kleber dans le coma profond
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Posté le: Sam Avr 16, 2011 18:23 Sujet du message: Hygiénisme partout |
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Citation: | [Source : libé.fr]
Prostitution: l’Etat veut faire payer le client
Dans un rapport rendu hier, des députés proposent de créer un délit d’achat de service sexuel.
Par ALICE GÉRAUD Lyon, de notre correspondante, MICHEL HENRY, THOMAS PONTIROLI
La mission parlementaire d’information sur la prostitution a un but ambitieux : «En finir avec le mythe du "plus vieux métier du monde"». Car la prostitution est une «violence» subie, en majorité par des femmes. «Dès lors, la perspective des politiques publiques ne peut être que celle d’un monde sans prostitution», écrit la mission. Qui a aussi une méthode, proposée hier en rendant son rapport: pénaliser le client.
[Lire ici le rapport en intégralité, en pdf]
Pourquoi pénaliser ?
Gauche et droite s’accordent sur le diagnostic. Il faut «s’intéresser au client, longtemps passé sous silence mais acteur central de la prostitution». Objectif : «Lui faire prendre conscience des implications de ces actes.» Et donc, le pénaliser. En créant, par une loi, un délit sanctionnant le recours à la prostitution d’une peine de six mois de prison et de 3 000 euros d’amende. «La responsabilisation du client ne constitue que l’un des aspects d’une politique d’ensemble», précise la mission, qui souhaite un meilleur accompagnement social des prostituées, et une lutte contre la traite.
Pour Guy Geoffroy, rapporteur de la mission, «neuf prostituées sur dix sont exploitées». La prostitution est donc d’abord, pour le député UMP, une question de dignité humaine et d’inégalité hommes-femmes.
Selon la mission, la prostitution «ouvrirait des droits sur le corps d’autrui, notamment féminin, entérinant dans les esprits l’idée qu’il s’agit d’un produit disponible que tout homme peut légitimement s’approprier». La pénalisation corrigerait cette idée.
Et elle peut se révéler efficace, assure Guy Geoffroy : d’après une évaluation réalisée en 2010 en Suède, la prostitution de rue a diminué de moitié, passant de 800 à 400 personnes en dix ans, après la loi de 1999 pénalisant les clients. Mais il y a eu un possible report dans les pays voisins ou à bord de ferrys sur la Baltique. La pénalisation peut aussi être populaire : si seulement 30% des Suédois l’approuvaient en 1999, ils sont 75% aujourd’hui, selon Geoffroy.
En France, un homme sur huit a déjà eu recours à une prestation sexuelle tarifée, selon le Nid (association de réinsertion des victimes de la prostitution). 18 000 à 20 000 personnes se prostituent dans l’Hexagone, dont près de 80% de femmes. Selon une étude du Nid en 2004, 37% des clients vivent en couple, 50% sont pères de famille.
Les clients iront-ils vraiment en prison ?
«Le but d’un tel délit ne serait pas, bien entendu, d’emprisonner tous les clients», indique la mission. En Suède, sur 650 clients punis depuis 1999, aucune peine de prison ferme n’a été prononcée, uniquement des amendes. Le but est plutôt «d’indiquer aux clients quelles sont les conséquences potentielles de leur acte». La première infraction ne donnerait lieu qu’à un rappel à la loi. La mission préconise une entrée en vigueur «différée» de la nouvelle infraction : pendant six mois après la promulgation de la loi, on se limiterait à faire de la «sensibilisation» auprès des clients.
Autre mesure proposée, en complément : prescrire au client de «fréquenter une structure par exemple associative, l’informant sur la réalité de la prostitution». Ce serait une «obligation de soin» comme celles qu’on inflige aux toxicomanes. On rencontre ce genre de structures aux Etats-Unis et au Canada sous le terme d’«écoles de clients». Petit hic, que Claude Guéant, le ministre de l’Intérieur, rappelait la semaine dernière : pénaliser les clients pose un problème de droit. «Il est difficile de faire de la pratique du client un délit puisque la pratique de la prostitution n’est, elle, pas un délit.»
Les prostituées seront- elles mieux protégées ?
Pour les associations et syndicats de défense des droits des prostituées, très majoritairement opposés, la pénalisation est une mesure «liberticide». Elles relèvent que les parlementaires de la mission, présidée par la socialiste Danièle Bousquet, confondent trop souvent prostitution et exploitation. Or, selon Tiphaine Besnard, du Strass (syndicat des travailleurs du sexe), «90% des prostituées le sont par choix». Selon lui, seule «la légalisation de la prostitution permettrait de mieux déceler l’exploitation et de lutter contre».
Les associations sont surtout inquiètes des risques de précarisation (lire ci-dessous) : avec un client devenu délinquant, les prostituées n’auront plus le temps de le choisir, elles devront s’isoler. «La pénalisation des clients risque de baisser leur nombre et d’amoindrir les revenus des prostituées. Celles-ci craignent une augmentation du non-paiement des passes, donc des viols, accompagnés d’actes violents», explique Tiphaine Bernard. Sans compter les «conséquences sanitaires»: Act-up craint un recul dans l’utilisation des préservatifs.
«Il y a aussi derrière ce projet une vraie injustice sociale, ajoute Karen, porte-parole des prostituées lyonnaises. Cette mesure ne touchera pas la prostitution de luxe. Mais les petites prostituées et leurs petits clients.» Il y a quelques semaines, Sarah-Marie Maffesoli, du collectif Droit et prostitution, concluait ainsi les assises nationales de la prostitution à Lyon : «Pénaliser le client est un moyen détourné pour prohiber la prostitution. Cela pose la question de la liberté sexuelle de chacun. C’est une loi symbolique, portée par des féministes d’arrière-garde.» |
"Gauche et droite s'accordent sur le diagnostic [sic !]", c'est quand même rarement bon signe. |
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