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Carton dans le coma profond

Inscrit le: 09 Fév 2010 Messages: 1952
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Posté le: Jeu Sep 20, 2012 17:25 Sujet du message: Killer Joe (William Friekin, 2011) |
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J’aime beaucoup Friedkin, comment il va chercher du côté du réalisme, d’un rapport documentaire à l’image, pour explorer la violence et sa dimension fantastique. J’ai découvert ses films tardivement, et Sorcerer, Live and Die in L.A., et French Connection ont été des films important.
J’aime moins son travail récent, mais enfin Traqué tout de même, et puis Bug c’était pas si mal.
Dans killer Joe, la grande réussite c’est les acteurs, le duo entre Joe et la petite sœur, le phrasé très détaché du tueur, ses phrases qui tombent comme des évidences, la gamine très frontale, ça produit des scènes de dialogue très belles qui tirent le film vers autre chose qu’une simple histoire de spirale de violence chez les rednecks.
Matthew McConaughey joue tout en retenue pour glisser petit à petit vers le grotesque, et quand il renverse une table pour se jeter sur le couple apeuré dans un coin du mobil home, en deux plan il donne une image du monstre qui couvait depuis le début. Seulement cette scène c’est surtout le moment où il force la femme au visage ensanglanté à mimer une fellation sur un pilon de poulet, et moi des scènes comme ça c’est plus possible.
Je ne peux plus du tout supporter les scènes de torture, d’humiliation, quand c’est filmé avec une certaine crudité, et quand cette crudité se mêle à une jouissance dans la mise en scène. J’y vois trop de plaisir et de complaisance dans l’insistance à filmer le visage défoncé de Gina Gershon en gros plan, avec le son hypertrophié de la succion, j’y trouve trop d’excitation dans la mise en scène du frisson de faire une scène qui va loin dans le glauque. C’est Gaspar Noé qui m’a appris ça, lorsqu’il mettait un panneau prévenant que la scène à venir allait être insoutenable et qu’il fallait sortir de la salle dans Seul contre tous. Cette auto-satisfaction à malmener le spectateur sur des choses un peu puériles, sans distance, une sorte de transgression de petits bras, c’est quelque chose qui fonctionne comme un repoussoir pour moi, et ça me déçoit d’autant plus que ça n’avait jamais été le cas dans les films de Friedkin (à ma connaissance, même dans L’Exorciste c’est assez sec, sans ricanement, une brutalité qui sidère mais presque froide, là où dans Killer Joe ça fonctionne plus comme le clou du spectacle, un défi genre « même pas cap’ » lancé au spectateur, un truc à côté de la plaque).
Y’a des choses réussies dans le film, mais cette fin, dans le cinéma de Friedkin, je ne la comprends pas. _________________ La Quadrature |
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Hello--Kitty dans le coma profond

Inscrit le: 03 Nov 2010 Messages: 2053
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Posté le: Jeu Sep 20, 2012 19:12 Sujet du message: |
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Ce ne serait pas bêtement pour être dans l'air du temps ?
Mes indics à Hollywood me disent qu'ils sont en train de se calmer, là-bas, avec la violence, depuis la tuerie dans le cinéma de Batman. On est en train de revoir le marketing de tous les films violents qui doivent sortir dans les prochains mois. |
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Carton dans le coma profond

