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Mon roi (Maïwenn, 2015)

 
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Hello--Kitty
dans le coma profond


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MessagePosté le: Jeu Oct 29, 2015 19:09    Sujet du message: Mon roi (Maïwenn, 2015) Répondre en citant



Tony, une avocate de 45 ans, se pète les croisés aux sports d'hiver. On l'incite à réfléchir à ce que lui dit son corps. Pendant sa rééducation, elle revoit alors son histoire d'amour avec Georgio, magouilleur indécrottable, baratineur de génie, homme à femmes, petit roitelet constamment entouré d'une cour de camés superficiels. Tony et Georgio ne vieillirons pas ensemble.

Citation:
Des cinéastes ou des scénaristes médiocres, finissent par supposer que ce qui est proprement cinématographique c'est quand un acteur donne un coup à un autre, ou quand une voiture passe par-dessus une rambarde : là, effectivement, on est à l'aise, on sait qu'il se passe quelque chose sur l'écran, et que donc théoriquement, les spectateurs seront contents, mais ce n'est pas ça.



Je lisais ces propos de Pascal Bonitzer cet après-midi et j'ai presque eu honte de mon goût pour les films d'amour où les filles traversent des vitres avec leur poing et crient sous la pluie, bref mon goût pour les films de Maïwenn, et toute cette idée du cinéma comme d'un cinéma d'action.

"Qu'est-ce que tu aimes là-dedans ?" m'interpelle Baldanders d'un forum à l'autre. Salut Baldanders, fais attention à toi là-bas. Qu'est-ce que j'aime là-dedans ? Un peu tout. Et ce que j'aime, je ne l'aime pas en même temps que je l'aime. Bref, je ressens pour ce film exactement ce que ressent Tony pour Georgio dans Mon roi ! Pardonnez-moi.

A ma décharge, c'est un genre de films que j'adore, le genre que j'appelle "film-Je-t'aime-moi-non-plus" et qui n'est plus spécialement à la mode. C'est un thème qui fonctionne toujours sur moi: "Aimer ce qui ne convient pas" - comme l'explique Sophie Marceau dans L'Etudiante lors de son oral d'agrégation (elle traite du Misanthrope si mes souvenirs sont bons).

Evidemment, Mon roi a des sales allures de premier film sur-financé. Evidemment, je vois bien que, dans ce film-là en particulier, les coutures finissent par se voir : on se lasse assez vite de la méthode, de ce canevas de dialogues sur lequel on fait de longues improvisations, obligeant le monteur à monter cut et multiplier les vraies-fausses ellipses à l'intérieur des séquences (Simon Jacquet n'a pas encore la "signature" cut de Yann Dedet mais il monte quand même super bien). Pareil pour les acteurs qui se tordent de rire dans le plan pour aborder n'importe quelle situation.

Et puis il y a quelque chose d'un peu schizophrénique au cœur de Mon roi: la réalisatrice fait très très bien jouer (selon moi) une actrice qui est mal castée. Trop âgée, belle mais pas assez canon pour le rôle, ou d'une beauté trop profonde pour justifier l'attachement du playboy superficiel Vincent Cassel à son personnage... De même l'idée d'en faire une avocate, idée un peu formelle (elle a le réflexe de défendre les tyrans, c'est ça ?) et qui rend certaines situations invraisemblables.

Je suis comme tout le monde, je suis atrocement gêné quand je vois Georgio et Tony, tout à leur love affair, considérer que le monde autour d'eux est peuplé de domestiques qu'on peut congédier à sa guise (le personnel dans la cuisine du restaurant) ou à qui on peut imposer le rôle de spectateur d'un petit bonheur personnel (la scène avec le pharmacien par exemple). Est-ce que c'est seulement de la violence sociale insupportable ou est-ce que c'est aussi une certaine image du comportement amoureux exclusif et excluant (dans le genre de la chanson à succès de William Scheller, "Pourquoi les gens qui s'aiment etc etc") ? Je suis le roi (c'est dans le titre), je me comporte comme un despote, je vous emmerde.

