Zagriban dans le coma profond

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Posté le: Mar Fév 23, 2010 1:11 Sujet du message: Mad Max (George Miller, 1979) |
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Des "Mad Max", j'avais déjà vu -il y a bien longtemps- le 3 (avec we don't need another hero Tina Turner), et le 2. Mais mes souvenirs étaient plus que diffus, et il était temps que je me replonge dans la trilogie, en commençant par le premier opus, souvent rangé parmi les œuvres fondatrices du 7ème art.
Finalement, que dire? J'hésite entre le nanar (1) et le film culte (2).
(1) Par certains aspects, le film a HORRIBLEMENT mal vieilli, je pense par exemple à la musique de Brian May qui est kitsch à souhait, avec des bruits de trompettes qui se se veulent stressants - un peu comme dans "la planète des singes", mais en beaucoup moins bien réussi. Sans oublier les effets de style bien datés, comme les gros plans d'une demi-seconde sur les yeux exorbités du malheureux conducteur qui va se planter dans le décor. Il y a aussi des enchaînements bizarres, tout à coup le gars est à un endroit, et hop! à un autre endroit, ou alors on passe brutalement de scènes qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre.
Et puis faut voir un peu la tête des "méchants", des motards complètement déjantés, mais complètement -trop- caricaturaux dans le genre "ouuh je suis un motard qui se maquille le visage et qui pousse des cris bizarres, ayez peur!"
Et surtout, SURTOUT, on sent que le film a été fait avec 3 francs six sous (350 000 dollars exactement). Ça a certes permis au film de rester pendant 19 ans le film le plus rentable de l'histoire (jusqu'à Blair Witch en fait), mais un peu plus de "cash" mis dans les décors n'aurait pas fait de mal pour rajouter à la crédibilité de ce futur qui se veut décadent. Parce que là on voit quoi? Deux-trois voitures, une vingtaine de motos achetées d'occasion, une trentaine de personnages à tout casser. On a de belles images de la campagne australienne, avec des champs bien entretenus, des routes sans nids de poule... Pas très crédible quand on veut peindre un monde au bord du chaos. D'ailleurs, le 2, et c'est son principal mérite (dans mon souvenir), n'hésitera pas à mettre le paquet sur l'ambiance "post-apocalyptique x 100".
(2) Mais combien "nanar" qu'il puisse être, "Mad Max" reste un film d'action et d'anticipation diablement efficace. Tour d'abord, les courses-poursuite sont parmi les meilleures que j'ai jamais vues, avec celles de "French Connection" et "Boulevard de la Mort". Ya pas à dire, en matière de montage nerveux et serré, Miller sait y faire! Autre bon point: la violence, extrême, est souvent suggérée plutôt que montrée explicitement. Choix astucieux (qui ne lui a pourtant pas évité les affres de la censure française).
Mais moi, ce qui m'a surtout intéressé, c'est l'univers mis en place. Je suis en effet pas mal amateur de ce qui peut se rapporter à de l'anticipation et au genre "cyber-punk". L'intérêt de ce premier épisode de "Mad Max", c'est qu'il ne se place pas directement dans un monde "post-apocalyptique", mais présente un futur proche qui garde encore une structure étatique vacillante. La critique sociale est donc d'autant plus acerbe.
Car, malgré des maladresses évidentes, il existe un message, quoique ambigu. Dans le film, les policiers deviennent aussi violents et cruels que les désespérés libertaires -et présentés comme complètement barjots, ce qui est dommage- qu'ils combattent. Quand ils en attrapent un, c'est pour le relâcher aussitôt à cause des règles absurdes d'une justice bancale (mais d'une terrible actualité!). Le héros lui-même sera amené à se venger de son propre fait. Alors, plaidoyer en faveur d'un Etat fort, ou apologue de l'auto-défense?
La fin aussi ouverte que brutale ne nous permet d'affirmer ni l'un, ni l'autre. Mais ce film, débauche de violence et de vitesse, n'est-il pas plutôt la métaphore d'une société qui a perdu ses valeurs, en quête de "sensations fortes"? Amère conclusion que celle que le nihilisme semble être la seule "voie d'avenir".
4/6 |
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