Posté le: Jeu Mai 13, 2010 12:48 Sujet du message: Johnny Guitar (Nicholas Ray, 1953)
En ce moment je vois presque que des chefs-d'oeuvre et en un sens c'est dur, mentalement.
Les contrebandiers de Moonfleet, Les contes de la lune vague après la pluie, Le Rayon vert de Rohmer (sisi d'ailleurs Phèdre je me rappelle que Tetsuo te l'avait conseillé, tu l'avais vu finalement? je crains la catastrophe), Le mécano de la General...
Et hier Johnny Guitar. Mais là pour le coup c'est un chef d'oeuvre absolu!
C'est un western, mais un western romantique, fougueux, qui met en avant les personnages féminins, autour desquels se concentre toute la dramaturgie (on peut du coup s'interroger sur le titre, car le personnage de Sterling Hayden est moins central que celui de Crawford, à mon sens). La violence des sentiments se traduit par une esthétique tout feu tout flamme, d'une beauté à couper le souffle : les couleurs vives des costumes et des décors magnifiées (les fonds peints, par exemple. Le film prouve définitivement que l'artificialité du studio n'est pas à proprement parler un défaut, elle sert même ici à donner au film une dimension cosmique, hors du temps) par le Trucolor, les prises de vue, les effets de montage (avec un sens de la transition incroyable, cf ce fondu enchaîné de cascade à cascade), les attitudes des personnages (tous joués par des acteurs époustouflants, avec des postures subtilement iconiques), la musique utilisées avec un lyrisme tantôt réprimé tantôt échevelé (le final est prodigieux, avec la chanson Johnny Guitar, final par ailleurs d'une concision exemplaire)... tout cela participe à conférer à l'histoire une aura métaphysique, permettant de lui donner du sens politique ancré dans des époques bien éloignées du western (j'ai lu ici ou là que le film était anti-maccarthyste).
Le genre de film qui me semble être un étalon de la pureté au cinéma, un peu comme un Vertigo, un Chantons sous la pluie, un La Prisonnière du désert... En tout cas, j'avais dit il y a peu que je considérai les 60s comme la meilleure décennie, mais je commence à me demander si les 50s ne sont pas meilleures.
6/6 pour Johnny Guitar, et je veux déjà le revoir...
Posté le: Jeu Mai 13, 2010 16:15 Sujet du message:
Mickey Willis a écrit:
Moi je trouve ça efficace, mais trop classique.
Pourtant, ce n'est classique en rien, je trouve. Le fond de l'histoire, une romance et des jalousies + enjeux capitalistes, oui c'est classique, mais le traitement, non. C'est un film nerveux, sur la corde raide, il n'y a pas d'exposition de la situation initiale de la communauté comme c'est souvent le cas dans les westerns, la confrontation se fait entre deux femmes et non deux hommes, le film prend le temps d'insuffler de la poésie dans les déplacements et pas seulement dans l'action elle-même, etc.
Posté le: Jeu Mai 13, 2010 17:09 Sujet du message:
Oui après t'as peut-être raison, moi c'est l'effet que ça m'a fait.
Quand je 'lai vu j'avais peut-être pas assez de recul pour voir au-delà des effets de mise en scène assez connus aujourd'hui, et ça m'avait fait la même chose pour Rebel without a cause. C'est pas le cinéma qui m'attire ni me parle le plus en ce moment, je pense que j'y reviendrai plus tard.
Posté le: Jeu Mai 13, 2010 17:53 Sujet du message:
Effectivement je pense que si le film ne t'as pas frappé par sa beauté à la première vision, il y a peu de chances que ça le fasse pour une seconde, car la beauté du film se passe de mots, elle est là à chaque plan, je l'ai ressenti en permanence et j'avoue que j'aurai du mal à expliquer en quoi elle est merveilleuse. Enfin voilà, je respecte tout à fait ton propos mais je voulais écarter le malentendu sur ce que tu appelais "classique", car pour moi ici classique ne rime pas avec anodin.
Posté le: Jeu Mai 13, 2010 23:45 Sujet du message:
Ce qui m'a probablement le plus plu dans ce film est la théatralité qu'il dégage, dans les couleurs vives, dans les roles délimités des personages, le raffinement des costumes, et enfin dans le jeu et le placement des acteurs dégageant une impression de scène.
Moi je met un bon 5/6
Et je te comprend aussi Mystère Orange, mais tes remarques expriment peut etre une distance vis à vis du style Western en général. C'est vrai que le film démare dés le début, mais on retrouve une certaine manière de présenter les personages, la situation initiale et l'élément perturbateur comme emblématique du western.
Posté le: Dim Mai 16, 2010 11:55 Sujet du message:
forest gimp a écrit:
Ce qui m'a probablement le plus plu dans ce film est la théatralité qu'il dégage, dans les couleurs vives, dans les roles délimités des personages, le raffinement des costumes, et enfin dans le jeu et le placement des acteurs dégageant une impression de scène.
Ce film n'a absolument rien de théâtral, vraiment. A la limite on peut dire qu'il parle de théâtralité, ça je veux bien, même si il n'y a jamais d'aspect trop théorique; je crois que c'est avant tout un grand film sentimental.
C'est 250000/6 pour moi, surement dans mon top 20 de tous les temps. _________________
Posté le: Dim Mai 16, 2010 11:58 Sujet du message: Re: Johnny Guitar (Nicholas Ray, 1953)
Averroès a écrit:
(sisi d'ailleurs Phèdre je me rappelle que Tetsuo te l'avait conseillé, tu l'avais vu finalement?
Nan toujours pas vu, mais je t'envoie quand même un pour le fait que tu le mettes au milieu des autres films; de vrais grands films, eux. _________________
Posté le: Dim Mai 16, 2010 12:08 Sujet du message:
Oui en termes relatifs c'est abusé de mettre le Rohmer dans la liste (c'est pas mon préféré du bonhomme en plus), mais que veux-tu, je suis un vendu (ça ça rime Orange).
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