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Caprice (Emmanuel Mouret, 2015)

 
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Baldanders
dans le coma profond


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Messages: 967

MessagePosté le: Lun Déc 21, 2015 17:17    Sujet du message: Caprice (Emmanuel Mouret, 2015) Répondre en citant



Après l’échec total d’Une autre vie, Emmanuel Mouret se remet en scène dans le rôle flatteur d’un tombeur malgré lui en remettant en selle son personnage de Fernandel aphasique.

L’essentiel du travail de Mouret consiste à imaginer le contraire de ce qui se passe couramment : on demande à ses enfants de lâcher leur tablette de jeux et d’ouvrir un livre ? Mouret demande au sien de lâcher son bouquin pour des jeux vidéo. On imagine les stars de la scène hautaines et imbues d’elles-mêmes ? Mouret en fait des êtres fragiles, doux, sensibles. Etc. etc.

Ces retournements un peu rhétoriques passent presque inaperçus, pris qu’ils sont dans des quiproquos amoureux bien huilés, et le film réussit son pari de passer sans ostentation de la comédie sentimentale au mélodrame doux-amer, avec au passage un soupçon de tragique maeterlinckien (la relation impossible entre la femme de Mouret – Virginie Efira – et son meilleur ami – Laurent Stocker – donne les plus belles scènes).

(À toi de jouer Kitty !)
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Hello--Kitty
dans le coma profond


Inscrit le: 03 Nov 2010
Messages: 2053

MessagePosté le: Lun Déc 28, 2015 16:11    Sujet du message: Répondre en citant

A moi de jouer !

Baldanders a écrit:

Je cherche quel est le film de Woody Allen où on voit un homme et une femme dans un aquarium... Je ne trouve pas. Une idée* ? Les seules scènes auxquelles je pense n'ont rien à voir : la séquence finale de The Squid and The Whale et une scène de La Dame de Shangaï...

Bref.

Je cherchais cet exemple (sans savoir s'il était pertinent) parce que dans ma tête j'ai toujours opposé ces deux types de comédies, celles de Woody Allen et celles d'Emmanuel Mouret.

On en a peut-être déjà discuté, Baldanders ? Dans le Chat Machine ? Tant pis...

Par exemple... Dans un film d'E. Mouret, si le héros fait tomber son éponge dans le bain de Frédérique Bel, ce qui est drôle c'est qu'il ne se passe strictement rien : aucun trouble ne vient perturber le héros, il continue à discuter comme si de rien n'était tout en cherchant son éponge dans la mousse. Tout ce qui pourrait être embarrassant et scabreux est effacé. La conversation continue. On demeure dans le conte moral sans rien de pulsionnel. J'imagine que ceux qui apprécient le comique de ces situations trouvent que ça donne son charme au film, que c'est décalé, raffiné, intemporel, chevaleresque pourquoi pas. Il n'y a plus de désir = c'est marrant.





Ça pourrait correspondre à ce que tu dis : "on imagine le contraire de ce qui se passe couramment."

Dans un film de Woody Allen, si le héros perd son éponge dans le bain de, disons, Scarlett Johansson, ce qui sera drôle c'est qu'il perdra les pédales et le fil de la conversation, bredouillera, laissera tomber ses lunettes dans l'eau, etc. Humour juif, évidemment, s'appuyant sur une forte dose d'autodérision.

Personnellement, le premier effet comique ne me fait pas rire, le second oui.

Bon, ça rejoint nos discussions privées sur la concupiscence comme effet comique. Smile

Donc, en dehors du fait que tous ces effets ne fonctionnent pas tellement sur moi, j'ai toujours eu un peu de mal avec la veulerie des personnages masculins dans les films d'Emmanuel Mouret, tout ce système qui permet aux événements érotiques d'arriver par hasard ou sur un malentendu. C'est par exemple la scène du "On s'embrasse ?" dans Caprice : avant de se quitter, Virginie Efira dit "On s'embrasse ?", le héros l'embrasse sur la bouche, puis s'excuse, se demande si la fille voulait dire "s'embrasser sur la bouche" ou "se faire la bise pour se dire au revoir". Trop tard, le mal est fait, ils sortent ensemble, c'est la fille qui porte la question du désir, même inconsciemment, et le garçon n'a fait qu'obéir à son injonction.

L'opposé de ça, ce serait par exemple la scène de Annie Hall, quand Woody Allen a rendez-vous avec Diane Keaton pour dîner et qu'il lui dit au début de la soirée, avant d'entrer au restaurant, "Et si on s'embrassait maintenant ? C'est meilleur pour la digestion...".

Ah, tiens, la scène est là : https://www.youtube.com/watch?v=YTNXdZPzmEA

Finalement, là non plus "ça ne se passe pas comme ça se passe couramment" et je trouve ça nettement plus drôle. Ce qui a vieilli, bien sûr, c'est la naïveté du personnage de Diane Keaton, même si ses intonations new-yorkaises sont encore assez marrantes.

Ce qui m'a toujours plu chez Woody Allen c'est que même la beauté est comique. Quand le héros arriviste de Match Point entre dans la pièce et tombe sur Scarlett Johansson devant la table de ping-pong, c'est hyper cruel et plutôt fendard. La beauté totale de Scarlett Johansson et le retour soudain de l'animal dans le programme social du héros carriériste ex-prolo, c'est ce qui est jubilatoire. Moi je me dis Putain mec, t'es mal ! et je me bidonne.

Si on doit comparer la façon dont on se sert de la beauté chez l'un et chez l'autre... Là, dans Caprice, rien que la façon dont on fringue Virginie Efira, j'ai du mal à comprendre... Et Demoustier... Y'a pas de quoi se marrer ! Wink

Bref, dans les films d'Emmanuel Mouret que j'ai vus, je me demande toujours pourquoi la question du désir semble déserter les personnages masculins. Bon, il peut m'arriver d'apprécier les personnages féminins qui font du rentre-dedans, hein ! Il y a ça tout le temps dans les films de Cameron Crowe par exemple, et c'est un motif touchant parce que les héros de Crowe ne veulent jamais ce qui s'offre à eux et qu'ils en souffrent... Ça correspond sans doute à ton "tragique maeterlinckien", tiens. Ça me fait d'ailleurs penser à la scène d'ouverture assez réussie dans Back home de Joachim Trier , à la maternité, je ne sais pas si tu as vu ce film.

Il y a quelque chose de cet ordre-là dans Caprice et, je suis d'accord avec toi, ce qui se joue à un moment avec le personnage de Laurent Stocker est assez beau, quand on a le sentiment que la vie a mal distribué les cartes. Mais dans les films d'E. Mouret j'ai toujours le sentiment qu'il y a une pensée machiste à l'œuvre sous couvert de raffinement. Ça m'a toujours profondément gêné dans les films de Kechiche - ça aussi on en a parlé je crois, tous ces personnages de mecs (rebeus) castrés face à des filles (blanches) sexuellement agressives qui vont désorganiser la vie du héros, un peu comme Demoustier dans Caprice - et ça me gêne de la même manière dans les films d'E. Mouret.


*Alice, apparemment.
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Baldanders
dans le coma profond


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Messages: 967

MessagePosté le: Jeu Déc 31, 2015 17:37    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Kitty ! Je revois le film, que je viens d'emprunter à la bibli, et je te réponds !

(Je précise juste que le côté "touche-pipi" ou timide des précédents Mouret était précisément ce que je n'aimais pas en eux, et que ce dernier film me paraît dépasser ce niveau, non pas en assumant davantage le côté cul, c'est clair, mais en développant autre chose.)
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