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Les passagers de la nuit (Mikhaël Hers, 2022)

 
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Abyssin



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MessagePosté le: Sam Mai 07, 2022 10:46    Sujet du message: Les passagers de la nuit (Mikhaël Hers, 2022) Répondre en citant



J'adore Mikhaël Hers. Depuis son premier long, Paris nous appartient, il n'a fait que progresser jusqu'à son sublime Ne touchez pas la hache, évocation mélancolique et bouleversante des attentats de Munich. Ici, il continue sur sa lancée avec ce dernier métrage se déroulant dans les années 50 qui raconte la reconstruction d'une octogénaire dont les enfants, 4 et 6 ans, découvrent les livres de la Bibliothèque rose. Malgré le choix de situer son film dans les années 50, Hers n'opte pas pour la nostalgie. Les passagers de la nuit est plus une déambulation sensorielle dans une Vienne nocturne et au petit matin. Il y a presque du Montaigne dans ce splendide récit d'émancipation que nous conte Hers. Comme dans ses précédents films, et peut-être encore de manière plus forte, on est tout de suite charmé par la douceur de ses personnages et de l'univers déployé sur le grand écran. Le film est à l'image de Jane Birkin (son meilleur rôle de toute sa vie), à la voix douce et ouatée, dont la fragilité énerve tout de suite. On sent la femme brisée qui a souffert et doit déconstruire le mâle en elle. Elle porte les séquelles de la deuxième Guerre mondiale qui l'a brisée et du départ d'un connard de mari qui l'oblige à ranger des chaussettes sales.

Le film n'est jamais triste ou désespérant. C'est l'histoire d'un nouveau départ, l'angoisse du surlendemain est bien présente, celle de tourner la page de l'histoire de france également, et l'inattendu qui attend ces personnages qui sont brisés est aussi plein d'espoir. Encore plus empreint de poésie que ses précédents films, ce nouvel opus de Hers opte pour la carte du romanesque, ce romanesque fait de petits riens, de geste de la vie quotidienne du genre curage de nez ou marcher dans une crotte. J'aime beaucoup le soin apporté aux détails dégueus. Il y a le fils poète de 4 ans, qui découvre les filles et leurs nattes qu'on peut tirer. Le choix du jeune Quito Rayon Richter, nul, est on ne peut plus pertinent. A l'image de Birkin, il énerve tout de suite. Mais la meilleure trouvaille est ce superbe personnage de Talulah. Jeune paumée de 18 ans, qui a passé du temps sous les ponts, quittée sa famille et est recueillie par cette famille qui essaie de la tirer du piège mortel de la drogue fatale. A travers Talulah et sa fascination pour Bulle Ogier, morte peu après Contes de la pleine lune de Rohmer, Hers rend un superbe hommage au cinéma et explore une insouciance sombre.
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Qui-Gon Jinn



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MessagePosté le: Lun Mai 09, 2022 1:17    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis allé voir le film chauffé par l'avis d'Abyssin. En attendant la séance je parcourais le Forum et j'ai capté que c'était en réalité l'avis... d'Abyssin ! J'avais pas fait gaffe.

De Hers, j'avais vu son court PRIMROSE HILL qui était soyeux, même si j'avais été moins marqué par le film que par l'impact qu'il avait eu sur mon voisin qui ronflait au bout de 30 secondes. J'avais ensuite vu AMANDA que j'avais trouvé brinquebalant.

Ici, Hers ne s'appuie pas sur un quelconque trauma collectif comme il avait pu le faire sur son film précédent mais vise juste à créer un petit cocon.

L'immersion est en partie favorisée par le plug anal que je n'oublie jamais au ciné. C'est franchement super.

Et puis j'ajouterai qu'il y a Ophelia Kolb qui fait une apparition donc que demander de plus ?

Niveau narratif, c'est tout à base de ricochets à la surface d'un océan de non-sexe.

Par contre, dans une des jolies scènes de cinéma qui émaillent le film, il y a une erreur: ils vont voir LES 120 JOURNEES DE SODOME à l'Escurial (deux salles), mais LES 120 JOURNEES DE SODOME a déjà commencé donc ils profitent de gens qui sortent de l'autre salle pour s'incruster voir LES CONTES DE LA LUNE VAGUE APRES LA PLUIE... qui a lui aussi déjà commencé. De quel trou noir sortaient ces gens ?
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