Quelques heures de printemps (Stéphane Brizé, 2012)

[Alexia]

A 48 ans, Alain Evrard est obligé de retourner habiter chez sa mère. Cohabitation forcée qui fait ressurgir toute la violence de leur relation passée. Il découvre alors que sa mère est condamnée par la maladie. Dans ces derniers mois de vie, seront-ils enfin capables de faire un pas l'un vers l'autre ?



J'avais été surprise par "Je ne suis pas là pour être aimé", donc je voulais voir ce film, même si ça n'avait pas l'air d'être très folichon.

Les décors sont vieillots et sinistres à souhait...vieilles tapisseries, cuisines fadasses, vieux meubles pas chers..Le quotidien de gens âgés, en passe de plier bagage définitivement. Vincent Lindon et Hélène Vincent sont super dans le rôle d'un fils et de sa vieille mère, qui se retrouvent sur fond de chômage de l'un, et de maladie sans espoir de l'autre.
Le vrai problème , entre eux, c'est celui de la parole, du témoignage de l'affection. Les deux personnages sont coincés, le chien sert seul de moyen d'exprimer un peu de tendresse. La mère est sèche, cassante; le fils, brutal. Les deux personnages, enfermés dans leur raideur et leur impuissance, s'affrontent violemment. Heureusement un voisin sait ouvrir les bras, apaiser , et adoucir les situations.
La mère, en ménagère maniaque qui veut garder le contrôle des choses, choisit pour elle le suicide assisté. On se dit que le scénario prend une autre direction, la réflexion sur l'euthanasie; en fait ce n'est pas vraiment un autre fil, c'est la logique d'un être froid qui fait taire par la force toutes ses émotions.

Mais la carapace va craquer.. Merveilleuse dernière scène qui fait venir les larmes aux yeux, et révèle l'amour filial et maternel.

J'ai aimé cet espèce de huis clos où chacun est enfermé dans son mal-être, dans le malheur de ne pas savoir dire ses sentiments à l'autre.
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Thalatta!Thalatta!

[Hello--Kitty]

Alain, un ancien routier, sort de prison et doit retourner vivre chez sa mère Yvette. Ce sont deux grincheux qui ne se parlent plus. Mais Yvette est malade et aimerait choisir l'heure de sa mort. Alain l'accompagnera-t-il jusque là ?


Yvette et Monsieur Lalouette, le gentil voisin, kiffent les puzzles (prononcer " puzl' " et non " peuzeul ").


J'ai toujours trouvé suspect la passion de Stéphane Brizé pour les éléments anti-glam (les pervenches, les huissiers de justice, les cours de danse dans le Maine-et-Loire). Je pense que si on lui donnait 10 millions d'euros pour faire un film, il irait tourner à Vierzon.

Ici, malgré le titre gazouillant, la barque de la sinistrose est chargée: puzzle monochrome sur la vieille toile cirée, canevas géant accroché au mur, dîners silencieux devant le journal télévisé de Claire Chazal, bébé qui braille dans les bras du copain obèse, bilan de compétence chez Pôle Emploi, rencontres amoureuses sur le parking de l'Intermarché ("Tu vas faire tes courses ?" "Oui."). Et quand on écoute le foot à la radio, c'est pour entendre les résultats de Ligue 2. Ne faisons pas trop somptueux. Le seul luxe que s'autorisera le film, en dehors de l'euthanasie, c'est de passer du café soluble à la cafetière électrique.

Quelques jours de printemps semble comme ça obnubilé par son "économie" (au sens de parcimonie): à l'insuffisance de moyens répond la pénurie de dialogues. L'indigence est une vertu.

A l'aise dans son système, Stéphane Brizé ose tout, c'est même à ça qu'on le reconnaît. Exemple: un plan de la petite mamy, vue en plongée de la fenêtre d'en face, qui rentre de ses courses sous la pluie, toute voûtée, abritée sous un parapluie gris, traînant derrière elle son pauvre caddie.

Le film trace sa route en barbotant toutes les idées d'un film bien meilleur, Un mauvais fils de Claude Sautet. Je prends les paris: je suis certain qu'aucun critique n'a signalé le pillage alors qu'on s'en est donné à coeur joie il y a 15 jours avec Lvovsky et Coppola. Points communs ? On retrouve le fils indigne qui n'est pas un vrai criminel mais qui a fait de la prison pour une bête histoire de drogue (Dewaere dans le film de Sautet, Lindon ici), le parent désormais veuf et pas commode voire acariâtre (Yves Robert dans le Sautet, Hélène Vincent ici), le chômage puis les boulots difficiles, précaires et provisoires (manutention sur les quais de chargement dans le Sautet, tri sélectif ici), les chorégraphies des gens de peu autour des machines à café, les scènes tendues à force de non-dits, les revirements de scénarios quand la cocotte-minute explose à coups de Non mais dis donc pour qui tu te prends ? Tu vas arrêter de me faire chier, t'es pas chez toi, les bouderies interrompues par le nouvel ami de la veuve (ou la nouvelle amie du veuf) qui fait tampon et qui essaie de convaincre le fils blessé que Tu sais, ton père (ta mère), tu devrais aller lui parler...

Quand le film bifurque vers la description du suicide assisté et que vient l'heure de se dire au revoir, on pleure comme une madeleine, bien sûr, en pensant à sa propre mamy, à sa propre maman ou à soi-même. Mais on se demande bien pourquoi des personnages que le film s'est évertué à rendre mal aimables en viennent à se dire je t'aime.

0/6

[Mystère Orange]

Merci de m'enlever mes doutes. Rien n'a changé depuis Mademoiselle Chambon (un des pires trucs qui m'ait été donné de voir), ce sera donc sans moi.

[Alexia]

[Hello--Kitty]

Mais qu'est-ce qu'il leur prend ? Arte nous programme ce soir un téléfilm sur une femme qui va mourir dans une maison de suicide assisté en Suisse...

Clara s'en va mourir de Virginie Wagon (la scénariste de Zonca) avec Jeanne Balibar

[Alexia]

Ca a l'air d'être du dernier cri, je viens de tomber par hasard sur un article de Paris-Match là-dessus..(association Dignitas en Suisse, pour les candidats. Mais où sont les corbillards d'antan?)
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Thalatta!Thalatta!

[Alexia]

[Trollope]