Bad Lieutenant (Werner Herzog, 2009)

[Tetsuo]

Drôle de sentiment devant le dernier film d'Herzog : impression de voir un bon film mais pas entièrement satisfaisant. Impression également qu'il va falloir faire avec, que le cinéma américain, cette année, ne fera probablement pas tellement mieux. Entre le film faussement généreux de Scorsese (dont il ne me reste déjà plus grand chose) qui loupe son sujet par fainéantise et la mollesse des blockbusters, ça ne volera pas très haut. Le cinéma hollywoodien prend une drôle de direction en ce moment, comme l'illustre assez bien Avatar : un attirail technologique et logistique absolument colossal pour le rendu spectaculaire mais au service des récits les plus banals, les plus communs. Et ça se répercute également dans les films plus petits, ceux qui misent un peu sur "l'auteur", comme le Scorsese donc, mais aussi cette horreur de In the air. Cameron me semble décidément de plus en plus le réalisateur qui donne le "La" des tendances esthétiques.

La survie de ce cinéma de moins en moins brillant ne peut passer que par deux choses : 1) Soit un éloignement conséquent de la chose cinéma, s'orienter vers des horizons culturels autres. Le Geekisme par exemple (voir le miracle de l'année 2008) ou la télévision. Car, ironie inattendue, je vois bien plus de cinéma américain à la télé qu'au cinéma. Dans la peinture de l'angoisse existentielle de Mad Men bien sûr, mais aussi dans l'affolement scénaristique à vide de Lost, ou dans la réalité sociale qui ressort dans certaines émissions de télé-réalité (pourtant sordides) du style Trading Spouses ou Extreme Make-over.

2) Soit en lorgnant sur l'héritage européen (l'héritage américain appartenant désormais à la télévision, Mad Men donc, mais aussi les sitcom type Seinfeld). Donc des auteurs comme Van Sant ou Malick. Ou carrément des européens, comme Herzog. Car ce qu'il y a de bien dans Bad Lieutenant, c'est tout ce qu'il y a d'européen et qui s'oppose à tout ce qu'il y a d'hollywoodien. Refus d'une forme unilatérale qui ancrerait le film dans une narration banale (très peu de champ contre-champ par exemple, caméra portée mais calmement et en courte focale, pas d'hystérie du cadre à la Greengrass ou Tony Scott, réalisateurs européens mais formalistes hollywoodiens). Refus de laisser le scénario prendre le pas sur le récit, Herzog suit des états d'âme, pas une intrigue. Refus des schémas scénaristiques classiques, pas de décente aux enfers mais plutôt une entrée douce et une installation confortable, et surtout pas de rédemption, mieux : pas de désir de rédemption (ni de la part du personnage, ni de la part du réalisateur). Observation distante. Refus d'un regard inquisiteur. Refus du moralisme. C'est un peu l'anti-Scorsese en somme.

Le film est donc bon. Là où en revanche il ne me satisfait pas entièrement, c'est peut-être parce qu'il se contente d'être bon, qu'il ne prend pas assez de risque, qu'il n'ose pas être excellent, que ses partis-pris formels (genre le filmage en vidéo numérique des reptiles pour signifier le partage en couille) tiennent d'un symbolisme un peu sage qui ne contaminent pas assez le film.

Il faut profiter, en tout cas, que quelqu'un parvienne à exploiter le cabotinage de Cage, ça n'arrive(ra) pas souvent.

5/6 (sous réserve)

[Averroès]

Intéressant! Est-ce qu'il vaut mieux avoir vu l'original de Ferrara avant celui-là?

[Phèdre]

Tets n'a pas vu l'original, et dans notre "contrat d'amitié" il y est écrit qu'il ne doit jamais le voir.

[Pipi]

[Carton]

Personnellement j'ai d'autant plus apprécié le film que j'avais celui de Ferrara en tête et que j'avais peur de voir un film du même genre (je l'aime bien mais la rédemption catho-trash j'ai plus de mal aujourd'hui).
Le Film de Herzog n'a rien à voir, et il est très bien.

D'ailleurs, pour rebondir sur le texte de Tets, je dois dire que c'est justement ce que j'apprécie du cinéma d'Herzog ces derniers temps, son aspect low profile, sa façon de travailler les mêmes questions mais dans une forme moins monumentale qu'auparavant, plutôt par touche ou digression que dans ses première grandes œuvres monolithiques. Ses documentaires, Rescue Dawn et ce film là, ça forme un enchaînements de "petits films" qui marquent mine de rien et sont finalement plus puissants que ce qu'ils laissent paraître au premier abord.

[Mystère Orange]

[Zagriban]

Moi j'ai vu le Ferrara (un très bon film soit dit en passant, qui a confirmé mon choix d'Harvey Keitel comme un de mes acteurs préférés, il faut que je voie "les duellistes" et après ça sera bon), et si le Herzog est si différent, je le verrai avec autant d'intérêt. Mais c'est Cage qui me fait peur.

[Mystère Orange]

[Averroès]

[Tetsuo]

[Tetsuo]

[Tetsuo]

[Mystère Orange]

[Bite Astrale]

Tu sors.

[Mystère Orange]