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Toni Erdmann (Maren Ade, 2016)

 
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Baldanders
dans le coma profond


Inscrit le: 23 Déc 2010
Messages: 967

MessagePosté le: Jeu Juin 02, 2016 23:00    Sujet du message: Toni Erdmann (Maren Ade, 2016) Répondre en citant

Hello--Kitty a écrit:




C'est... protestant mais populaire. Il y a une drôle de façon de répéter pendant deux heures la même scène, sans que rien ne bouge (donc une certaine résistance à la logique habituelle du scénario)... jusqu'à ce que les digues cèdent. J'ai beaucoup aimé le sujet (à quoi peut servir le ridicule dans la vie ?). Il me semble que la fonction de la blague dans le rapport parents / enfants et dans l'éducation est un thème pertinent, en tout cas moi ça me parle. On pouvait même penser que ça évoquait la France de François Hollande : à quoi sert d'être Monsieur P'tite Blague dans un monde de plans sociaux (l'héroïne travaille pour une sorte de cabinet d'audit) ? J'aime bien aussi la façon dont le film règle la question de la sexualité de l'héroïne. La séance cannoise était démente : 2000 personnes qui sont mortes de rires pour trois fois rien, qui applaudissent à la fin d'une séquence, qui pleurent... Il y avait un côté forain. Le film vient de nulle part, il est loin d'être indigne et il est adopté par tout le monde : c'était joli à voir. Evidemment c'est gris et c'est une certaine façon de concevoir la mise-en-scène (qui n'est pas celle que je préfère, d'ailleurs) mais, pour sortir le film du palmarès, il fallait vraiment avoir envie de faire chier le monde.


D'accord sur la logique singulière du récit, sauf qu'à la différence de toi je ne la mettrais pas au crédit du film, ou plutôt je dirais que cette logique bizarre atteint vite ses limites en termes de dramaturgie comme de caractérisation des personnages, l'une allant de pair avec l'autre car, au fond, le film ne fait que décrire ses personnages, rien de plus. C'est d'ailleurs ce qui m'a d'abord intrigué : au tiers du film, j'ai commencé à me laisser prendre par son faux rythme et accepter qu'il n'aille nulle part précisément, qu'il se contente de créer des situations mi-figue mi-raisin, ni dramatiques ni complètement anecdotiques. Bon, il est clair que tout le "suspense" (car il y en a un, même s'il se cache derrière l'étirement des scènes ou l'absence d'efficacité dans le montage) repose sur le désir du spectateur de voir le père et la fille se retrouver, et plus précisément la fille desserrer les fesses publiquement (au lieu de réserver sa "folie" à ses histoires de cul privées) ou du moins laisser son père l'influencer "en bien". Pendant tout le temps où mon désir de spectateur s'en tenait là, je trouvais au film un charme, pas du tout visuel (on est d'accord, c'est laid), lié plutôt au flottement d'un récit qui hésite, dans le traitement de ce suspense, entre plusieurs genres : le réalisme psychologique grisâtre, le mélo retenu (très belle scène quand, le matin, la fille jette son père dehors puis court lui faire au revoir de la main depuis le balcon en pleurant), la comédie de situation, le film burlesque anar... et n'en choisit aucun. Sauf que - et là le bât blesse - tout à coup la fille semble prendre une décision qu'on ne comprend pas, décision qui engage son père d'une manière qu'on ne comprend pas, ce qui les conduit à vivre des situations qu'on ne comprend pas et dont le comique (s'il y en a) repose alors sur un rapport implicite mal défini et qui prend l'eau de plus en plus vite, jusqu'à ce que tout se termine par la (longue et lente) chute de cette relation dans une abstraction poético-pop débile (l'apéro nu, le costume poilu, l'échange de dents) que j'ai déjà subie mille fois (dans les films de Forgeard et Cie). Maren Ade n'aura donc rien osé de plus que suspendre le sens de son histoire pendant un tiers de film. On est loin d'une révolution.
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valzeur
dans le coma profond


Inscrit le: 30 Aoû 2015
Messages: 235

MessagePosté le: Mer Juin 22, 2016 1:09    Sujet du message: Répondre en citant

Cela faisait longtemps qu’un film ne m’avait pas autant énervé (et je comprends à posteriori le veto que lui a imposé George Miller au palmarès de Cannes)

Toni Erdmann m’a laissé l’impression d’un film de petit malin par défaut. Parvenu à son premier montage, Maren Ade a bien dû se rendre compte qu’à peu près tout clochait. Elle a finalement maintenu cette durée aberrante, donnant à l’absence criante de mise en scène et de montage l’apparence d’un choix délibéré, comme si la durée cautionnait tout ; qu’on avait à faire à une combustion lente et que le film allait suivre sa pente en montant. Hélas, il la suit en glissant, d'abord lentement puis en dégringolant carrément (la dernière demi-heure m’a paru un supplice).

Ce qu’installe Ade est tout simplement inopérant ; le comique - allemand ? - est lamentable et réduit à des touches pataudes. Le climax « hhhhilarant » du film est quand même, dans une séquence interminable, un personnage grimé en surprenant un autre nu avec un BOUH ou équivalent (pour mémoire, tout ce passage autour du naturisme imposé est traité en 30 secondes dans un Blake Edwards, A shot in the dark, je crois, avec un ou deux vrais gags ; Ade met approximativement 20 minutes pour parvenir à ce grand moment…). Disons que le burlesque semble une langue étrangère pour elle ; la scène masturbatoire pourrait passer avec un travail minimum sur l’espace (et notamment la vision claire pour le spectateur des fameux petits fours), ce qui n’advient pas. Comme si au fond elle cherchait une sorte de malaise pas trop gênant (ce que n’est jamais vraiment le film).

C’est probablement le côté protestant du film, qu’a bien vu Hello Kitty, comme si les Idiots - le meilleur film de Von Trier -avaient été castrés, dévitalisés, privés de toute folie et régression. Reste le pathos en creux de la rencontre impossible père-fille… Je me demande si le succès probable de cette chose n’est pas à porter à l’actif du sujet souterrain qu’effleure le film, la culpabilité économique allemande (deux scènes traitent frontalement cette idée, ça nous change de la culpabilité politique).

Le seul passage qui vaille vraiment quelque chose - à part l’au revoir de la fille décrit par Baldanders - est le briefing dans la voiture puis la réunion qui suit, certainement parce que le personnage du père y est absent, et qu’une certaine brutalité dans les rapports professionnels y est clairement de mise. Le personnage du père est une épreuve pour le spectateur (pour moi, en tout cas). Je me demande si Ade ne se sert pas de lui comme repoussoir pour éprouver l’humanité de son spectateur, à la façon de Mike Leigh (qui a une passion pour les actrices qu’on rêve d’étrangler).
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