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Jusqu'à la garde (Xavier Legrand, 2018)

 
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valzeur
dans le coma profond


Inscrit le: 30 Aoû 2015
Messages: 235

MessagePosté le: Dim Fév 11, 2018 23:52    Sujet du message: Jusqu'à la garde (Xavier Legrand, 2018) Répondre en citant



Pas jouasse, le jeune Thomas Gioria, en voiture avec son Ogre de père, et pas jouasse le spectateur, non plus, devant ce triomphe du sensationnalisme et de l'idéologie dominante qu'est Jusqu'à la garde (femme = victime, homme = mal). Admirons aussi la vulgarité de ce titre à double sens là où le film n'en privilégie qu'un seul (cf les parenthèses précédentes).

La garde de leur fils pré-ado, Léa Drucker et Denis Menochet se la disputent dans une première scène correcte et assez bonne (la seule) devant une juge (Saadia Bentaieb, comédienne emblématique chez Joël Pommerat) qui doit peser le pour et le contre, sachant que l'ex-mari est accusé par sa femme de vilaines choses, mais sans que celle-ci n'ait de preuves tangibles à sa disposition. La suite du film, heureusement, va les lui apporter dans un surrégime épuisant de mise en scène qui stérilise en permanence la tension recherchée, faute d'une écriture à la hauteur.

Le style Legrand : c'est scènes qui durent laissant planer la Grosse Menace avec, de temps à autre, des plans-séquences conjuguant le m'as-tu vu à l'inutile, et qui font pratiquement pschiiit, notamment l'interminable mouvement de caméra enregistrant l'inquiétude de la jeune fille à la soirée d'anniversaire où l'on s'attend à minima à une attaque extraterrestre sur la salle des fêtes (raté, c'est juste un SMS du papa qui veut lui offrir un cadeau). Le second, dont je me souvienne, le test de grossesse filmé de sous les toilettes en travelling avant pendant 4 ou 5 minutes, ne sert pratiquement à rien, l'hypothèse que la fille ado de Drucker attende un chiard étant simplement abandonnée.

Legrand et ses attachés de presse font mine qu'il ménage la chèvre et le chou, là où est tout joué d'avance. On remarque dès l'ouverture que Denis Ménochet a une carrure de rugbyman en surpoids et qu'il joue un chasseur travaillant dans la sécurité accusé de harcèlement, tabassages et autres joyeusetés par sa femme, de quoi mal disposer le spectateur à son égard, qui serait certainement plus circonspect devant un danseur classique amateur de puzzles.
L'édifice bien fragile - qui a raison du mari ou de la femme ? - sombre en une réplique : le "dans ton cul" proféré par le fils au père, sans que celui-ci ne réagisse. De deux chose l''une : soit Ménochet est un monstre incontrôlable - ce que le film soutient assez rapidement - et il ne peut pas ne pas réagir, soit c'est un brave type incompris qui prend sur lui, et tout ce que l'on voit par la suite est factice et n'a pas lieu d'être, ce que confirme les interventions in-extremis de deux ex-machina bien opportuns (la soeur, la police) pour sauver Léa Drucker du pire.

Résumons sans trop perdre de temps : Jusqu'à la garde n'est qu'un médiocre thriller malhonnête et mal fagoté qui prend Cristian Mungiu pour David Fincher et un sujet de société à la mode pour un marche-pied vers la reconnaissance.


Dernière édition par valzeur le Sam Fév 23, 2019 14:00; édité 1 fois
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Baldanders
dans le coma profond


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Messages: 967

MessagePosté le: Lun Fév 12, 2018 14:30    Sujet du message: Re: Jusqu'à la garde (Xavier Legrand, 2018) Répondre en citant

valzeur a écrit:
le test de grossesse filmé de sous les toilettes en travelling avant pendant 4 ou 5 minutes, ne sert pratiquement à rien, l'hypothèse que la fille ado de Drucker attende un chiard étant simplement abandonnée.


Tellement abandonnée que j'avais carrément oublié cette scène ! Elle est d'une connerie complète. C'est d'ailleurs à ce moment précis que je me suis dit que le film allait être une bouse. La suite allait entériner mon intuition jusqu'à la garde.

valzeur a écrit:
ce triomphe du sensationnalisme et de l'idéologie dominante qu'est Jusqu'à la garde (femme = victime, homme = mal)


Précisons quand même que si le film nous avait raconté l'inverse avec les mêmes moyens cinématographiques, ce serait tout autant une bouse !
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Hello--Kitty
dans le coma profond


Inscrit le: 03 Nov 2010
Messages: 2053

MessagePosté le: Mar Juil 03, 2018 22:49    Sujet du message: Répondre en citant

Enfin vu, un peu par obligation.

En fait le discours du film est simple: "Ne faites pas confiance à la justice (première scène), seule la police vous sauvera (dernière scène)."

Je n'aime pas du tout le premier plan tape à l'œil de la fête, mais je trouve que la suite (l'idée de la fille obligée de chanter cette chanson interminable les yeux rivés sur la porte de la salle des fêtes, ne sachant pas si elle reverra un jour sa mère vivante) n'est pas mal du tout. D'une manière générale le mutisme des personnages, le côté "secret partagé" est ce qu'il y a de plus intéressant.

Le plan dans les toilettes ? J'ai pensé à des coupes au montage, puisqu'on anticipe évidemment ce qu'il risque de se passer (son père va la bousculer, elle va faire une crise, on va avoir peur qu'elle perde le bébé). Mais à la réflexion, je crois que c'est juste un des petits jeux sadiques du film (comme la longueur sur le nettoyage de la salle des fêtes, quand on pense que Ménochet va débarquer par surprise comme le tueur d'Halloween). D'ailleurs le fait que le fiancé soit un freluquet ne sert pas non plus, alors qu'on se dit qu'il va avoir du mal à faire le coup de poing avec son beau-père et qu'on attend donc ce genre de scène. D'une manière générale le film exhibe beaucoup de pistes pour pouvoir s'enorgueillir de ne pas les suivre (un principe cher au séries télé).

Je n'ai pas beaucoup aimé et je suis plutôt triste que ce soit sur ce genre de chose que les gens s'entendent actuellement pour définir ce qui est de la mise-en-scène.
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Baldanders
dans le coma profond


Inscrit le: 23 Déc 2010
Messages: 967

MessagePosté le: Jeu Juil 05, 2018 11:34    Sujet du message: Répondre en citant

Hello--Kitty a écrit:
D'une manière générale le film exhibe beaucoup de pistes pour pouvoir s'enorgueillir de ne pas les suivre (un principe cher au séries télé).


Le père est-il un affreux jojo ou une crème, fouettée par une cynique ? Le film occupe une bonne heure à nous faire douter de l'un et de l'autre, à nous faire chercher au moindre signe l'indice de l'innocence du père, de la culpabilité de la mère, et vice-versa, exactement (en effet) comme certaines séries tiennent plusieurs saisons sur l'ambiguïté d'un personnage central (ange ou sadique ?) et tout ça pour crever l'abcès de la façon la plus lourdaude qui soit. Les plans de la fin (l'attaque de l'appartement) sortent d'un Besson des années 90.
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Hello--Kitty
dans le coma profond


Inscrit le: 03 Nov 2010
Messages: 2053

MessagePosté le: Dim Juil 08, 2018 17:36    Sujet du message: Répondre en citant

Baldanders a écrit:
Les plans de la fin (l'attaque de l'appartement) sortent d'un Besson des années 90.

J'aime énormément Nikita. Et pour le coup ça ne me semble pas aussi bien filmé que Nikita...
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