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Super 8 (J. J. Abrams, 2011)

 
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Carton
dans le coma profond


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MessagePosté le: Jeu Juin 16, 2011 20:18    Sujet du message: Super 8 (J. J. Abrams, 2011) Répondre en citant



J. J. Abrams est un réalisateur qui semble travailler à une sorte de fusion entre un cinéma et un imaginaire issu des années 60-70, et une mise en scène complètement contemporaine, très en rapport avec l’image numérique des années 2000. C’était déjà clair dans le projet même de ses précédents films, adaptés de séries télé des années 60, ça l’est encore plus avec Super 8.

Le cœur du film, son âme et son identité, viennent tous d’un regard presque nostalgique et d’un désir de rendre hommage au cinéma hollywoodien de son enfance (il est né en 1966). Le film se passe en 1979, et les personnages principaux sont des enfants qui ont l’âge qu’avait le réalisateur à cette époque. Ceux-ci sont occupés pendant leurs vacances à faire un film de zombies à l’aide d’une caméra 8mm, et c’est tout un récit de science fiction/catastrophe qui va leur tomber dessus.
Abrams, encore une fois, entre dans un cadre de références assez précis, ici le film de genre hollywoodien, tendance Spielberg des débuts, et on pense franchement à ET, Rencontre du 3eme type, Stand by me ou Les Goonies. Ce qui fonctionne particulièrement bien, c’est qu’au lieu d’aborder la chose dans un second degré malin, Abrams y va d’abord à l’affectif, s’attache à raviver une candeur et un plaisir du cinéma qui tiennent plus d’un dialogue avec sa propre enfance qu’à un retour à un cinéma prétendument naïf . Il s’efforce de retrouver quelque chose d’une sensibilité plutôt que d’une forme. Là où le film réussit le mieux, c’est moins dans la citation visuelle ou scénaristique que dans le regard qu’il peut porter sur le groupe d’enfant, et c’est certainement lors d’un échange de bonbon dans une voiture ou la trace discrète d’un rouge à lèvre sur le cou d’un petit garçon que Super 8 fait ressurgir le mieux un monde de l’adolescence issu d’une tradition hollywoodienne.

Si Le film parle de cinéma, c’est avant tout de comment il permet le souvenir, comment il est connecté à tout un univers de l’enfance fantasmé, et de comment il permet la rencontre (regarder la fille pleurer, pouvoir la toucher pour la maquiller, apprendre l’existence des monstres). On n’est pas dans une idée du cinéma-dispositif, dans une réflexion sur l’image et l’enregistrement (le versant Zapruder/De Palma) mais bien du côté de l’émotion et de l’émerveillement (le versant Spielberg donc, producteur jusqu’à l’os du film). Le réalisateur regarde du côté de la candeur plutôt que de la perversion. D’une certaine manière, la pellicule (présence, sensibilité, affects) plutôt que la vidéo (dispositifs, surveillance, froideur)
Cet amour du cinéma de papa passe d’ailleurs par une fétichisation lointaine de la pellicule, un outil déjà d’un autre temps qui nécessitait au mieux trois jours de développement pour pouvoir visualiser ce qu’on avait tourné. La pellicule, c’est aussi le lieu de la trace, ce qui prouve que ça a été, qui peut témoigner d’une présence, soit dans le souvenir de la mère disparue, soit dans la révélation du monstre invisible. Pour Abrams, le retour à une époque cinématographique et à une époque de sa vie passent par un certain amour de la pellicule et sa mise en rapport avec quelque chose d’affectif et d’intime (la caméra du père, le film sur la mère).
C’est très bien mis en tension dans la scène la plus forte du film, où le passage d’un train inattendu oblige la petite équipe de gosses à précipiter le tournage d'une scène de manière à profiter du passage de la locomotive (encore l’idée de présence et d’un cinéma qui en grande partie demandait que les choses arrivent au tournage, devant la caméra). C’est alors un double évènement, celui de la scène à tourner, une seule prise à ne pas rater si l’on veut profiter du passage du train, mais aussi le film catastrophe qui fait son entrée, la grande scène spectaculaire d’où pourra commencer l’intrigue. Ce mélange d’un suspens de l’ici et maintenant du tournage en pellicule et de la dynamique du train en CGI qui va lancer le spectacle imminent, marque la réconciliation entre le numérique et l’argentique, tous les deux alliés dans un même mouvement dynamique de l’action et de la tension, une ode à un certain passé revitalisé par une mise en scène bien contemporaine. C’est un moment qui arrive tôt dans le film, et c’est aussi à partir de là que l’intérêt va petit à petit s’étioler, comme si tout avait été dit et qu’à partir de là il ne restait plus que le scénario à déballer. C’est assez troublant de voir que Abrams n’a pas grand-chose à faire de son film de monstre, et que plus celui-ci serait visible, plus le numérique prendra le pouvoir, et plus le film se fera tiède et ronflant.

Reste un final qui réussit l’émotion en refaisant ET et en détournant la grande scène de séparation en scène de deuil, comme s’il fallait quelque part faire aussi le deuil de ce cinéma là. Car Abrams est malgré tout un cinéaste de son temps, et si sa mise en scène semble peu inspirée par les grands effets digitaux, entre une maquette de train qui se crashe et la même chose à grands renforts d’images 3D, il a tout de même choisi son camp. Le presque dernier plan du film pourrait nous montrer l’horizon esthétique que regarde Abrams, un effet flare numérique seul sur un écran noir, l’affirmation presque absurde de sa signature digitale.

