Kuni l'hungus dans le coma profond

Inscrit le: 10 Fév 2010 Messages: 1789 Localisation: A votre avis? Enfin si je le trouve.
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Posté le: Lun Nov 08, 2010 23:41 Sujet du message: Rashomon, Kurosawa Akira sensei, 1950 |
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Bon, je sais pas par où attaquer un texte là dessus, mais je me dis qu'il faut que je me lance, que je ne peux pas ne pas écrire là-dessus.
Par où commencer sur un tel film?
Par la beauté des cadres, où chaque plan nous semble travaillé et calculé au milimètre près, et au dixième de secondes près? Exemple :
Par la maîtrise de l'espace qui nous mène dans des histoires imbriquées? Oui, on en a parlé 107 ans, on pourrait en parler des siècles, c'est un modèle du genre.
La reflexion sur la différence, la subjectivité, sur la place du spectateur comme on l'a dit un milliard de fois? C'est vrai là encore, on on pourrait en dire plein de choses, il y a beaucoup à dire et je ne me sens pas de taille par rapport à ceux qui l'ont fait.
Par l'illustration, au-delà des preuves, toujours représentées, et interprétées, que les faits nous restent incconnus et que nous ne pouvons nous empêcher de faire confiance à un moment où un autre?, du fait que la réalité est toujours interprétée?
Oui, c'est vrai, l'illustration est magistrale et la narration ainsi que la réalisation sont de ce point de vue, irréprochables.
Par la recherche, au delà de tout, en allant le plus loin dans la généralisation justifiée du contraire, dans un engregenage infernal, des conditions de possibilités d'une foi en l'humanité, malgré tout lucide? Là encore je suis touché audelà de ce que je pourrais exprimer.
Ce film ne possèderait qu'un seul de ces éléments au niveau où il les possède, il serait déjà excellent. Mais celui-ci est tout ça.
Pour autant, c'est autre chose qui retient mon attention dans ce film.
Ce qui me retient,me marque, l'installe sans conteste comme un des meilleurs films que j'aie vus de ma vie, c'est ce talent, cette capacité de capter ces forces irrationnels, voire invisibles (parce qu'il ne les montre pas, il ne les montre que par leurs effets et sa technique), qui guident le réel. Kurosawa a réussi à saisir l'irrationnel qui se produiteffectivement dans la vie, lui donner son ampleur, sa force, le justifier, et lui donner sa réelle place. Par ses mouvements de caméras, ses passages à la caméra subjective (dans la première version du duel, par exemple), puis dans les zooms et dézooms sur la femme, les allées et venues de la caméra, qui montrent l'hésitation et l'irrationnel par leurs effets, nous voyons un réel combat se produire, avec ce qui n'est pourtant qu'une caméra désignant un oeil.
En montrant cet irrationnel, Kurozawa parvient à donner corps à tout ce que je mentionnais au dessus, parce que les preuves ne sufffisent pas devant cet irrationnel, parce que nous ne voyons que les faits et non ce qui influe sur l'homme, et parce que c'est lui qui donne lieu à l'interprétation, c'est lui qui fait que nous ne pouvons rester devant un fait comme neutre.
Kurozawa arrive à mettre en oeuvre et nous faire ressentir les forces qui nous dirigent de l'intérieur, et c'est surtout en cela que son film est extraordinaire.
(D'ailleurs, il m'a rappelé ce que j'apprécie dans le film d'horreur, si je peux me permettre ce renvoi à un autre sujet) _________________ Independent Film!! You know it's like killing babies. [...] If you kill babies and you don't believe in it then that's bad. [...] You know, if you are killing babies and you believe in it, then you are doing something you believe in. |
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