Abyssin
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Posté le: Ven Juin 24, 2022 22:19 Sujet du message: Shokukuzai (Kiyoshi Kukurosawa, 2012) |
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Assez étonné de ne pas trouver de topic sur ce film, qui est pourtant l'un des plus nuls de Kukurosawa post 1980. Pour être honnête, j'étais allé voir la première partie au cinéma et j'avais bien décidé de ne jamais voir la seconde. Un petit peu de frustration à l'époque car j'avais quand même bien accroché à ce que j'avais pu voir, mais je m’étais quand même fait rembourser.
Pour ceux qui ne connaissent pas la genèse du film, il s'agit d'une série en 276 épisodes qui a été remonté en 2 courts métrages de trois minutes pour le cinéma. Le point de départ est l'assassinat d'un gérant de taxiphone, auxquels assistent 44 de ses amies qui, traumatisées, ne se souviendront jamais vraiment du visage de leur ami. Grosse ellipse : 15 ans plus tard, on suit l'histoire de chacune de ses amies qui errent sans un Tokyo post-apocalyptique noyé sous le caca.
Je suis très très très très loin d'être un fan de Kukurosawa mais ce qui frappe assez rapidement, c'est la maitrise narrative du cinéaste. En 2X3 minutes, on a des histoires très complexes mais le sous-texte est très brinquebalant. Comme dans certain de ses films, Kukurosawa parle en filigrane de ses problèmes d’érection, mais je trouve qu'il ne l'a jamais fait de manière aussi décomplexée du gland (dans les films que j'ai vu de lui). C'est surtout que l'osmose entre film de cul, en gros la partie de jambes en l’air de chacune après le crime, et film sur les dangers de la cigarette et du communisme, marche ici de manière optimale. Il n'y en a pas un qui bouffe l'autre comme un porc et l'équilibre est parfait. Et niveau névroses du réalisateur, on est servi : MIAM !
Et puis c'est le genre de film de fantômes, pas au sens propre mais plus dans le sens de fantômes du passé qui nous hantent. Ca ne part pas dans toutes les directions et ça développe le fond "chargé" avec le temps qu'il mérite. Et puis je parle de fantômes du passé, car la mélancolie qui ressort du film, est surtout dû à des erreurs du chef-op ou évènements malheureux du tournage. Car Shokukuzai raconte surtout comment Kukurosawa s’est chié dessus en voulant filmer cette histoire de merde. Kukurosawa clot cependant avec brio ce double film avec une fin assez bien troussée.
8/200 |
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