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Fix me , de Raed Andoni, 2010

 
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Alexia
dans le coma profond


Inscrit le: 10 Fév 2010
Messages: 581
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MessagePosté le: Sam Nov 27, 2010 0:02    Sujet du message: Fix me , de Raed Andoni, 2010 Répondre en citant



Un documentaire qui sort des sentiers battus...
Le réalisateur a la migraine: il fait un film sur sa migraine.
Simple, non? Mais il est aussi palestinien et vit à Ramallah, lieu de haute tension. Les Israeliens sont tout proches, leur mur de la honte aussi, l'humiliation des passages au check-point ("Arrête de tourner! baisse la caméra!") fait partie du quotidien.

Le film est une interrogation sur l'individu, et sa relation avec le groupe.
"C'est pas important ta migraine! j'ai des migraines, tt le monde a des migraines!"dit la mère.."Ma migraine est importante, maman" réplique le fils.
Aussi le voit-on en entretien avec son psychothérapeute, filmé au travers d'un miroir sans tain par son équipe (et il y a une ou deux images où l'équipe se profile sur la vitre).


Comment peut-on être un inclassable en Palestine, mal à l'aise avec sa famille, mal à l'aise avec sa société? Comment revendiquer son individualité irréductible? ce sont les questions qui se posent au travers de ce documentaire surprenant dans sa démarche.
Le questionnement sur soi aboutit à des rencontres, inévitables (on le sait, le chemin de moi à moi passe par autrui): retrouvailles avec la famille, avec la société palestinienne, avec cet électricien, qui a été emprisonné comme le réalisateur , qui a subi les brutalités de la soldatesque israélienne, les tortures même, et qui s'en sort avec une sérénité étonnante...
Rencontre aussi avec ce jeune cousin (ou neveu) révolté, qui croit en un monde plus juste, et manifeste avec une poignée de jeunes au pied du Mur, quitte à recevoir des grenades lacrymogènes..
Des séquences imaginaires: un mur de planches; soudain, une planche tombe, l'ouverture espèrée est-elle là?
Deux hommes, assis sur un muret, rêvent: en dessous d'eux, la figuration du niveau de la mer. Derrière eux, une bouée en forme de canard, bien inutile car nous sommes au bord d'une route qui ne va nulle part, face à un chameau joliment harnaché, mais entravé. Un vaisseau de désert qui ne peut bouger... On ne peut s'empêcher de rire...Que figure cette image? la palestine elle même, coincée, immobile, prisonnière? le réalisateur?

Il y a l'écriture de soi, il y a donc aussi (comment dire?) l'écriture cinématographique de soi même, une sorte de journal intime dont on espère qu'il vous aidera et vous réparera ("Fix me", c'est "Réparez-moi").
On peut penser aussi à Avi Mograbi, qui s'est mis en scène aussi pour tenter de penser sa place en ce lieu particulier, où la guerre semble toujours présente, même dans les temps de paix relative.

Une démarche singulière, où la quête de soi se mêle à l'humour, et au drame collectif.


_________________
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Dernière édition par Alexia le Dim Nov 28, 2010 23:51; édité 1 fois
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Carton
dans le coma profond


Inscrit le: 09 Fév 2010
Messages: 1952

MessagePosté le: Sam Nov 27, 2010 18:14    Sujet du message: Répondre en citant

A chaque fois que je vois un documentaire, je fais une fixette sur comment le film s’arrange avec le réel, quelle esthétique, quelle distance ou collage va-t-il mettre en place pour développer l’endroit d’où il va se tenir par rapport au réel, quelle alchimie entre le compte rendu et la mise en scène le réalisateur va installer, et c’est aussi important pour moi que ce que le film a à raconter.
Fix Me trouve un lieu assez étonnant à ce niveau puisqu’il travaille une écriture quasiment fictionnelle parfois, où la mise en scène régulièrement casse une sorte de pacte tacite qu’une forme documentaire aurait avec la représentation de ce qui est sensé être vécu devant la caméra.
Ainsi, alors que Raed Andoni est dans sa voiture, caméra embarquée, le plan suivant se fera sur le bord de la route, la voiture passant devant la caméra. Plus tard, le réalisateur se gare, et la caméra se retrouve instantanément de l’autre côté de la route, le filmant sortir de sa voiture et traverser la voie. On assistera à pas mal de contre champ comme ça, des plans au statut mixte, qui pourraient jeter un trouble sur ce qui arrive fortuitement ou ce qui est décidé et presque joué pour la caméra (l’auteur à son bureau par exemple, visiblement des plans tournés et décidés à des fins de stricte construction narrative, le réalisateur n’arrive pas à écrire, il fait des plans de lui qui n’arrive pas à écrire, exprès pour son film).
C’est même parfois des purs plans oniriques que met en place Andoni, un pan de mur (en béton hein, pas une planche) de la frontière qui s’écroule en numérique, comme un fantasme, ou un chameau planté à une sortie d’autoroute, clairement posé là par le réalisateur, image symbole complètement fabriquée pour les besoins de son film.

