Another year (Mike Leigh, 2010)

[Averroès]

J'attendais peut-être un peu plus de ce film vu les échos. Mais au final un beau petit film quand même. A partir d'idées simples (le film ne dit effectivement pas grand chose de plus que son constat de départ, comme le dit quelqu'un sur FDC (mais on pourrait facilement argumenter qu'il s'agit là du message principal du film: rien ne change, pessimisme complet)), Leigh montre la dépression, qui ne peut se raccrocher à rien et qui ne peut que faire du mal à l'entourage de la personne dépressive. C'est une mise à nu de la tristesse ce film, dans une mise en scène épurée. En tout cas un grand film d'acteurs. Pas forcément ultra-enthousiaste sur le coup mais il va sûrement me rester en tête et bien vieillir.

4,5/6

[Baudruche]

Je viens de voir le film cet après-midi et je suis finalement déçu ou plutôt partagé. Another Year n'est pas rien mais reste au final assez superficiel, la faute peut-être à des personnages qui manquent de profondeur humaine et psychologique car ils ne font que passer ou ne changent jamais (le fameux couple Tom et Gerri). Le film aurait aussi gagné à être plus court, certaines longueurs se faisant durement ressentir. Rien à dire par contre sur la mise en scène, le jeu des acteurs et cette façon de dérouler la narration par petites touches même si cette segmentation du film en 4 saisons reste inutile voire idiote: évidemment en été tout va bien et en hiver tout va mal... Le thème d'Another Year ne serait-il pas l'hospitalité ou à quel point peut-on acceuillir la mélancolie des gens ? Un film inégal donc, qui me cueille un instant et me laisse perplexe l'instant d'après.

(quelque chose comme 3/6)

[Hello--Kitty]

Tom et Gerry forment un couple outrageusement heureux. Autour d'eux gravitent famille et amis qui n'ont pas la même chance.




La dame assise à côté de moi a soupiré à la fin de la séance: Ahhhh... Ce que j'aime avec le cinéma anglais, c'est qu'ils utilisent de VRAIS acteurs !... Que voulait-elle dire exactement ? Sans doute, en premier lieu, que ce cinéma-là préfère les physiques disgracieux aux faciès de jeunes premiers (le jeune fils de la maison est assez laid). Et aussi qu'on se demande quelquefois où ils sont allés les chercher (Ronnie le frère aîné, par exemple).

Pour le reste, Mike Leigh se débarrasse avec beaucoup d'habileté des qualités habituelles du cinéma anglais (la fameuse justesse de la description sociale) dès le premier quart d'heure. Gerri est psychologue, Tom est géologue, leur fils est aide juridique: 3 petites scènes très belles esquissent à peine le thème de la relativité des misères de l'histoire personnelle (dépression, insomnie, maladie) au regard de l'indifférence de l'Histoire avec un grand H, celle que Tom le géologue extrait du sol anglais en de belles carottes bien noires, avant de s'en aller bêcher son petit jardin à lui. Nous ferons bientôt partie de l'Histoire, nous aussi, dit à peu près Gerri, blottie contre Tom dans le lit conjugal. On les envie.

Tom et Gerri (oui, comme Tom et Jerry) sont bons, accueillants, généreux. Ils savent cuisiner et recevoir, ils acceptent les failles des autres et semblent vouloir leur bien. Ils sont épuisants de qualités. Autour d'eux, ça dérouille un peu: une collègue de travail alcoolo et limite nympho (Mary), un vieil ami boulimique et déprimé (Ken), un fils qui pourrait bien finir vieux garçon (Joe), un vieux frère endeuillé en conflit avec son seul fils. Drames terribles du vieillissement et de la solitude. Ceux-là, on ne les envie pas du tout, et on se dit qu'il vaut mieux ne pas finir seul, dans la vie.

Ce qui rend le film passionnant, c'est cette confrontation, deux heures durant, entre le vieux couple popote et hospitalier et les amis qui sont à deux doigts de partir en quenouille. Les dialogues, en épousant constamment le style anglais du second degré et de l'autodérision, maintiennent une tension étonnante.

La construction en 4 saisons (printemps - été - automne - hiver - pour ceux qui ne connaissent pas leurs saisons), la longueur des séquences, la simplicité assumée du découpage et diverses idées de scénario (les mésaventures off de Mary avec sa petite voiture rouge, par exemple) donnent à Another Year un petit air théâtral assez déplaisant. On se dit parfois que Mike Leigh est un dramaturge plus qu'un cinéaste. La direction d'acteurs est souvent pataude, par exemple avec Ken le gros dégueulasse, qui vient au déjeuner en tee-shirt crasseux et pantalon de survêtement (alors qu'il espère y séduire Mary) et parle la bouche pleine, s'essuie le front avec sa serviette sale, etc. C'est très chargé et insupportable de théâtralité.


Ken le dégueu et Mary l'alcoolo

Tout semble alors sur-signifiant (en particulier les costumes, voir l'évolution du personnage de Mary) et le regard prétendument humaniste du film se dégrade en quelque chose de limite condescendant. Heureusement, des personnages méchants ou mutiques débarquent enfin (Carl, le neveu, petite frappe hargneuse et soupe au lait) et le vieux couple gentil finit par montrer un peu de mesquinerie et de conformisme bourgeois.



Par son côté so Diaphana, so Télérama, par sa façon de se délecter de situations dramatiques banales, le film est horripilant. Il reste malgré tout un portrait de groupe réussi, que les fans qualifieront sans doute de "tchekhovien", et un film assez cruel sur (attention: poncif) le caractère injuste de l'existence.


3.5/6.
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Personne nous piquera Kitty! Il est à nous désormais. Il va falloir raquer cher pour un transfert , ne serait-ce que d'un post. Kitty, mon jouet star de Noël.

[Averroès]

Oui c'est bien vu le terme "so Telerama". Moi ça m'a empêché d'aimer mais je comprends qu'on soit agacé.