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Building Stories (Chris Ware, 2012)

 
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Carton
dans le coma profond


Inscrit le: 09 Fév 2010
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MessagePosté le: Mar Déc 04, 2012 15:47    Sujet du message: Building Stories (Chris Ware, 2012) Répondre en citant

Je reprends la technique de Bicephale, je crée un topic pour le livre au lieu de répondre dans le topic dernières lectures, ce sera plus pratique pour en parler.

Mathurine avait écrit ça :

Mathurine a écrit:
Bicéphale a écrit:
Ce que réalise Ware avec ses Acme 16 à 20 n’a pas d’équivalent. Chaque livre, inlassablement, repousse les limites d’un espace étroit dont les bornes n’ont pourtant de cesse d’être énoncées, représentées, dûment épousées. Ware poursuit une expansion consciencieuse, un approfondissement méticuleux et fragile. L’espace dégagé paraît minuscule, insignifiant, et Ware en dévoile, page après page, les infinis possibles.


le yougo' a écrit:
Pour Chris Ware, depuis le ACME n° 18 (et surtout le 19) ce type me bouleverse. Voir ses planches sur grand écran, pendant plusieurs minutes à Beaubourg, on a pu vraiment se rendre compte de l'équilibre de tout ça, les réseaux de cases, le blanc et le parcours de l’œil là dedans, les personnages et les signes, les changements d'échelles, c'est chargé d'une émotion qui m'impressionne.


Spoiler:





Je viens d'achever la lecture du monstre Building Stories et pour moi qui ne suivait plus le travail de Chris Ware depuis quelques années, faute de me procurer les derniers Acme Novelty Library, c'est une véritable révélation de l'approfondissement et de l'enrichissement qu'il a pu connaître, de la force émotionnelle désespérée qu'il parvient à structurer inlassablement (on parle de quelque chose comme 250 pages de bande dessinée fragmentées en 14 feuilles, fascicules, livres, livrets et un plateau de jeu réunis dans une grande boîte).

Spoiler:



Effectivement ce type de composition en double page avec une figure centrale relève de quelque chose comme d'un génie mélancolique, d'autant qu'aucune d'entre elles, alors qu'elles reviennent de nombreuses fois à des échelles différentes, ne rejouent exactement les mêmes parcours et n'aboutissent à la même émotion. Sur les 250 pages de bande dessinée, dont les choix de compositions restent limitées, aucune n'est une redite des autres, chacune prend sa place et sa spécificité dans un ensemble, qui ne connait pas d'achèvement,
Spoiler:




Branford The Best Bee In The World, qui a droit à un journal et un comics, se fait une place à part par une sorte de nonsense entomologique encastré dans compositions de planches et des synthèses géométriques hystériques.

L'appel du vide existentiel qui couvre la majorité des pages contenues dans cette apparente boîte de jeu colorée me fera écrire que le succès critique de Chris Ware n'a toujours rien d'usurpé.

/edit : ici de nombreuses images des planches originales de Building Stories en bonne qualité :
http://www.hammergallery.com/artists/ware/ware_chris.htm


Je viens d'ouvrir la boite, je tournais autour depuis longtemps. Je la trouve un peu moche cette boite, et j'avais peur que son côté paquet surprise fasse basculer le travail de Ware vers le gadget et le fétichisme (c'est un peu ma peur devant ses livres, c'est stupide puisque c'est jamais justifié au bout du compte).
Devant la profusion des livres que Building Stories propose, j'ai commencé prudemment par un petit format allongé et muet. C'est quand même un gros choc encore une fois. Je ne sais pas si la suite sera de ce niveau, mais cette petite histoire d'un personnage dans son lit, qui voit le temps se compresser et s'étirer, sauter d'un moment de la vie à un autre, toujours le même mais toujours différent, où la vie passe, stagne, bégaie puis file dans une sorte de demi rêve, il y a une réussite dans cette représentation des ruptures et des concordances des instants représentés (un art assez costaud du rythme qui s'étire et de l'ellipse) qui m'a bouleversé.
Je veux pas faire ma midinette, mais la fin où une silhouette passe dans l'embrasure de la porte, la surprise sur le visage de la femme qui voit ça, ça m'a mis dans un état...
Il faudrait faire un travail assez balèze de description et d'analyse des moyens et des formes utilisés par Chris Ware pour arriver à cette émotion à la fois douce et terrible de nostalgie, d'angoisse et parfois de bonheur qu'il arrive à susciter, et c'est époustouflant de voir combien tout est maitrisé et cohérent tout en étant à ce point ouvert et habité.
Je n'ai pas lu la suite, je digère un peu ce premier bout, mais voilà c'est pas si souvent que je me retrouve à vibrer comme ça en finissant une BD.
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Mathurine
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Messages: 50
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MessagePosté le: Dim Déc 09, 2012 16:33    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne suis pas non plus une midinette, j'ai passé l'âge, mais mon clavier buterait presque sur les qualificatifs que je serais prête à employer pour Building Stories... Je répète que j'avais pris une certaine distance avec ce que publiait Ware depuis quelques années, et que j'ai vécu à cette lecture un long moment d'extase heuristique.

