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Six Feet Under

 
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Bite Astrale
dans le coma profond


Inscrit le: 02 Mar 2010
Messages: 1063

MessagePosté le: Mer Sep 01, 2010 11:48    Sujet du message: Six Feet Under Répondre en citant

SPOILERS SUR TOUTE LA SERIE

Jadis, j'avais suivi les deux premières saisons mais à l'époque, il me fallait attendre qu'un pote - qui les enregistrait sur Canal Jimmy - ait rempli une VHS pour me la passer, donc c'était pas le système le plus efficace donc après deux saisons, j'ai plus ou moins involontairement lâché.

Madame ayant les DVD, j'ai décidé de tout rattraper.

Bien mal m'en a pris, j'avais arrêté juste avant que ça devienne n'importe quoi.

Déjà, à la base, c'est une série avec laquelle j'ai un peu de mal. Au niveau de l'identification, j'ai beaucoup, beaucoup de mal.
Je crois n'avoir jamais vu dans une série ou même un film une telle surcharge de drama sur un même groupe de personnages. C'est simple, dans Six Feet Under, tout le monde est ou a un frère/soeur malade ou taré(e), et/ou un conjoint(e) malade ou taré(e), et/ou un(e) père/mère malade ou taré(e), et/ou un(e) collègue malade ou taré(e).
Tout le monde souffre de problèmes de communication, tout le monde a son gros complexe handicapant, tout le monde a subi un traumatisme, tout le monde a des secrets, personne ne se parle, etc.

Et malgré tout ça, pendant deux saisons, malgré tout ce que les scénaristes balancent sur la gueule des protagonistes, on s'attache à eux. On a envie que ça aille bien pour eux. J'ai beau ne JAMAIS me reconnaître dans LEQUEL QUE CE SOIT des personnages, je suis content quand untel parvient enfin à résoudre un problème, à évoluer, à aller de l'avant. Quand Brenda arrête de sa la jouer avec Nate, quand David assume enfin son homosexualité, etc.
La seule pour laquelle je n'éprouve rien d'autre que du mépris, c'est Ruth.

Elle, c'est juste pas possible. Je la supporte pas.
Un pote m'avait dit jadis "t'as du mal avec les persos dont la faiblesse est affichée, tu ne compatis pas avec eux". Je m'en fous. On pourra me sortir toutes les excuses qu'on veut, toutes les circonstances atténuantes possibles, jamais jamais JAMAIS je ne saurai montrer de l'indulgence envers un personnage que je trouve horripilante, désagréable et injuste envers tous ceux qui l'entourent, sa famille, ses amants (oui vu que la série semble juste vouloir la balancer d'amant en amant, faisant d'elle une paumée pathétique qui rejoint des sectes, qui vole des rouges à lèvres, qui se frotte la tête contre des freaks, etc.).
Hystérique 90% du temps, gueulant dès lors qu'un détail s'échappe de la vision carrée démodée pourrie qu'elle a de la vie, elle est juste en totale opposition avec tout ce en quoi je crois, je pense.
Je veux qu'elle crève.

Bref.

Donc voilà, pendant deux saisons, je trouve ça très habile.
La manière dont les scénaristes arrivent à nous intéresser et à nous impliquer dans la vie de ces protagonistes pourtant over-surchargés en dit long sur la qualité de l'écriture (typiquement HBO?). Je me surprenais moi-même à enchaîner les épisodes pourtant longs, parce que le savoir-faire est imposant.

Mais à partir de la saison 3, je trouve que ça se délite complètement.
Je passe sur le coup de la grossesse imprévue avec la meuf qui décide de le garder, ressort scénaristique qui semblait être THE artifice commun à toutes les séries, dramatiques ou comiques, du début des années 2000 (y a ça ici donc mais aussi dans Friends ou dans Scrubs), ce qui me semble un peu facile mais bon, au moins c'était intéressant de faire coïncider ça avec la nymphomanie de Brenda et de faire imploser le couple Nate/Brenda en foutant cette pute de Lisa dans l'équation (Six Feet Under a le chic pour accumuler les persos détestables).
Non, ce qui me gêne, c'est quand les scénaristes, à cours d'idées, ne savent pas comment s'en débarasser autrement que par des trucs à la limite du deus ex machina et à tendance sensationnaliste.
Et donc à la fin de la saison 3, elle part se baigner et se noie. Et on retrouve son corps démembré, dévorés par les requins.
Mais ouaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis.

