Contagion (Steven Soderbergh, 2011)

[Hello--Kitty]

Un virus mortel se propage sur la planète. Médecins, blogueurs et quidams font leur job.


Ce qui fait passer le temps, dans Contagion, c'est que le film est immédiatement politique, d'une manière claire et franche. Phase 1: la mondialisation des échanges est un terrain propice à la propagation fulgurante des maladies. Phase 2: face aux épidémies, le meilleur moyen de se protéger consiste à ne plus rien toucher, ni les autres, ni les objets, ni même son propre visage.

Mondialisation / Protectionnisme. L'un des intérêts du film est d'exposer nettement cette névrose moderne: la volonté d'être présent partout dans le monde combattue par l'envie de se terrer, se recroqueviller chez soi. On est partout, on n'est nulle part.

Comme le dit plus ou moins l'affiche, la peur fait plus de mal que la maladie (pillages, comportements irrationnels, stupidité mortelle des blogueurs, trahison des responsables de la santé publique qui cèdent au délit d'initié). Et quand vient le temps de la grande vaccination, l'idéal démocratique planétarisé ne parvient à s'incarner que dans une assez cocasse bouffonnerie télévisuelle.

Spoiler: (très belle scène du loto de la vaccination)

Très habilement, Steven Soderbergh développe son récit en terrain mixte, à mi-chemin des habitudes du film-catastrophe (la petite dizaine de galeries de personnages, leurs drames, leur courage, leur lâcheté, leur façon de se racheter) et des goûts du moment (le virus du film-chorale ayant depuis longtemps contaminé le grand corps malade du film de production moyenne surcasté).

On retrouve tout le long cette capacité qu'a Soderbergh à souffler le chaud et le froid, sa façon de faire vibrer très rapidement certaines scènes en misant tout sur les acteurs tout en en filmant d'autres "du point de vue du frigo" (je pense à sa manie d'aller fourrer sa caméra dans un coin reculé de la pièce, de préférence au grand angle pour accentuer les distances). D'une manière assez symptomatique, les plans chocs du film sont ceux qui précipitent en gros plan les blondes actrices hollywoodiennes dans l'obscénité des gestes cliniques :

Spoiler: 1) le plan d'hallu de la découpe du crâne de Gwyneth Paltrow, et son effet comique d'un goût douteux 2) le visage de Kate Winslet dans son sac plastique au rabais

Des scènes bleues, d'autres dorées: l'étalonnage numérique permet toutes les impuretés, comme si on passait d'une pub à l'autre. Il y a une forme d'indifférence dans ce filmage-là. Ce qui est gagné dans une scène n'est pas du tout capitalisé. La musique (Cliff Martinez) dramatise à peine, elle n'est qu'une pulsation non thématique.

Il y a beaucoup de talent par moments (les scènes de casino de Gwyneth Paltrow "flash-backées" au milieu du film tandis que Marion Cotillard visionne les bandes des caméras de sécurité) et quelques maladresses difficiles à pardonner (l'adultère considéré comme le ground zéro de la pandémie).

3/6
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Personne nous piquera Kitty! Il est à nous désormais. Il va falloir raquer cher pour un transfert , ne serait-ce que d'un post. Kitty, mon jouet star de Noël.

[Hello--Kitty]

J'ai lu hier que Soderbergh avait visionné 5 fois The Social Network l'année dernière. Je comprends mieux pourquoi dans Contagion on a l'impression que le score de Cliff Martinez essaie de plagier (mal) le travail de Trent Reznor.

[Kuni l'hungus]

Périlleux. Périlleux de faire un film sur le sujet en changeant périlleux de rester dans un angle abituel de propagation sans tomber dans le téléfilm;
Soderbergh ne tombera bien entendu jamas dans le deuxième cas, on peut au moins lui reconnaître ça. Mais de tentative on pourra dire, que celle-ci rate son effet.

J'ai beaucoup de mal avec Soderbergh, depuis traffic, comme à chaque fois que son "réalisme" -la suite montrera opurquoi cette prétention a droit aux guillemets- me donne l'impression qu'il filme volontairement à côté. je vois que l'homme sait ce qu'il veut et que c'est exactment ce qui ne me va pas. ici l'échec de la démarche me semble avoir atteint son point culminant. L'impression que tout est filmé à côtéme semble ici largement rater l'humain. je ne parle pas ici du sensationnel, mais de l'humain.

Ce qui demeure en moi après avoir vu ce film, c'est que la contagion s'effecute dans des bureaux, sous des titres, dans des organisations, que la lutte est là et que le vérité se distribue dans les coulisses de ceux qui ne voient pourtant rien. Et j'ai du mal à crorie que ce soit cette difficulté de coller au vécu qui soit montrée, de part les tentatives de monter des liens.

J'ai beaucoup pensé à Romero en voyant ce film, à un plan en particulier: celui de l'emission de télé dans zombie où l'on voit les caméras et le dispositif de protection bureaucratique, médiatique, politique et télévisuel.

La où la caméra prétend chez Soderbergh monter ce qu'il se passe là où a vraiment lieu la lutte, dans ces coulisses que nous ignorons, on observe chez Romero que la quasi-impossibilité de l'affrontement, de la mesure d'une catstrophe, et du regard vers l'autre.
Ce sera d'ailleurs au centre de Diary, film si injustement décrié quand on voit comment celui peut être encensé alors qu'il passe à côté, même en deça des questionnements méthodoligco-éthiques du film de Romero.
l'un montre la diffculté de parvenir à saisr l'évenement, à ne pas tourner la caméra vers soi, ne pas s'en servir comme dispositif de rotection, l'autre ne fait que nous faire croire que la lutte se joue là où l'on ne le voitpas, c'est à dire ceux qui entendent protéger. L'un cherche la vie l'autre l'oublie volontairement. La vie -ici la contamination - n'est chez Sodebergh montrée que lorsqu'elle touche les instances protectrices et ne fait que servir de pretexte à l'illusion qu'ils la touchent (soit quand Cotillard ou Winslet se déplacent... soit à partir du personnage de Damon qui a reçu en quelque sorte l'onction).


Donc j'ai depuis longtemps beaucoup de mal avec la démarche et ici malgré l'audce de a tentative, j'ai l'impresion que, sil le film passe à côté de tout -je suis aussi sorti avec l'impresion aussi qu'il n'avait jamais commencé- le résultat en est grave quant au sujet traité.

Un autre petit détail qui m'a tué. la partie avec Cotaillard est grotesque. (le plan sur elle en maîtresse d'école, dans un village chinois qui ressemble à une colonie indochinoise... surréaliste; le fait qu'elle apprenne au sujet du médicament une fois à l'aeroport alors qu'ils se le demandaient dans la voiture, l'ellipse complètemetn manquée en général, l'absence de traitement). Sur cette partie, je me suis senti agressé.

Tué par Romero/6.
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