Inscrit le: 09 Fév 2010 Messages: 1952
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Posté le: Jeu Sep 20, 2012 20:11 Sujet du message: |
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Je ne sais pas, je ne vais pas assez au cinéma pour saisir l'air du temps.
Cela dit je n'ai rien contre la violence au cinéma, c'est juste que là j'ai pas compris pourquoi il s'étalait autant sur la scène de torture. Ça vient peut être de la pièce d'ailleurs, c'est complètement jouable sur scène comme moment. _________________ La Quadrature |
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Trollope dans le coma profond
Inscrit le: 04 Oct 2011 Messages: 637
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Posté le: Ven Sep 21, 2012 3:42 Sujet du message: |
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le yougo' a écrit: | Je ne sais pas, je ne vais pas assez au cinéma pour saisir l'air du temps.
Cela dit je n'ai rien contre la violence au cinéma, c'est juste que là j'ai pas compris pourquoi il s'étalait autant sur la scène de torture. Ça vient peut être de la pièce d'ailleurs, c'est complètement jouable sur scène comme moment. |
Je n'aime pas trop le théâtre en général et ce que je me suis dit en voyant le film, c'est que cette scène devait être insupportablement artificielle au théâtre. Les gens parlent pompeusement de "performance" dans les critiques du film. C'est bien ça dont il s'agit mais là cet aspect s'atténue un peu. Il y a deux scènes de "sexe" dans le film, elles se répondent assez bien à mon avis. Par contre, les apartés de Thomas Haden Church dans la scène dont tu parles sont vraiment trop maladroits. Au début, c'est drôle, mais bon.
Et puis il faut arrêter avec la violence. J'aurais du mal à citer des films dont la violence me fait faire des grimaces, et ils existent, mais Killer Joe n'est pas un film très violent.
Citation: | Matthew McConaughey joue tout en retenue pour glisser petit à petit vers le grotesque, et quand il renverse une table pour se jeter sur le couple apeuré dans un coin du mobil home, en deux plan il donne une image du monstre qui couvait depuis le début. Seulement cette scène c’est surtout le moment où il force la femme au visage ensanglanté à mimer une fellation sur un pilon de poulet, et moi des scènes comme ça c’est plus possible. |
Je ne me souviens plus de ce moment précis, mais on ne l'avait pas déjà vu se débarrasser froidement d'un cadavre? Parce que justement jusqu'à cette scène, je ne trouvais pas McConaughey aussi inquiétant que les critiques voulaient bien le dire. Et même après, même si on a tendance à se metter dans la peau du personnage joué par Emile Hirsch (moi en tout cas - désolé H-K) qui a enfin l'impression qu'il vient d'ouvrir la boîte de Pandore.
Citation: | Je ne peux plus du tout supporter les scènes de torture, d’humiliation, quand c’est filmé avec une certaine crudité, et quand cette crudité se mêle à une jouissance dans la mise en scène. |
ça me paraît un peu vitement dit. Il est évident que la scène est faite pour choquer, je crois qui si je ne m'en suis pas formalisé, c'est que contrairement aux attentes probables de Friedkin et de son scénariste, la scène ne m'a pas paru choquante. Je crois que c'est une probabilité qu'ils ont envisagé.
Citation: | une simple histoire de spirale de violence chez les rednecks. |
C'est en effet la manière dont on décrit le film généralement, avec un peu de condescendance sans doute. Un exemple: quand Thomas Haden Church est dans la boîte de strip-tease, absorbé par le spectacle des danseuses au point de prêter une oreille presque indifférente à son fils qui prépare l'assassinat de son ex, il y a peut-être une notation satirique, mais que je ne ressens pas comme ça, j'y vois une notation objective, sans valeur vraiment. Pareil quand le fils sort de la boîte, à l'entrée, il a un moment d'inattention en apercevant une fille dénudée à travers la vitre au-dessus de lui et la caméra accompagne son regard. Il y a un relâchement qui m'a plu.
Citation: | C’est Gaspar Noé qui m’a appris ça, lorsqu’il mettait un panneau prévenant que la scène à venir allait être insoutenable et qu’il fallait sortir de la salle dans Seul contre tous. |
Je ne connais pas Noé, je ne sais pas ce qu'il veut faire. Il prévient pour quoi faire? Parce que ça me fait penser à Haneke qui disait, j'ai lu ça récemment, que quitter la salle de Funny Games étaient la bonne réaction à avoir. Les autres qui restaient, si je comprends bien (je n'ai pas vu le film), devaient être punis et édifiés. |
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Carton dans le coma profond

