kleber dans le coma profond

Inscrit le: 07 Nov 2010 Messages: 212
|
Posté le: Ven Mar 04, 2011 1:35 Sujet du message: L'homme qui aimait les femmes (Truffaut, 1977) |
|
|
Comme il y a de grands cinéastes des désirs contrariés (par exemple Minnelli), il y a ceux, comme Truffaut ici, du désir épuisé : soit lorsque ce dernier ne trouve plus à s’incarner que dans des fétiches (lingeries, jambes, et non plus comme métonymies du corps mais en tant que telles) ou des simulacres (photos, mannequins de plastique, — toutes les déclinaisons de la trace ou du souvenir) ; un désir jamais au présent, mais condamné à souffler sur les braises de la chapelle ardente (la fameuse Chambre verte) ou, à l’inverse, à s’adorer lui-même, dans l’attente toujours déçue d’une apparition. C’est ce qu’éprouve ici le personnage de Charles Denner, qui ne semble vivre que pour posséder une à une les manifestations sensibles de cette grande Idée : la Femme ; mais cette possession, d’ailleurs reléguée dans le hors champ, importe peu au regard de la quête, tout collectionneur conséquent le sait (de femmes comme de films, même de papillons). Etc. Jusqu’ici, rien finalement que de très commun.
L’étonnant est que, dans le film, Truffaut fasse du catalogue des amours un peu convenu l’objet du livre qu’écrit devant nous Charles Denner, personnage que l’on sait mort dès le premier plan. Si l’amour de Truffaut pour la littérature est bien connu — les auteurs Nouvelle Vague sont souvent des écrivains manqués —, on découvre ici que, comme celui du cinéma, il s’accompagne de son revers, son verso resté blanc : l’obsession de la pulsion de mort au travail dans l’œuvre d’art, pulsion qui est aussi, bien sûr, constitutive de la compulsion sexuelle. D’où les nombreuses relations établies par la mise en scène entre les femmes, les livres, et la mort sous ses différentes formes : sonnerie étale d’un téléphone lorsqu’une femme raccroche, visages soudain trop proches, fondu au noir prolongé une seconde de trop, castrations plus ou moins symboliques, hitchcockismes divers et variés…
Autre procédé, plus littéraire, ici donc particulièrement adapté : la circulation des voix-off et des temps du récit, qui ont pour effet 1) d’éloigner toute chose dans une représentation, décalquant ainsi le temps de ce fameux désir différé/épuisé et 2) par conséquent de nuancer le film d’une mélancolie bien éloignée de l’image du Truffaut sage, qualitéfrance, des derniers films : sèche, atone, blanc cassé — comme certaines lumières d’Almendros. Mais, surtout, diffuse. Les films de Truffaut ont le charme discret de la discrétion. |
|
Alexia dans le coma profond

Inscrit le: 10 Fév 2010 Messages: 581 Localisation: Ur
|
Posté le: Ven Mar 11, 2011 11:56 Sujet du message: |
|
|
(ZéroRéponseThon ! ):
En fait, ce dont je me souviens surtout dans ce film - et ça me fascine toujours - c'est du bruit du claquement des talons hauts sur le bitume! j'adore ce bruit, cette régularité. Ca crée un état second. Et Truffaut l'a repris dans "Vivement Dimanche", on voit Fanny Ardant passer et repasser avec ses talons devant un soupirail (je crois), pour se faire admirer de l'homme qu'elle convoite et qui la regarde. (Autant dire que j'ai aimé "Talons Aiguilles" rien que pour ça!) _________________ Thalatta!Thalatta! |
|