Y avait pas plus grossier.
Le pire étant la surenchère totalement superflue de la fin de la saison 4, avec cette intrigue totalement tirée par les cheveux de la nièce de Lisa qui retrouve une photo et la fourre dans un livre qu'elle donne à Nate pour qu'il le donne à David et Nate trouve la photo et reconnaît dessus un T-shirt que Lisa venait d'acheter et remonte la piste jusqu'au beau-frère dont on apprend qu'il entretenait une liaison avec Lisa qu'il a peut-être tué avant de se suicider devant Nate.
N'IM. POR. TE. QUOI.

A partir de la saison 3, la crédibilité des récits commence peu à peu à disparaître...
Les personnages si humains qui peuplaient la série se retrouvent soudainement entourés de personnages incroyablement caricaturaux (la patronne hollywoodienne de Lisa, tout droit sortie d'une sitcom, ou bien Arthur le gros freak improbable). Ne sachant plus quoi inventer, les scénaristes multiplient les infidélités, comme s'il s'agissait d'un ressort scénaristique de secours, devenu seul recours, et du coup IL N'Y A PAS UN SEUL PERSONNAGE DE TOUTE LA SERIE - PAS UN - QUI NE SOIT PAS COCU ET INFIDELE.
Et puis on peut toujours compter sur une réapparition opportune de Billy pour foutre un peu la merde, n'est-ce pas?
Vous avez pas un peu l'impression de pousser le bouchon là?

Je pensais pas que la 4e saison pouvait surpasser la précédente mais c'est festival.
La Palme revient à l'histoire de David et à sa prise d'otage, où on le force à prendre du crack - ce qui le fait faire caca dans une ruelle, waouh - on l'asperge d'essence, on le tabasse, on lui fait sucer un flingue. Putain mais n'en jetez plus.
Au moment où tu te rends compte que la famille Fisher est le plus gros ramassis de poissards au monde, comment veux-tu te sentir impliqué dans ce qui leur arrive?
Moi j'y crois plus du tout.

Y a un moment où tu ne peux plus t'amuser à couvrir d'avalanches de malheurs tes personnages sans tomber dans le ridicule. Là c'est too much. Et ça s'arrête jamais.
Cf. la saison 5 : dès que ça va bien, bah évidemment ça peut pas durer. Donc on les accable. Surtout les couples.
Ca va bien pour Ruth & George? Bon bah on va faire de George un taré!
Ca va bien pour Nate & Brenda? Bon bah on va faire faire une fausse couche à Brenda!
Ca va bien pour Claire & Billy? Bon bah on va faire arrêter de prendre ses médocs à Billy!
C'est nawak.
Et super répétitif en plus.

Le pire, c'est quand ils essaient d'exploiter des personnages secondaires n'importe comment.
A la base, Brenda et Rico n'existent que par leurs rapports aux Fisher. Mais à partir d’un moment, ils se sentent obligés de leur trouver des trucs à vivre. Du coup, on doit se taper des histoires inintéressantes, comme Brenda et son voisin, forcément un peu taré aussi (mec adepte de domination sexuelle), mais le pompon revient à tout ce sub-plot sur Rico et sa pute.
Super. Deux histoires qui se concluent là aussi par un bonne vieille scène "tu m'as trompé!?!".
Et quand on est encore plus à cours d’idées, on peut toujours ressortir un personnage du passé (et hop, Rico couche avec Angela !).
C'est misérable.

