Seules les bêtes la nuit du 12 (Dominik Moll, 2022)

[Qui-Gon Jinn]

Typiquement le genre de film que j'adore. Inspiré d'un essai philosophique d'un Allemand du 18ème siècle qui a passé dix ans dans une caverne aux côtés des ours, le film suit une histoire fictive de retraite mais clairement inspiré du réel.

Le tour de force c'est que dès le premier panneau on t'annonce globalement qu'on va se faire chier. Et pourtant tu te prends à y croire, à t'investir, à jusqu'au bout de dire que, oui, cette fois c'est la bonne, tu ne vas pas t'endormir. Hé ben non. En gros tu deviens comme l'ermite lui-même, qui ronfle H24.

Au gré de cette retraite à dessein frustrante, on aperçoit les conditions de reproduction des ours, le tout dans une ambiance très neutre et quotidienne. Lumière simple, décors naturalistes, pas de plans drone à la con juste pour le style... On est dans du documentaire animalier à hauteur de bête. Bon, par moment on sent un peu trop le détail réaliste tiré du bouquin et placé de façon voyante (le mec qui se branle) mais dans l'ensemble c'est quand même sympa.

Cependant, je trouve que cette partie "chronique d'une retraite" ne se marie pas toujours bien avec une approche davantage psychologique et trouble, où la caméra de Moll s'attarde sur les atermoiements de l'ermite quand le mâle alpha de la troupe des ours lui renifle le cul. On a l'impression de deux films en un, ni tout à fait la chronique vériste, ni tout à fait le docu animalier.

Cette dichotomie se retrouve dans le jeu d'acteur: d'un côté des animaux hyper naturels, notamment un petit ourson qui en une scène ENTERRE tout le cast, et de l'autre un Bouillon qui est parfois à ça de réciter son texte alors que le film est totalement muet. Gênant. Bref, on a l'impression d'un film vivant et naturel qui essaie d'exister malgré les coups d'anesthésiant que lui injecte Moll. Etrange.

Bon après y a plein de moments forts et une certaine limpidité éloquente dans la simplicité du pitch. Même si bon, film de 2022 oblige, on en passe forcément par les petits à-côtés éducatifs pour le spectateur à base de cartons sur la disparition des ours dans les Pyrénées. Mais bon franchement ça passe crème.

Bref, film séduisant par bien des aspects, que dans l'ensemble j'ai bien aimé, malgré des réserves notamment sur l'absence de scène de sexe. Heureusement, comme vous vous en doutez, j'avais apporté mon plug anal.

1,3/6

[Abyssin]

C'est du bon Moll

[Castorp]

[Qui-Gon Jinn]

Une précision :

[Yann Gonzalez]