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A Bigger Splash (Luca Guadagnino, 2016)

 
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Hello--Kitty
dans le coma profond


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Messages: 2053

MessagePosté le: Ven Avr 08, 2016 16:34    Sujet du message: A Bigger Splash (Luca Guadagnino, 2016) Répondre en citant



C'est le remake de La Piscine, pour ceux qui ne sauraient pas.

Si mes souvenirs sont bons (ils devraient l'être car j'ai quand même dû voir trois fois le film de Deray), A Bigger Splash atténue la veine policière de l'œuvre originale, ou plutôt la tire vers le grotesque. L'inspecteur italien, qui semble au départ aussi rigoureux et perspicace que Paul Crauchet, sort du film comme un gentil demeuré, en demandant une dédicace à quelqu'un qu'il ne connaît vraisemblablement pas, comme si la notoriété du personnage de Tilda Swinton désamorçait toutes les intelligences. Pourquoi pas, c'est peut-être l'idée.

Plus étonnant : le film fait tout ce qu'il peut pour sauver le personnage de Delon. C'est dommage, parce que la façon dont La Piscine lui réglait son compte et dévoilait sa vanité (au sens d'insignifiance) était un des petits plaisirs surprenants qu'offraient le film de Deray. A Bigger Splash, lui, se situe très franchement du côté de l'apollinien Matthias Schoenaerts (qui succède donc à Delon), tandis qu'en face Ralph Fiennes en fait des tonnes dans le rôle du satyre : il fait la bombe à la piscine (sans même se doucher avant d'entrer dans l'eau, ce gros dégueulasse), il danse en caleçon devant tout le monde, il pince la couenne des domestiques, il plante la décapotable dans un muret, il pelote sa propre fille en public... Qui pourrait supporter un tel connard une seule journée en vacances ? Franchement, on se surprend à regretter Vincent Cassel dans Mon roi, je vous le dis.

D'une manière générale, d'ailleurs, les personnages sont sur-caractérisés et le film est travaillé de manière assez peu subtile par le thème de l'impuissance : Tilda Swinton est une chanteuse qui a perdu sa voix et ne s'est pas remise de la mort de sa mère, Matthias Schoenaerts est un documentariste qui a arrêté de boire et de fumer après une TS et qui, en panne de courage ou d'inspiration, garde ses rushes dans un placard.

On prend un certain plaisir à observer ce mélange de film érotique et de "film Airbnb" - c'est-à-dire ces films où on regarde les murs de la maison, la situation de la terrasse, le dallage de la piscine, le bois de la table basse tout en se disant qu'on prendrait bien une semaine de vacances quelque part.

Il y a quelques ratages très gênants (la séquence interminable où tout le village italien est captivé par le spectacle de Ralph Fienes et de sa fille chantant atrocement mal au karaoke) et quelques bonnes surprises (j'ai trouvé Dakota Johnson franchement convaincante alors que, quand on la voit débarquer à l'aéroport, on se dit "Merde, c'est pas Jane Birkin, loin de là...")

Et puis il y a au moins une scène intéressante. Dakota Johnson et Matthias Schoenaerts gravissent une colline pour aller se baigner dans un lac derrière la maison et tombent nez à nez avec un petit groupe de migrants tunisiens (le film se situe dans une sorte de Lampedusa). Les Tunisiens sont en arrêt devant cette fille en short et bikini, Dakota Johnson cache sa poitrine, Schoenaerts se tient prêt à intervenir... Il y a quelques secondes de flottement et puis les gars passent leur chemin.

Jusque là, on suivait avec un peu de méfiance les tentatives du scénario pour actualiser le film de Deray (les people comme nouvelle élite qui se croit tout permis, par exemple) et on se crispait carrément quand il s'agissait d'intégrer à l'histoire l'afflux de migrants tunisiens. Quel rapport ? Un improbable parallèle entre les noyades des réfugiés et celle de Maurice Ronet ? Alerte ! Or, dans cette petite scène se rejoignent assez intelligemment les années 70 (La Piscine date de 1969) et les années 2010 (A Bigger Splash se déroule en 2016), la guerre des sexes d'hier (l'évolution des mœurs, la révolution sexuelle) et la guerre d'aujourd'hui. Bref, on pense à Cologne, on pense à Kamel Daoud, on pense aux problèmes qui agitent la France en ce moment sur le sujet du corps des femmes dans l'espace public, tout ça. Ce film n'est peut-être pas si bête.
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Hello--Kitty
dans le coma profond


Inscrit le: 03 Nov 2010
Messages: 2053

MessagePosté le: Sam Juin 18, 2016 16:35    Sujet du message: Répondre en citant

Le prochain film de Luca Guadanigno : le remake de Suspiria.
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Baldanders
dans le coma profond


Inscrit le: 23 Déc 2010
Messages: 967

MessagePosté le: Lun Déc 03, 2018 22:17    Sujet du message: Répondre en citant

Hello--Kitty a écrit:
Le prochain film de Luca Guadanigno : le remake de Suspiria.


...dont tu n'as encore rien dit ! Moi, je me rattrape : j'ai vu Call Me By Your Name hier, je regarde A Bigger Splash ce soir (je te lirai après).

EDIT.

Hello--Kitty a écrit:
On prend un certain plaisir à observer ce mélange de film érotique et de "film Airbnb" - c'est-à-dire ces films où on regarde les murs de la maison, la situation de la terrasse, le dallage de la piscine, le bois de la table basse tout en se disant qu'on prendrait bien une semaine de vacances quelque part.


C'est exactement ça Laughing

Et ça vaut tout autant pour Call Me...

Il faut maintenant lui reconnaître un sens du grand écart, pour avoir installé le lieu de l'action de Suspiria juste en face du mur de Berlin...
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valzeur
dans le coma profond


Inscrit le: 30 Aoû 2015
Messages: 235

MessagePosté le: Mer Déc 05, 2018 0:04    Sujet du message: Répondre en citant

Bon, vu le deuxième film de Guadagnino, Melissa P. et c'est mauvais sur à peu près tous les plans. Les progrès réalisés entre celui-ci et le troisième - Amore - sont d'autant plus impressionnants.
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