Super 8 est un peu raté, un peu décevant, mais au milieu des navets hollywoodiens qui semblent tous se ressembler, Abrams réussit (tout en restant bien sage dans une tradition et une narration dominante) à être un cinéaste singulier et personnel.
un truc comme 4/6

Ça sort le 3 août.
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Bite Astrale
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MessagePosté le: Jeu Juin 16, 2011 20:54    Sujet du message: Re: Super 8 (J. J. Abrams, 2011) Répondre en citant

le yougo' a écrit:

Si Le film parle de cinéma, c’est avant tout de comment il permet le souvenir, comment il est connecté à tout un univers de l’enfance fantasmé, et de comment il permet la rencontre (regarder la fille pleurer, pouvoir la toucher pour la maquiller, apprendre l’existence des monstres).

Ca c'est très fort, c'est comme si soudainement la situation devenait réalité pour les gamins (qui jusque là continuaient à vivre leur vie tranquillou) seulement à partir du moment où le monstre apparaît...dans un film.
Y a une sorte d'aknowledgement qu'il s'agit d'un monstre de cinéma, qu'il "naît" comme ça, en tout cas à leurs yeux, comme s'ils ne pouvaient y croire que s'il venait (s'était échappé) d'un film.
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Carton
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MessagePosté le: Jeu Juin 16, 2011 21:01    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, ce qui me frappe c'est que généralement au cinéma un dispositif comme ça fait référence à Zapruder, le complot, le secret, alors que là pas du tout, c'est plutôt un enjeu métaphorique.
Bon moi je préfère De Palma, un rapport plus soucieux au cinéma, mais faut bien reconnaitre que Abrams est un des rares en ce moment à tenir la place de l'entertainer qui prend pas son public pour des débiles (tu sais à qui je fais référence, tu vas voir son nouveau film la semaine prochaine. Et tu vas aimer !).
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Bite Astrale
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MessagePosté le: Jeu Juin 16, 2011 21:34    Sujet du message: Répondre en citant

Il y a des débiles parmi ceux qui aiment Bay mais tous ceux qui aiment Bay ne sont pas des débiles.

Suffit de prendre le film pour ce qu'il est : un film d'exploitation décomplexé qui invite le public à être complice et non qui le prend pour un débile!
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Carton
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MessagePosté le: Jeu Juin 16, 2011 21:38    Sujet du message: Répondre en citant

Mais l'exploitation décomplexée c'est pour les débiles, c'est évident.
Moi je refuse l'exploitation.
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Ugolino_Le_Profond



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MessagePosté le: Jeu Juin 16, 2011 21:41    Sujet du message: Répondre en citant


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permets-moi de me laisser d'affirmer que dis oh quoi
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Bite Astrale
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MessagePosté le: Jeu Juin 16, 2011 22:02    Sujet du message: Répondre en citant

le yougo' a écrit:
Mais l'exploitation décomplexée c'est pour les débiles, c'est évident.
Moi je refuse l'exploitation.

Tant pis pour toi!
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MessagePosté le: Jeu Juin 16, 2011 22:42    Sujet du message: Répondre en citant

Ugolino_Le_Profond a écrit:


Quand tu fais une blague par dessus ma blague, ça donne l'impression que t'as pas compris que c'était une blague.
Sinon je refuse que Lorenzo Lamas ait le monopole du nom.


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Ugolino_Le_Profond



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MessagePosté le: Jeu Juin 16, 2011 23:25    Sujet du message: Répondre en citant

le yougo' a écrit:
Quand tu fais une blague par dessus ma blague, ça donne l'impression que t'as pas compris que c'était une blague.

Ca ne donne cette impression qu'aux débiles, parce que ce n'était pas une blague.

le yougo' a écrit:
Sinon je refuse que Lorenzo Lamas ait le monopole du nom.

Parce que tu crois que tu mérites autre chose que Lorenzo Lamas?
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permets-moi de me laisser d'affirmer que dis oh quoi
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Carton
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MessagePosté le: Ven Juin 17, 2011 1:04    Sujet du message: Répondre en citant

Ugolino_Le_Profond a écrit:

Ca ne donne cette impression qu'aux débiles, parce que ce n'était pas une blague.

C'est ma blague qui ne serait pas une blague ou c'est ta blague qui n'est pas une blague ? C'est pas clair tout ça.

Ugolino_Le_Profond a écrit:

Parce que tu crois que tu mérites autre chose que Lorenzo Lamas?

Personne ne mérite Lorenzo Lamas.
Tu fais ton grognon parce que j'ai dit du mal de Bay ? Je pensais pas que tu appréciais ce réalisateur au point de te sentir obligé de doubler ton nombre de posts mensuel. Fallait pas.
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Kuni l'hungus
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Localisation: A votre avis? Enfin si je le trouve.

MessagePosté le: Ven Juin 17, 2011 2:40    Sujet du message: Répondre en citant

Quoi? Lorenzo Lamas est une insulte?
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Independent Film!! You know it's like killing babies. [...] If you kill babies and you don't believe in it then that's bad. [...] You know, if you are killing babies and you believe in it, then you are doing something you believe in.
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Tiny
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MessagePosté le: Ven Juin 17, 2011 16:13    Sujet du message: Répondre en citant

Rolling Eyes
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