Un autre élément, peut-être, quoiqu'en effet une analyse précise de ce travail imposerait des années de labeur acharné, on a parlé au sujet des planches de Chris Ware de "diagramme", et il me semble que dans Building Stories, il approfondit cette forme de diagramme, en particulier dans ces compositions avec une image centrale. La portée de l'image centrale, son sens, n'est compris que dans le parcours d'un flux de pensée agrégé à des images. L'image centrale (ou les deux images centrales) cristallise une thématique, un mouvement, un corps, un visage, un instant, etc., mais c'est par la planche de bande dessinée qu'elle se complexifie, perd de son évidence, densifie son sens. Ce peut être aussi puissant que la question : qu'est-ce que ça fait de se sentir mère? (je me réfère à la page centrale du fascicule au format tabloïd), sans l'épuiser, mais la rendant vivante.

Et la boîte, elle aussi, produit une forme diagrammatique, les fascicules explorent à la fois l'histoire de la publication de la bande dessinée (newspaper, Comics...), une multiplicité de formats et de forme, de longueur, de possibilités d'amplitude, en accomplissant à chaque fois un achèvement, une structure tenue de ce que tel ou tel format peut produire (jusqu'au strip recto-verso dont la force n'a rien à envier au Giftbook).

J'ai lu l'ensemble en trois ou quatre jours dans mon souvenir, cette boîte est tout sauf un fétiche, elle complexifie à l'infini ce qui ne serait rien d'autre que les "mémoires" d'une femme ordinaire vivant une vie ordinaire (ou bien sa reproduction artificielle, ou bien...), cette bande dessinée n'a ni début ni fin, ni guide de lecture certain, et pourtant elle accomplit un ensemble cohérent.

Chef d'oeuvre, incontournable, leçon d'auteur de bande dessinée, et j'en passe, non, non, j'avais dit pas trop de qualificatifs élogieux... J'y reviendrai peut-être.
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Bicéphale



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MessagePosté le: Mar Jan 15, 2013 12:39    Sujet du message: Répondre en citant

Un court texte (en langue anglaise) sur la perspective chez Ware : http://www.benzilla.com/?p=831

Sinon, passé plusieurs heures à dépiauter des planches du Building Stories avec mon frère de collègue. C'est un puits sans fond, c'est effrayant, ça coupe la langue. Dont acte.
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Bicéphale



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MessagePosté le: Mar Jan 15, 2013 14:54    Sujet du message: Répondre en citant

Perspective chez Ware :

Spoiler:




En a-t-on déjà parlé ici ? En ligne, on peut lire le Here de Richard McGuire, un récit de 6 pages paru à l'origine dans RAW, un chef-d’œuvre absolu aux yeux de Ware ("ça a changé ma vie" dit-il). La dernière publication papier de Here remonte au huitième numéro de la revue Comic Art, précédée d'un texte de Ware. Il est peut-être encore possible de se le procurer ici ou là, je ne sais pas. Sinon, faute de mieux, on clique sur l'image :

Spoiler:


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Bicéphale



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MessagePosté le: Mar Jan 15, 2013 15:44    Sujet du message: Répondre en citant

Perspective chez Ware :

Spoiler:


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MessagePosté le: Mar Jan 15, 2013 15:51    Sujet du message: Répondre en citant

Oh, merci pour le lien ! Very Happy
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MessagePosté le: Mar Jan 22, 2013 19:28    Sujet du message: Répondre en citant

Bicéphale a écrit:


En a-t-on déjà parlé ici ? En ligne, on peut lire le Here de Richard McGuire, un récit de 6 pages paru à l'origine dans RAW, un chef-d’œuvre absolu aux yeux de Ware ("ça a changé ma vie" dit-il). La dernière publication papier de Here remonte au huitième numéro de la revue Comic Art, précédée d'un texte de Ware. Il est peut-être encore possible de se le procurer ici ou là, je ne sais pas.


Il avait été publié aussi dans le numéro 12 de la revue Neuvième Art. Avec un texte de Ware aussi (il est précisé "en exclusivité pour 9eme Art", du coup je ne sais pas si c'est le même texte).
En tout cas je mets le texte ici :

Spoiler:


Spoiler:



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Bicéphale



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MessagePosté le: Mar Jan 22, 2013 21:12    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, c'est le même texte. Je ne savais pas qu'il y avait eu une parution française de Here.
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