Après un début un peu gratos, je trouve cependant cette saison 5 meilleure que les deux précédentes mais je pense que ma déconnexion vis-à-vis des personnages (toujours plus hystériques ici et aux choix toujours plus discutables) était devenue trop grande pour que je me sente réellement touché par la fin.
D'autant plus qu'elle est bien prévisible (la fausse mort puis la vraie mort de Nate et même la toute dernière séquence du dernier épisode) et qu'elle me rend les protagonistes encore plus insupportables quand ils sont en deuil (je dois être le seul spectateur à sourire quand Ruth crève dans le montage final).

Cette saison porte en elle le défaut et la qualité de beaucoup de dernières saisons, à savoir que l'intrigue générale des 12 épisodes semble être unique, semble aller vers un même but, forcément, pour conclure. Ca donne de la cohésion et ça évite le n'importe quoi de la saison 4, mais du coup elle ne "sert qu'à ça" aussi.

Y a de belles choses dans cette conclusion cela dit...une certaine maturité à ne pas faire finir Nate & Brenda ensemble, une certaine maturité à montrer que la vieille ado rebelle artiste peut s'éprendre d'un républicain...
Et cette fameuse dernière scène, au début je l'ai trouvé un peu maladroite mais l'accumulation, avec la zique - ringarde et poussive mais qui marche (comme beaucoup de ziques ringardes et poussives sur ce genre de séquences tire-larmes) - m'a tout de même rendu le truc assez triste. Dans le genre happy end qui parvient à garder une certaine tristesse, je trouve ça pas mal foutu.
Le reste est un peu plus convenu (le départ de Claire, la non-vente de la maison par David, etc.).


Bon bah voilà, c'est fait.
Si je devais noter les saisons, ça donnerait :
Saison 1 : 5/6
Saison 2 : 5/6
Saison 3 : 3/6
Saison 4 : 2/6
Saison 5 : 4/6

C'est pas si mal en fin de compte, comparé à d'autres séries aussi longues et aussi bonnes au début, mais je trouve ça quand même dommage. S'il n'y avait pas toutes ces conneries comprises entre le dernier tiers de la saison 3 et le premier tiers de la saison 5, je comprendrai plus facilement l'engouement quasi-sans concessions sur ce qui est sensée être pour beaucoup "la meilleure série du monde".
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MessagePosté le: Jeu Sep 09, 2010 17:33    Sujet du message: Répondre en citant

je suis loin de trouver que sfu est la "meilleure du monde", mais il me semble que tu es passé à côté de plein de choses là. tu ne parles que des péripéties du scénario en fait, sur toutes les saisons. c'est quand même pas que ça cette série.
et si le but du jeu était, par le biais de toutes ces tares collées sur les personnages, de parler de l'humain? comment ces gens-là gèrent leur vie, leur mort? comment ils vivent ensemble, s'appréhendent les uns les autres? je crois que c'est beaucoup plus profond au niveau thématique, que ce que tu veux bien dire.
un autre truc que j'aime bien avec cette série, c'est qu'elle est vivante. ya des moments où ça va très bien, et d'autres où rien ne va plus, genre les 3e et 4e saisons qui sont complètement dépressives.
un truc qui m'avait marqué aussi, que j'avais trouvé super beau et qui parle pas mal de la série, c'est - dans la 2e saison - un gars qui parle de son propre enterrement à venir et qui dit "à quoi ça sert de vouloir un enterrement, je serai mort". et nate lui répond que c'est pas fait pour les morts, un enterrement, mais pour ceux qui restent. je trouve que cette série, elle est aussi belle pour ça, parler de ce qui reste.
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Bite Astrale
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MessagePosté le: Ven Sep 10, 2010 1:28    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour les portes ouvertes que tu enfonces, la thématique de la série sur la mort et la façon de gérer, elle est inscrite au néon, mais je trouve justement qu'on la perd de vue passées les deux premières saisons.
Dès lors que les persos commencent à "guérir" un tant soit peu de leurs complexes, on leur balance une tragédie dans la gueule.

Je veux bien qu'on se laisse séduire par la thématique de la série, je ne nie pas sa présence, mais faut aussi garder son sens critique et voir quand le scénario devient justement trop mécanique.
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