen, 2011)
Trollope a écrit:
Quand même la grandiloquence de la musique dans la scène du métro
Alors j'aime beaucoup cette musique, qui me rappelle le score de Michael Nyman pour La leçon de piano. Je m'excuse auprès des mélomanes, mais je n'ai pas les moyens de mentir: j'aime Michael Nyman. En particulier son travail sur Gattaca et Drowning by numbers.
Pour revenir à la remarque de Trollope, je pense que Shame joue beaucoup de cet écart entre l'immense lyrisme de la musique et la trivialité des situations (par exemple: je fais de l'oeil à une coquine dans le métro). J'aime plutôt ça (formellement).
Et là, je viens de lire que cette musique (celle de la bande-annonce) serait la musique de The thin red line (La ligne rouge). Quelqu'un confirme ?
Ever since I saw the trailer for "Shame" I loved the music. Being a huge fan of Hans Zimmer's "The Thin Red Line," I was drawn to the striking similarity. But for the rearranging of a few notes, this piece sounds identical to Zimmer's piece in tone, structure and sequence.
The music follows a very similar rhythm (ticking in the background) and emotional buildup as does Zimmer's piece "Journey to the Line." At the end, the melody sores to high notes using strings just like Zimmer's piece
Posté le: Lun Déc 12, 2011 16:32 Sujet du message:
oh je suis pas un mélomane, attention. Il y a des trucs de Nyman que j'aime bien mais je connais pas la musique de la leçon de piano. Sinon j'écoute jamais de bandes originales sans les films qu'elles accompagnent si ça peut vouloir dire quelque chose.
Posté le: Lun Déc 12, 2011 17:00 Sujet du message:
Mince, ça y est, je cherche le nom d'une chanteuse qui faisait des expérimentations vocales dans les aigus comme ça, une fille qui a beaucoup inspiré Kate Bush... période plutôt 70-80...
Posté le: Lun Déc 12, 2011 17:08 Sujet du message:
Non... C'était pas du tout pop ou rock, c'était plutôt expérimental (je ne sais pas si le terme est bon)... mais c'est assez connu quand même. Je me souviens que Godard avait utilisé un morceau dans Nouvelle Vague (mais là il n'apparaît pas dans la liste des musiques additionnelles sur wikipedia... ce qui me rappelle que dans L'Avant-Scène sur Nouvelle Vague ils avaient noté "on entend des cris d'indiens" au moment de la chanson...
Dernière édition par Hello--Kitty le Lun Déc 12, 2011 17:08; édité 1 fois
Posté le: Jeu Déc 15, 2011 16:27 Sujet du message: Re: Shame (Steve Mc Queen, 2011)
J'en ai marre d'entendre les gens dire que c'est un film sur l'addiction sexuelle. Mais vraiment marre. Il se branle en matant des pornos, il fait venir des call-girls, il culbute une bourge dans les poubelles, il se dégorge le poireau sous la douche... J'ai envie de dire: comme tout le monde ! Il a un appart, un boulot, il présente bien, ça va quoi. Tu parles d'un addict.
Il baise beaucoup, bon, OK, c'est vrai, c'est dans le film. Mais s'il faisait du parachute ascensionnel à la place, ce serait pareil, ça ne changerait pas tant que ça le sujet du film.
Mais je vous dis ça à vous alors que vous n'avez pas vu le film...
Kitty a écrit:
L'autre chose que j'ai beaucoup aimé (mais qui n'est pas tellement développé parce que l'autre connard passe son temps à faire ses plans) c'est la façon dont le frère et la soeur essaient de se sortir d'un drame commun en empruntant deux chemins opposés (et même non compatibles): une sentimentalité gnangnan pour elle (le chant, les pleurs au téléphone, le maquillage qui coule et les racines qui pointent sous la teinture platine, le chantage au suicide), un érotisme maniaque pour lui (le high-tech, les call-girls, les douches).
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