Laboze dans le coma profond

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Posté le: Mar Mar 01, 2011 20:57 Sujet du message: Rio Sex Comedy |
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Charlotte Rampling incarne un chirurgien esthétique britannique espiègle et insolente, déterminée à dissuader quiconque voudrait passer sous le bistouri. Irène Jacob est une anthropologue française dont les préoccupations libidinales, situées entre son mari Jean-Marc Roulot et son beau-frère à lui, Jérôme Kircher, l'emportent sur sa conscience politique.
Bill Pullman campe un ambassadeur américain perturbé qui fuit ses responsabilités en se cachant dans l'une des favelas les plus dangereuses de Rio. Là, il devient complice des manigances de Fisher Stevens, un guide touristique, doublé d'un escroc romantique.
Jonathan Nossiter, connu en France pour son doc sur le vin Mondovino (pas vu...), signe une sorte de film décadent, telenovela trash, un film très libre en terme de narration et de fabrication. Les 350 heures de rush qui ont été montés sont issus de documentaire réalisé par Irène Jacob, de scènes scénarisées et découpées (classiquement), de prise dans la rue, scènes réécrites ou improvisées par les acteurs ou l'équipe technique. 5 mois de tournage dont se demande comment ils ont été produits, pour une bizarrerie rafraîchissante, rare.
On retrouve ce que Nossiter a pu tenter avec "Losing the Thread" (qui change de titre du reste pour finir sur: "Who is losing the thread?" au début du générique de fin. On trouve le film en bonus du dvd Resident Alien, doc autour de la figure de Quentin Crisp, icône gay éxilée à New York). Dans Losing the Thread donc, Nossiter, du haut de sa position de réalisateur, s'essaye à un portrait d'un ami artiste, nullard égocentrique et obsédé, destiné à l'élever au rang de personnage maudit d'une Florence montrée comme piège à retraités cultureux. Mais l'échec est probant, le Van Gogh promis se révèle être vite, au mieux, un escroc et Nossiter comprend sa pose: sa caméra ne sera que le reflet de son propre égo, et la promesse même d'une prise de parole se dilue brutalement, dans un précipité violent (c'est assez douloureux à voir).
C'est sans doute un conscience de la faillite d'une maîtrise, de l'image de cette maîtrise, qui l'a mené à repartir avec justesse les rôles avec Rio Sex Comedy. Je vous invite à aller le voir, en salle, l'économie du film étant très fragile, et il serait dommage qu'un cinéma si ambitieux passe pour un film de plus.
Laboze |
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