Inscrit le: 09 Fév 2010 Messages: 1952
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Posté le: Ven Sep 21, 2012 12:04 Sujet du message: |
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Trollope a écrit: |
Et puis il faut arrêter avec la violence. J'aurais du mal à citer des films dont la violence me fait faire des grimaces, et ils existent, mais Killer Joe n'est pas un film très violent.
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Oui, mais je ne parle que de la scène finale.
Trollope a écrit: |
Je ne me souviens plus de ce moment précis, mais on ne l'avait pas déjà vu se débarrasser froidement d'un cadavre? Parce que justement jusqu'à cette scène, je ne trouvais pas McConaughey aussi inquiétant que les critiques voulaient bien le dire. Et même après, même si on a tendance à se metter dans la peau du personnage joué par Emile Hirsch (moi en tout cas - désolé H-K) qui a enfin l'impression qu'il vient d'ouvrir la boîte de Pandore. |
Oui, il se débarrasse d'un cadavre, mais il fait ça de manière détachée, sans émotion, et il est presque doux. Il n'est pas inquiétant parce que pendant tout le film on espère qu'il n'est pas aussi salop qu'on le dit, qu'il va bien traiter la gamine, etc. A la fin, c'est autre chose, et ce moment précis où il accroupie en hurlant sur les parents, pour moi c'est là que l’ambiguïté s'effondre.
Trollope a écrit: |
ça me paraît un peu vitement dit. Il est évident que la scène est faite pour choquer, je crois qui si je ne m'en suis pas formalisé, c'est que contrairement aux attentes probables de Friedkin et de son scénariste, la scène ne m'a pas paru choquante. Je crois que c'est une probabilité qu'ils ont envisagé. |
C'est pas tant que la scène soit choquante, c'est plutôt qu'elle est très visiblement faite pour ça, l'échelle des plans, les cadrages, le son, la durée, tout montre qu'on en rajoute à mort pour faire le spectacle sur un mode le plus réaliste possible, sans distance (à part la contre plongée sur le visage du tueur, à la drôlerie bienvenue). Voir à ce point le réalisateur faire des efforts pour être dans le glauque, ça me désole.
Trollope a écrit: |
Je ne connais pas Noé, je ne sais pas ce qu'il veut faire. Il prévient pour quoi faire? Parce que ça me fait penser à Haneke qui disait, j'ai lu ça récemment, que quitter la salle de Funny Games étaient la bonne réaction à avoir. Les autres qui restaient, si je comprends bien (je n'ai pas vu le film), devaient être punis et édifiés. |
Mais Haneke c'est pareil, depuis Funny Games au moins. Le spectateur qui reste jusqu'au bout le fait parce qu'il espère que le réalisateur n'est pas aussi pervers, et qu'il va se rattraper à un moment. Mais c'est vrai qu'il a tort.
La Pianiste, c'est d'une complaisance à couper le souffle de ce point de vue là. _________________ La Quadrature |
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P/Z

Inscrit le: 02 Nov 2011 Messages: 10
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Posté le: Mer Sep 26, 2012 12:11 Sujet du message: |
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Friedkin va faire un tour du coté de Jim Thompson et revisite ses thèmes (les siens et ceux de Thompson) : la violence, le mal, la misogynie, l'innocence, le bouc-émissaire, la rédemption...
Tout en jouant la carte du grotesque - cf la fameuse séquence finale - il cherche dans le même temps à se rassurer avec un scénario de la machination. Le film tendrait alors vers l'absurde mais n'arrive pas à l'atteindre. C'est là sa principale limite.
(ceci dit ce n'est pas vraiment ma tasse de thé, I am a little bit more english).
Ps
- A noter la révélation d'un acteur formidable : Thomas Haden Church dans le rôle du père.
- Le gag de la manche de la veste est surement un des trucs les plus drôle vu ces derniers temps.
- Dans le genre (Affreux, sales et méchants) on a préféré The Killer inside me du très inégal Michael Winterbottom. |
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Hello--Kitty dans le coma profond

Inscrit le: 03 Nov 2010 Messages: 2053
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Posté le: Mer Sep 26, 2012 13:48 Sujet du message: |
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P/Z a écrit: | - A noter la révélation d'un acteur formidable : Thomas Haden Church dans le rôle du père. |
Un petit peu connu tout de même. |
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Trollope dans le coma profond
Inscrit le: 04 Oct 2011 Messages: 637
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Posté le: Mer Sep 26, 2012 14:59 Sujet du message: |
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P/Z a écrit: | Michael Winterbottom. |
Décrié surtout, à tel point que je n'ai jamais souhaité voir ses films. Mais j'étais tenté justement de jeter un oeil sur The Road To Guantanamo, In This World, ou Wonderland récemment. |
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P/Z

