Kuni l'hungus dans le coma profond

Inscrit le: 10 Fév 2010 Messages: 1789 Localisation: A votre avis? Enfin si je le trouve.
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Posté le: Jeu Mar 03, 2011 2:24 Sujet du message: Chant des mers du sud (Marat Sarulu, 2008) |
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Mon premier film kirghiz, je crois. Bah c'est pas mal.
Sur un fond assz banal d'histoire de couples, de suspicions et de tromperies (ou pas), on trouve ici un film qui dresse discètement un état des lieux de ces territoires désolés et mis quelque peu en foutoire depuis au moins le dernier siècle. Et le film se tire très bien de choses qu'on aurait pu croire casse-gueules (histoires de peuple, de régimes, trucs un peu faciles de toute part) grâe à sa grande justesse. Ce film sait toujours où et comment porter le regard, que ce soit sur des plans en apparence anodin, ou dans ses évocations de l'histoire. On est très loin d'une certaine tendance du cinéma russe du genre "Papa revient de l'armée rouge", qui te font tous les poncifs sur l'URSS, alors que les thèmes abordés sont pas si différents, et on est aussi très loin d'un humanisme niais en régions frontalières du type "ouais, on est tous des copains". Donc la lucidité est grande, mais aussi la pudeur, et c'est le grand talent de ce film d'aborder les choses franchement mais avec pudeur, de savoir détourner la caméra, ou de ne pas trop parler, de laisser parler l'image, mais aussi de la laisser fuir, ou de lui laisser une porte de sortie au gré du courant. Pour autant, elle n'évite pas ce qu'elle a à traiter, mais au contraire le prend à l'image, tout en se laissant porter. Ca donne un regard très détaché, mais qui affirme franchement ses crises, en les montrant, puis en détournant le regard. Le travail sur le rythme, les angles, et les distances est en ce sens admirable, et la lenteur apparente n'empêche pas que l'on ressent cette espèce de force russe de campagne, celle qu'on trouve chez Gogol, par exemple. Et la distance permet ausside traiter les choses comme quelque chose de plus universel qu'une histoire russe, prenant le parti d'aborder les circonstances sans pour autant s'y faire engloutir.
Ce film se distingue donc par son humanité, sa pudeur, et sa force. Ce qui n'est pas mal et pas facile à concilier.
Le Kirghizstan c'est chouette/6. _________________ Independent Film!! You know it's like killing babies. [...] If you kill babies and you don't believe in it then that's bad. [...] You know, if you are killing babies and you believe in it, then you are doing something you believe in. |
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