Pareil pour le rapport à l'argent. Est-ce que Tony n'est qu'une pute (la scène de la montre où elle prend bien soin de mimer l'admiration et la surprise pour "payer" en retour son cadeau hors de prix, la scène du pari sur les esturgeons) ou est-ce que c'est une image de la prodigalité amoureuse ("Prends ! Prends des brosses à dents ! Prends des pompes à venin !") ?

Je trouve que le film joue, comme ça, sur deux tableaux. C'est pour ça que je l'aime bien.

Maïwenn est amorale, c'est ce que j'ai toujours trouvé sympathique chez elle. Je me souviens de cette scène dans Le Bal des actrices où Joeystarr chiait des billets pour acheter la compagnie de Maïwenn lors d'une soirée de bourges, scène très choquante sur laquelle la réalisatrice ne disait ni c'est bien ni c'est mal. Maïwenn est souvent à un endroit qui m'embarrasse. La fameuse scène du bus à Rroms dans "Polisse" ne m'a pas donné envie de sortir de la salle – et je n'ai pas grand chose à opposer comme argument que: bien sûr que des enfants peuvent faire des pirouettes dans un bus qui les sépare de leurs parents, et bien sûr qu'on peut crier sous la pluie, parce que la pression doit bien sortir quelque part, et ce que j'aime bien dans Polisse" par exemple (mais aussi dans une moindre mesure dans Mon roi) c'est que Maïwenn me donne toujours l'impression d 'observer par où la pression va sortir. J'ai l'impression depuis toujours que c'est ça, son truc.

Parenthèse: je dirais qu'on a vis-à-vis de Maïwenn ou de ses personnages une exigence que je n'ai pas retrouvé avec Depardieu, par exemple, quand il débarquait en pleine nuit et réveillait toute la famille pour offrir à son fils le plus bling bling des cadeaux (un camion gigantesque qui fait du bruit), ou quand il maltraitait ce pauvre Dominique Rocheteau, ou quand il secouait Géraldine Pailhas comme un prunier alors qu'elle était en train de dormir, ou quand il imposait ses exigences au vieux couple de restaurateurs hyper-gentils ("Vas-y, découpe-moi un bout de jambon"), tout ça au cœur d'un film "monté à l'envers", répétant indéfiniment les mêmes situations et se raccrochant à l'ellipse comme à une bouée de sauvetage (6/6 par ailleurs en ce qui me concerne).

Voilà pour les 2 ou 3 trucs qui me plaisent. Je pourrais ajouter la capacité qu'a le film à me faire dresser les poils en quelques secondes, mais c'est très personnel (et l'argument d'émotion n'a pas bonne presse). Par exemple, quand Tony regarde Georgio dans la boîte de nuit, au début, je suis électrisé, et je le suis dès le plan sur Bercot, dans son regard gourmand et fasciné, dans son demi-sourire carnassier, je le suis avant même le contre-champ sur Cassel. Pourquoi ? Je ne sais pas. C'est dans la manière de Maïwenn, il y a quelque chose qui me capte, c'est comme ça, je ne vais pas faire semblant que ça ne se produit pas.

J'avais donc noté 4/6. Cool
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Trollope
dans le coma profond


Inscrit le: 04 Oct 2011
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MessagePosté le: Jeu Oct 29, 2015 20:59    Sujet du message: Répondre en citant

Oui voilà, les amoureux ressemblent à des gens bourrés, mais même bourrés, les gens sont plus ou moins nobles, même riches, les gens ont plus ont moins l'air de parvenus.
Je pensais à cette manière de traiter de la bulle amoureuse au cinéma, ça me fait penser à ce film qui a l'air neuneu au possible, dont des amis m'ont dit tant de mal et dont je ne sais pas s'il s'agit d'une critique du sentiment romantique ou pas, Elvira Madigan.
ça me gêne de juger avec ce genre de valeurs, mais c'est comme ça. Je ne crois pas aux "vrais personnages" ou que l'existence d'un personnage suffise à le rendre intéressant.
Je pense que j'aime un regard plus distancé au cinéma, pas forcément moral.

Je le verrai plus tard quand il sera disponible en dvd.
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