Bicéphale
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Posté le: Dim Déc 09, 2012 12:32 Sujet du message: Comment dresser un cheval (Ronald Grandpey, 2012-?) |
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Le huitième numéro de Comment dresser un cheval, suite de mini-zines en téléchargement libre réalisés par Ronald Grandpey, est paru ces jours-ci.
Après l'avoir lu, je m'en suis allé survoler les notes que j'accumule sur Frontière (autre série de Grandpey, 4 numéros parus à ce jour, et dont on a déjà un peu parlé, et sans doute pas assez, sur Enculture). Je suis retombé sur cette phrase d'Oolong, que j'avais notée puis oubliée : "Et une transition qui dure n'est plus une transition mais un état durable". La citation est peut-être tirée d'un texte paru dans la revue Enculer ou de son livre La Tombe, je ne sais plus, j'en ai perdu la source. Que signifiait-elle chez Oolong, comment résonnait-elle, cette phrase ? je ne sais plus. Mais, coupée de son ensemble, elle me paraît dire quelque chose du travail de Grandpey, ou en tout cas définir quelque chose de mon expérience de lecteur, de ce que je ressens à la lecture de ces pages.
Et le format court, si ramassé, de ces comix (5 pages de bande dessinée chacun), n'est pas pour rien, aussi, dans cette étrange mécanique de mouvement menacé par la stase, cette tension, à la fois fragile et très puissante, douce et âpre, ce quelque chose qui progresse pas à pas (un récit, la relation d'un temps singulier, un affect en sourdine), qui perdure, en menaçant toujours de s'interrompre, qui s'entête, et dont on est bien en peine de savoir vers quoi il tend. Les épisodes s'accumulent, on en viendrait à espérer que ça ne connaisse pas de fin, que la transition, à force de durer, devienne état durable, que le mouvement se révèle remise en jeu perpétuelle d'un espace qu'on aura cru insignifiant et dont Grandpey, page après page, nous révèle lentement toute l'étendue.
Bref, on pourra dire que le format sied à merveille au travail de Grandpey. Ou plutôt (ne pas s'y tromper, ne pas croire donné ce qui s'établit à couvert) que Grandpey l'utilise à merveille. Il m'aura fallu 8 numéros pour m'en convaincre. On dira aussi que je suis parfois un peu lent à la détente. _________________ "Ne crois même pas que je sois la femme d'Agamemnon" |
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