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Le Corbeau (Henri-Georges Clouzot, 1943)

 
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Zagriban
dans le coma profond


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MessagePosté le: Mar Fév 16, 2010 21:56    Sujet du message: Le Corbeau (Henri-Georges Clouzot, 1943) Répondre en citant




Le docteur Germain, qui travaille dans une petite ville de province, reçoit des lettres anonymes signées Le Corbeau l'accusant de plusieurs méfaits. Cependant il n'est pas le seul à en recevoir. Toute la ville est bientôt menacée, la suspicion règne. Le docteur Germain décide de mener une enquête.



D'Henri-Georges Clouzot, je ne connaissais que le célèbre "Salaire de la peur" (excellent film au passage). Une diffusion sur TV5 Monde a été pour moi l'occasion de découvrir cette œuvre "de jeunesse" du réalisateur (37 ans à l'époque), mais déjà presque un coup de maître.

"Le Corbeau" peut s'apparenter à un huis-clos où la tension monte graduellement. Ce huis-clos, c'est un microcosme bien particulier, un petit village de la France rurale, avec son église, son école républicaine... et son fragile équilibre social. Un étranger -le docteur Germain- est introduit dans ce milieu, et il sera l'observateur et l'acteur quasi-impuissant d'un tourbillon général de suspicions, de rancœurs ensevelies, puis de haine déversée, dont l'élément déclencheur seront de simples lettres anonymes.

C'est grand.
La galerie des personnages contribue beaucoup à "contextualiser" psychologiquement l'histoire. Il y a l'épouse vertueuse mais rêvant d'adultère, la garce, la bonne sœur psychorigide, l'adolescente envieuse, le psychiatre philosophe à ses heures, le maire dépassé, un ambitieux substitut, le médecin rival jaloux, etc. Les apparences sont ce qu'elles doivent être dans ce milieu traditionnel, mais certains ont leur jardin secret, jalousement caché et entretenu. Même le personnage principal, de prime abord droit dans ses bottes et ses principes, finira par perdre ses repères, et révéler les lourds remords qui le rongent.
Mais, de toutes ces personnalités dont on perce peu à peu les noirs mystères, une seule est le coupable, une seule est le "Corbeau"... Le petit jeu auquel le spectateur est convié (façon "dix petits nègres" d'Agatha Christie) ne trouvera son dénouement qu'à la toute fin.



En outre, Clouzot met sa maîtrise dans la réalisation au service d'une mécanique bien huilée, vouée à l'efficacité du récit. Ça s'enchaîne bien, c'est sec et sans fioriture. Mais même si le film est globalement classique dans la forme, quelques scènes sont éblouissantes de rythme et d'esthétisme quasi expressionniste: l'enterrement (superbe contre-plongée), la poursuite de la bonne sœur poursuivie par les cris de la foule, et la fameuse scène de l'ampoule brinquebalante qui distille un subtil clair-obscur, illustrant un discours mémorable sur le bien et le mal. Sans oublier de gros plans parfois saisissants.
Par ailleurs, les dialogues sont certes datés (prononciation rapide et "nasale"), paraissent parfois artificiels -comme dans pas mal de films de l'époque-, mais sont d'une remarquable crédibilité, et parfois teintés d'humour (involontaire? "l'œil américain" et "la bobine de crevard" m'ont bien fait rire).

Film en partie sociologique, film sur l'impact dévastateur des soupçons et de la délation, il trouve une résonance particulière dans la France occupée. Le réalisateur en profite aussi pour présenter aussi sa vision de l'âme humaine, qui est sombre et tortueuse -même chez les enfants-, et ce malgré les conventions.
Mais "Le Corbeau", c'est aussi et avant tout un méli-mélo bien dénoué, illustrant à merveille le célèbre adage de Clouzot: «Pour faire un film, premièrement, une bonne histoire, deuxièmement, une bonne histoire, troisièmement, une bonne histoire».

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