Posté le: Sam Sep 04, 2010 23:53 Sujet du message:
Mieux que celle de "Glamour" (eh oui c'est ça d'avoir une meuf chez soi ):
"Une bataille d'Hernani version 2010 entre des Anciens reprochant au film son côté prétentieux (beau mais chiant, pour résumer) et des Modernes hypnotisés par l'univers visuel de Weerasethakul et prêts à s'abandonner sans chercher une quelconque logique à ce récit (chiant mais beau, donc). C'est la Palme d'Or dans sa version exigeante et un peu carricaturale. Oncle Boonmee reste inaccessible. On lui aurait plutôt donné le Prix de la mise en scène pour son audace formelle."
Posté le: Dim Sep 05, 2010 10:25 Sujet du message:
Je n'avais vu que "Syndromes and a century", qui m'a paru plus audacieux et fort même si je rejetai pas mal la seconde partie (mais bon je ne me souviens presque plus du film).
Celui-ci m'a paru beaucoup plus accessible... En fait c'est vraiment simple pour peu qu'on accepte son rythme (d'une belle maîtrise), idem pour les thèmes même si ici ils sont très explicitées. J'ai presque envie de dire que ça peut faire figure de film très populaire en dehors de son aspect culturel, surtout parce qu' il y a une vraie générosité de palpable qui peut toucher assez large. Il y a sans doute par contre un risque avec la palme d'en faire un vrai objet exotique. Sinon j'ai beau avoir vu que deux films du réal, j'ai le sentiment de voir une langage déjà bien rôdé. Je vais tester les deux autres.
Par contre au niveau mise en scène je trouve ça aussi plus sage que "Syndromes" à part le prologue... On dira poliment que c'est plus serein et maîtrisé peut-être? Le film mélange théâtral, féerique et arty en n'évitant pas certains clichés (le passage dans la grotte et le montage photo, la chanson pop à la fin...). A ce titre je comprends aussi pourquoi ça a pu faire délirer Burton, le film vaut presque plus par les étrangetés de son contenu que par une forme qui en soit est très discrète à part le dernier tiers qui dérape un peu avec les passages suscités.
Posté le: Dim Sep 05, 2010 11:07 Sujet du message:
Pourquoi des clichés? Ces passages en particulier m'ont beaucoup impressionné, j'ai trouvé ça très sensible et fort... Mais bon moi le film m'a transporté presque du début à la fin, une de ces séances quasi-mystiques qui te donne l'impression de voir le medium cinéma poussé à son maximum dans le rendu sensible du vivant et de son environnement.
Ce qui m'a aussi beaucoup plu est qu'on est aussi à mille lieu du cinéma prétentieux comme le décrivent ces crétins de "Glamour". Le film est parcouru par un humour et une sérénité qui n'a rien besoin de prouver; il n'a qu'a faire éprouver.
Posté le: Dim Sep 05, 2010 11:31 Sujet du message:
La symbolique de la grotte , le basculement plastique avec cette lumière très crue, ces gros plans en caméra porté qui défilent très vite, puis ces paysage "2001" avec bourdonnement sonore au révéil
Les photos c'est une incursion du politique que je trouve mal foutue, un type de représentation éculée aussi... En l'état j'ai trouvé que la dernière partie ressemblait à une parodie d'art et essai, c'est pas méchant mais ça arrive comme un cheveux.
Posté le: Dim Sep 05, 2010 11:45 Sujet du message:
Averroès a écrit:
Ce qui m'a aussi beaucoup plu est qu'on est aussi à mille lieu du cinéma prétentieux comme le décrivent ces crétins de "Glamour". Le film est parcouru par un humour et une sérénité qui n'a rien besoin de prouver; il n'a qu'a faire éprouver.
Enfin quelqu’un qui a ses yeux, son cœur et ses sens en éveils.
Bien sur que le cinéaste n’a rien à prouver, il ne fait que proposer, partager, je ne le trouve jamais dans la pose arty ou intello, alors qu’il aurait été là si il n’avait pas été sincère du début à la fin. De toute façon je reste convaincu qu’on ne reste pas trois ans et demi dans la jungle à concevoir un film pour une simple posture auteurisante. Le cinéaste filme ce qu’il connait, ce qu’il aime, ce qui l’intrigue, le fascine, lui apporte du bonheur, de l’épanouissement, mais avec toujours une sacré douleur derrière, on est jamais dans la béatitude zen, ça va beaucoup plus loin que ça. Je trouve que le film à la profondeur inouïe des contes mythologiques les plus simples.
