The Informant! (Steven Soderbergh - 2009)

Zahad le rouge

Sur l'insistance de Phèdre, je double-poste.

Plus ça va plus j'aime Soderbergh, même s'il m'est tjs aussi incernable, parfois complètement cabot et inintéressant, prétentieux sur du vent (les Ocean's), parfois franchement modeste quand il pourrait se laisser aller à la Grande Forme ronflante (Che évidemment, qu'il faut vraiment que je revoie, notamment la première partie, dont je garde un souvenir hébété). Et puis parfois, nulle part, un peu comme s'il tenait à une forme disons "anonymisée", télévisuelle au sens américain du terme, çàd pas contaminée par l'envie d'être/de faire Auteur. Une sobriété, une modestie, pourtant soutenues par une mise en scène impeccable -- mais jamais en démonstration, toujours en retrait, c'est là sa belle force, c'est ce que je préfère chez Soderbergh.

Tout ça pour dire que des 4 films qu'il a enchaînés l'an passé (quatre films bordel!), The Informant est très certainement le plus mineur (les deux Che sont magnifiques, deux vraies gageures pour un projet de départ qui semblait nécessairement mener dans le mur ; The Girlfriend Experience m'avait profondément remué et dérangé, si bien que je ne l'avais pas vu en entier, mais il ne faisait aucun doute que c'était un film majeur déguisé en film mineur), et pourtant j'y suis resté scotché de bout en bout, bluffé par l'évidence de la mise en scène, de l'écriture et de la direction d'acteurs, et surtout l'apparente facilité du film à tenir sa ligne, son rythme, sans montrer le moindre effort, dans une espèce de détachement, d'aisance, de tranquillité -- toutes choses évidemment feintes, le film est plastiquement impressionnant, son écriture remarquable et le travail des acteurs franchement bluffant (faut dire que le casting, très majoritairement en provenance de la TV, c'est un signe qui ne trompe pas, est absolument parfait), mais jamais le film ne veut qu'on l'admire pour ça.

dur d'écrire sur Soderbergh, de le cerner, pas facile de dire que c'est un immense réalisateur, mais toujours est-il que quelque chose me fascine vraiment chez lui, ce mélange de frontal et d'élégance du retrait, de maîtrise et de modestie, de majeur et de mineur.

Je ne saurais pas dire si ses films resteront, comment ils vieilliront, et quelque part je pense qu'on s'en fout, je crois surtout ceci que Soderbergh ne vise pas vraiment à la postérité, ou plutôt n'y vise plus. On peut supposer que sa carrière trop tôt célébrée l'y a conduit -- ou alors c'est de la psychologie de comptoir, c'est fort possible. Toujours est-il que même s'il fallait considérer que c'est du flux, je me dis toujours qu'on pourrait considérer que Soderbergh fait les vraies séries B modernes, sans le post-modernisme relou ni le cynisme détestable qui gangrènent souvent la "vraie" série B actuelle.

Tetsuo

Bah moi j'ai détesté. Comme d'hab.

Tiny

moi j'ai plutôt apprécié et je rejoins zad quand il parle de série b moderne dans son texte. ça s'applique assez à ce film-là effectivement.

et je rejoins phèdre quand il force zad à poster ses textes ici, parce que ça vaut le coup.

Tetsuo

Et bien moi je me rejoins quand je pense que Soderberg, séries B ou pas, ne fait en réalité que porter un regard hautain et simplet sur son personnage qu'il méprise et auquel il n'apporte aucune nuance. La démonstration technique et virtuose dans ce genre de registre, ça me fait froid dans le dos tant ça transpire la condescendance...

Zahad le rouge

pas d'accord, autant je pense ça du dernier Cohen, autant justement je me disais que Soderbegh faisait exactement l'inverse, alors que le film encourt ce risque tout le long...