Ce qui est troublant, c’est qu’à côté de ça d’autres séquences jouent sur des effets inverses, dans une complète frontalité du réel, où le dispositif est clairement affiché, caméraman et preneur de sons visibles à l’image, on entre dans la maison familiale sans préparation, on dit bonjour à la mère vaguement surprise de voir là une caméra et qui dit au réalisateur de faire entrer son équipe à l’intérieur (pareil pour les séquences de thérapie, qui ne cessent de renvoyer au dispositif pour le moins étrange, artificiel et voyeur de la mise en scène).
Ainsi le statut de la caméra change d’une séquence à une autre, parfois complètement assumée en tant que présence à l’intérieur de la scène, et parfois affranchie du réel, étant là et ailleurs en même temps, filmant des évènements fantasmés et faisant des raccords qui seraient impossibles dans un pur rapport documentaire au réel.

La réussite du film se trouve dans le fait que jamais ces deux régimes de narration ne rentrent en conflit, jamais la fiction ne vient mettre en doute le documentaire, les deux étant dans un dialogue constant, dans une écriture du contrepoint plutôt que dans un antagonisme.
Cela sert parfaitement le propos du réalisateur qui se crispe régulièrement sur le fait qu’il ne veut pas entrer dans des cases et qui cherche avant tout à affirmer sa singularité.

Cette lutte contre le formatage se fait dans un même mouvement pour le réalisateur et pour son film. Raed Andoni explique qu’il a du mal avec la société palestinienne qui intime à l’individu de faire corps avec le groupe, d’avoir le même idéal (l’indépendance du peuple palestinien) et la même attitude (fierté et force de caractère), et il dira plus loin qu’il en va de même avec le cinéma, qu’on attend d’un film palestinien qu’il soit militant (du point de vue palestinien), ouvert à l’existence de l’Etat d’Israël (du point de vue israélien), ou un pont entre les cultures (du point de vue européen).
Fix Me, de manière douce mais obstinée, construit une résistance contre ces impératifs imposés. Il n’y aura pas de « guérison » de l’auteur puisque sa maladie n’est que son désir de singularité, et au fond il n’a pas à choisir entre son individualité et sa nationalité, tout comme le film ne choisi pas entre le documentaire et la fiction.
La fin du film se fait en deux séquences apaisées, l’une dans la famille de l’auteur, dans un rapport au réel frontal, et l’autre dans un plan onirique très composé ; qui laissent entrevoir que la solution se trouve peut être dans le mouvement, dans le fait de sortir d’une polarité contraignante pour mieux embrasser le monde, faire dialoguer les positions pour mieux trouver sa place.
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La Quadrature
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Alexia
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MessagePosté le: Dim Nov 28, 2010 23:49    Sujet du message: Répondre en citant

le yougo' a écrit:

La réussite du film se trouve dans le fait que jamais ces deux régimes de narration ne rentrent en conflit, jamais la fiction ne vient mettre en doute le documentaire, les deux étant dans un dialogue constant, dans une écriture du contrepoint plutôt que dans un antagonisme.


'Xactement ça.
Et l'image où l'on voit le réalisateur dessinant pour son thérapeute sa représentation du monde, avec pour toile de fond Ramallah, relève aussi de l'écriture du contrepoint, et d'une mise en scène de la dialectique entre le groupe et l'individu. Et on peut même penser que cette image trouve sa symétrie avec le groupe de spectateurs qui la regarde , de l'autre côté de la "vitre" dans le temps de la projection, et qui fait contre poids à la cité palestinienne.

Extrait d'une interview de Raed Andoni: "À Sundance, un jeune acteur canadien s’est jeté sur moi en jurant que Fix ME parlait de lui, il m’a demandé si je pouvais lui prêter une copie pour qu’il puisse montrer le film à sa famille, parce qu’il était convaincu que ça les forcerait à ouvrir les yeux sur eux-mêmes. Ça n’a donc rien à voir avec une question de racine ou d’identité, mais avec une interrogation qui est universelle : comment faire partie d’une société tout en pouvant y construire sa propre individualité ? "
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Zahad le rouge
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MessagePosté le: Jeu Déc 16, 2010 11:21    Sujet du message: Répondre en citant

Alors moi ça m'a profondément endormi, film malicieux et bavard, sans grand chose côté mise en scène, mouaif.
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"Si je m'en sors bien, je serai peut-être vendeur aux 3 Suisses."
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Pipi
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MessagePosté le: Jeu Déc 16, 2010 12:11    Sujet du message: Répondre en citant

Ca m'avait beaucoup intrigué pendant une demi-heure, après, je me suis fait chier.

Désolé, je suis superficiel.
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Tiny
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MessagePosté le: Jeu Déc 16, 2010 13:15    Sujet du message: Répondre en citant

Pipi a écrit:
Désolé, je suis superficiel.

ou alors c'est le film...
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