Inscrit le: 02 Nov 2011 Messages: 10
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Posté le: Mer Sep 26, 2012 18:39 Sujet du message: |
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Cinéaste très inégal..
Il se dit beaucoup de bien de son Jude que je n'ai pas vu. |
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Trollope dans le coma profond
Inscrit le: 04 Oct 2011 Messages: 637
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Posté le: Mer Sep 26, 2012 18:45 Sujet du message: |
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Quand je lis ça, je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est le journaliste qui perd les pédales. Et il n'en était pas à son coup d'essai. Guillaume Loison, butor ultime. Et probablement un admirateur de Midnight Express avec ça.
En passant sinon, mon adaptation favorite de Thompson au cinéma est un film méconnu de James Foley, After Dark, My Sweet. Pas grand-chose à voir avec le Friedkin, Thompson a été un grand romantique qui ne s'assumait pas, ce qui donne un cynique trop forcé pour qu'on le prenne au mot. |
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P/Z

Inscrit le: 02 Nov 2011 Messages: 10
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Posté le: Mer Sep 26, 2012 18:57 Sujet du message: |
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Trollope a écrit: |
Thompson a été un grand romantique qui ne s'assumait pas, ce qui donne un cynique trop forcé pour qu'on le prenne au mot. |
C'est fort bien dit.
Je note pour le film de Fowley. Merci. |
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Trollope dans le coma profond
Inscrit le: 04 Oct 2011 Messages: 637
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Posté le: Jeu Sep 27, 2012 9:11 Sujet du message: |
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I'm fucked, il a fait un film avec Catherine Keener qui a échappé à mes examens. Je dois voir ça maintenant. |
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Carton dans le coma profond

Inscrit le: 09 Fév 2010 Messages: 1952
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Posté le: Jeu Sep 27, 2012 11:40 Sujet du message: |
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Hello--Kitty a écrit: | P/Z a écrit: | - A noter la révélation d'un acteur formidable : Thomas Haden Church dans le rôle du père. |
Un petit peu connu tout de même. |
Oui il était bien dans le Spiderman. _________________ La Quadrature |
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Trollope dans le coma profond
Inscrit le: 04 Oct 2011 Messages: 637
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Posté le: Jeu Sep 27, 2012 11:56 Sujet du message: |
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Marrant je ne me souviens pas de lui dans Spanglish (bon ok, j'aime bien le film, même si ça m'embarrasse de le dire vu l'engouement autour de Brooks ces derniers temps), mais je pense que H-K pensait surtout à Sideways.
Keener sinon en anglais, c'est le comparatif de supériorité de l'adjectif signifiant "1.Having a fine, sharp cutting edge or point. 2. Having or marked by intellectual quickness and acuity.". Eh bien, elle porte bien son nom.
Par contre l'actrice de The O.C., Willa Holland, l'espèce de Mélanie Laurent anorexique, c'est vraiment un type physique antipathique. Je préfère largement Analeigh Tipton (encore un rapport tiré par les cheveux, et qu'à vrai dire j'ai fait sans faire exprès, The Road to Guantanamo est inspiré de l'histoire dite des "Tipton Three"). |
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Hello--Kitty dans le coma profond

Inscrit le: 03 Nov 2010 Messages: 2053
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Posté le: Jeu Sep 27, 2012 13:03 Sujet du message: |
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Trollope a écrit: | Marrant je ne me souviens pas de lui dans Spanglish (bon ok, j'aime bien le film, même si ça m'embarrasse de le dire vu l'engouement autour de Brooks ces derniers temps), mais je pense que H-K pensait surtout à Sideways. |
Oui, en effet, je pensais à Sideways, tout en me souvenant qu'il était un des méchants d'un des Spiderman.
Je l'avais trouvé très bon également dans Another Happy Day du fils Levinson (en tout cas parfait pour le rôle). Ses face à face avec Kate Boswoth (qui joue sa fille) étaient beaux, l'un et l'autre gênés par leurs physiques: lui l'Américain moyen, râblé, serré dans ses chemises, elle l'anorexique de service qui cache ses marques de TS sous ses manches longues.
Et il joue également dans We bought a zoo. Bref il est souvent là dans des films que j'aime. |
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