2/Duo (Nobuhiro Suwa, 1997 >2012)

[Hello--Kitty]

Yu (fille) et Kei (garçon) sont un jeune couple. Lui est mufle et quelquefois brutal. Elle ricane à tout bout de champ pour cacher son embarras. Yu travaille chez Dorothée Bis où elle voit passer des clientes toutes guillerettes qu'elle doit complimenter. Kei voudrait être acteur mais il a déjà du mal à être figurant, c'est la lose. Au boulot, l'un comme l'autre ne la ramènent pas trop. A la maison, c'est autre chose, ils se défoulent. Un jour, Kei demande Yu en mariage. Rien ne va plus. Yu se fige. C'est à Kei de parler. Il se mure dans le déni et jette par terre leurs pauvres meubles. Yu devient hystérique. Elle disparaît.

Premier film de Nobuhiro Suwa, tourné en 1997 dans un très beau 35mm granuleux qui fourmille dans les basses lumières, 2/Duo nous arrive en 2012 avec des effets de modernités qui sont un peu fanés: scènes improvisées interrompues par des cartons noirs silencieux, personnages interrogés par le réalisateur hors-champ sur leurs intentions, fille borderline qui disparaît subitement sans laisser d'adresse, questions du scénario laissés sans réponse (quel est ce problème que Kei se refuse à formuler ? Yu est-elle vraiment cette fille qui se fait appeler Koiko et qui, dans les bars, séduit les garçons déjà en couple ?)...

2/Duo ressemble parfois plus à un film français qu'un film français. Il fait souvent penser au Mépris, le lyrisme en moins, quand il se met à raconter le basculement infernal et inexplicable qui saisit les couples qui s'aiment quand, sur une phrase ou un geste malencontreux, ils se mettent à se haïr. Suwa reprend d'ailleurs les codes couleurs du film de Godard en ramenant les intérieurs au rouge, au noir et au blanc (codes qu'il conservera dans H/Story si je me souviens bien).

Quand Kei téléphone à Yu, elle lui demande où il est. Bizarrement, il ne sait pas. Voilà: il ne sait pas où il en est, nous non plus, le scénario fonctionnant par élision des faits et non par révélation. Sans doute, comme tous les amoureux, sont-ils un peu menteurs (lui est comédien et elle vendeuse, alors comme baratineurs on ne fait pas mieux) et un peu voleurs (lui tape tout le monde de quelques yen dès qu'il en a l'occasion et elle est accusée d'être une voleuse de mecs). Ils se réfugient tour à tour dans la violence (lui) et dans l'hystérie (elle) avant de se jeter l'un sur l'autre dans une de ces étreintes désespérées qui sont le plus beau motif du cinéma de Suwa et où les personnages s'absentent, s'évanouissent, quittent le spectateur.

Pour ces quelques moments et pour la description bien râpeuse de la tendance schizophrène et/ou autiste de la passion amoureuse, le film vaut le coup d'oeil.

3.5/6
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Personne nous piquera Kitty! Il est à nous désormais. Il va falloir raquer cher pour un transfert , ne serait-ce que d'un post. Kitty, mon jouet star de Noël.

[Hello--Kitty]

Le mépris


H/Story


2/Duo


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