Il est rentré dans un trip mystique pendant trois ans dans ce lieu, il nous le fait partager avec le moins de barrière possible entre lui-même et le spectateur, on est en prise directe avec l’homme. Le film est donc comme ceux que j’aime, au final très peu technique, ou alors la technique sert une sensibilité ouverte comme rarement, du coup il s’agit d’un film inimitable, pas refaisable, un documentaire sur son propre tournage, comme le sont les grands films pour moi.
Il n’est jamais intello car il n’impose rien justement, il met carte sur table dès le départ, il ne joue pas avec le spectateur, c’est clair dès le début si on va rentrer dedans ou pas, si c’est pour nous. Il propose une expérience spirituelle, une expérience de croyance, mais il la propose juste, au spectateur de choisir si il monte dans sa barque ou pas. Je trouve ça magnifique, une simplicité et une « naïveté » qui me font penser aux premiers Kiarostami. Il pose des gorilles fantômes, il ne les amène pas, ils sont là c’est tout, c’est comme ça, pour lui ils sont là, dans ce lieu, dans cette magie si particulière. L’avantage avec un type qui connait si peu le milieu du cinéma si pourrave, c’est qu’il n’est jamais tenter de faire un film, il fait du cinéma, c’est nettement plus fort.
Faudra que j’écrive sur ce film, quand je l’aurai vu une deuxième fois. Car ce n’est en aucun cas beau mais chiant, ça c’est Tarkovski… De toute façon faut arrêter avec ces phrases débiles, si on aime un film on ne peut pas se faire chier devant, c’est une aberration… Et si on trouve un film beau mais chiant c’est qu’on a de mon point de vue une sale manière de chercher du beau dans un film, et on désigne comme arty un film qui ne l’est absolument pas. Oui il stylise, mais il prend son temps, il raccorde au tout, y a une vibration irradiante qui passe d’un plan à l’autre, ce n’est jamais un enchainement de tableau… Quand il stylise un plan c’est la même recherche que sur les autres plans, seulement le contexte change, la vibration n’est plus la même… Comme le prouve la fin, beaucoup moins « belle », avec pourtant des cadrages similaires, une même démarche, mais le lieu de la chambre est moins magique, moins vibrant, donc le film s’aplatit… Magie de Weeraséthakul de se sortir lui-même de son trip en faisant ça, sans forcer, juste en changeant de lieu, en cherchant ce qui se passe dans ce dernier lieu… Il nous en fait sortir nous aussi. Je crois que c’est la première fois que je vois un geste autant humble au cinéma, affirmer que ce mysticisme est une expérience mais jamais une finalité, que c’était une recherche de sensation, qu’il faut en sortir, en revenir… Le cinéaste qui nous ramène lui-même de son voyage, il ne nous laisse pas rentrer à pied, non il veut qu’on parte aussi serein que lui après ce voyage. C’est vrai que c’est très intello ce genre de démarche ! J’vous jure….
Posté le: Dim Sep 05, 2010 14:25 Sujet du message:
Citation:
Il nous en fait sortir nous aussi. Je crois que c’est la première fois que je vois un geste autant humble au cinéma, affirmer que ce mysticisme est une expérience mais jamais une finalité, que c’était une recherche de sensation, qu’il faut en sortir, en revenir… Le cinéaste qui nous ramène lui-même de son voyage, il ne nous laisse pas rentrer à pied, non il veut qu’on parte aussi serein que lui après ce voyage.
Oui voilà, moi y a pas que les trips muets du film qui m'ont touché, j'ai aussi adoré cette douce redescente sur terre avec le passage comique du jeune moine, c'est un peu "notre bonne vieille civilisation est belle aussi", avec ses douches, ses pc pour chatter; et le mec qui fait ses comptes dans le café, ce morceau de rock final qui explose au moment d'un cut sur la femme, le moine et la fille affalés devant la télé... qui vient souligner encore la beauté de la quotidienneté. C'est de l'humour mais pas de l'ironie.
C'est sûr qu'on est loin de la pose genre "retournons dans la nature y a que ça de vrai".
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