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Suspiria (Luca Guadagnino, 2018)
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JM
dans le coma profond


Inscrit le: 10 Nov 2011
Messages: 129

MessagePosté le: Mar Nov 27, 2018 5:21    Sujet du message: Répondre en citant

valzeur a écrit:
Citation:
"Je me marre" : évidemment parce que votre avis est en effet posé et argumenté sur les deux séquences des précédents films de Guadagnino mais parce qu'il est dans le même temps totalement absurde étant donné ce que vous reprochez à côté à Hers (et par ailleurs politiquement médiocre : il n'est en rien plus raisonnable de faire passer les paysans italiens pour nostalgiques de Mussolini en 85 qu'à une autre époque (alors même que vous vous permettez d'ironiser sur ma position vis-à-vis du film de Hers en me faisant passer pour un électeur de Macron votant pour lui contre le populisme vous semblez vous-même accréditer cette vision macroniste stupide du cercle des élites cultivées face aux prolos fachos à partir du moment où elle est enrobée dans un vernis 80s), j'ajoute que votre description de cette séquence est répugnante de paternalisme ; Quant à "A bigger splash" vous êtes là encore en train de vous contredire et de m'affirmer que finalement dans ce film-ci on peut se permettre de prendre les réfugiés comme des épouvantails d'arrière-plan afin de se donner bonne conscience, c'est-à-dire d'éviter d'aller à leur rencontre et de filmer avec eux pour rester dans son petit cercle de jet-setteurs confortable, tandis que vous reprochez précisément à Hers sa non rencontre avec l'Autre), à tout prendre je préfère encore la position de Hers qui est moins hypocrite).


Hummm, c'est tellement de la bouillie que je ne sais pas par où commencer. Mais j'aurais du m'en douter après ton usage de l'expression "politiquement douteux" qui fleure bon la bonne conscience de gauche France Inter.
Déjà, j'ai une légère préférence pour Memory Lane que je trouve neutre++, à A Bigger Splash - neutre - et Call me by your name - médiocre (même si j'aime une séquence ou deux). Tous les films de Hers sont des chroniques contemporaines, alors que les Guadagnino dont il est question ici sont un remake d'un thriller érotisé et une romance culturelle en Toscane dans les années 80, la "conscience politique" peut bien rester une option. Guadagnino tient plus du baroque viscontien dernière période, et A bigger splash ne serait en rien meilleur si soudain les réfugiés passaient au premier plan, ce serait même probablement une merde bien-pensante, alors que c'est juste affleurant en l'état.
Et que Guadagnino ne s'évanouisse pas d'horreur à l'idée de montrer une persistante admiration pour Mussolini chez certains paysans de Toscane ne me soulève pas d'indignation, comme toi (ouh, quel cinéaste "politiquement douteux" !). Que faudrait-il pour te soulager, que le personnage d'Arnie Hammer condamne une telle horreur et se signe devant le portait du Duce ? Comme c'est niais...
Et Hers peut bien se fermer à l'Autre, petit ou grand, je n'y verrais aucun problème si ces personnages existaient plus, si sa petite musique des lieux habités s'accompagnaient d'un vrai travail sur les personnages, comme l'a déjà expliqué Baldanders.
Capito ?
Allez, un petit Amanda avec Trollope, un bon paquet de Kleenex, du pop-corn et revenez-nous galvanisés par tant de Beauté sensible.



Ah, voilà l'abcès enfin crevé et les positions politiques se précisent enfin un peu. Ravi que vous utilisez enfin comme anathèmes les expressions : bonne conscience de gauche, bien-pensance !

La limite de votre imagination est en effet niaise, mais ne prenez pas votre cas pour une généralité !
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valzeur
dans le coma profond


Inscrit le: 30 Aoû 2015
Messages: 235

MessagePosté le: Mar Nov 27, 2018 13:01    Sujet du message: Répondre en citant

Eh oui, je renifle la méprisable gauche "olfactive" à cent lieues ! Trouver que deux films sont insuffisamment "progressistes" à partir de deux séquences, et bannir de ses futures visions les autres films de ce réalisateur, comment appeler cela ? De la connerie, je dirais.
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Baldanders
dans le coma profond


Inscrit le: 23 Déc 2010
Messages: 967

MessagePosté le: Mer Déc 05, 2018 1:55    Sujet du message: Répondre en citant

J’ai revu Suspiria. Sans l’effet de surprise, le film reste grand.

Cette fois, j’en suis ressorti avec deux-trois idées claires, alors que la première fois j’étais trop abasourdi, encore plus après les révélations de valzeur sur Klemperer et Markos (j'avoue n'avoir rien deviné sur le coup)...

D’abord, j’ai rarement vu un film s’abandonner à ce point à une admiration/fascination pour les femmes, au point non seulement de leur donner la quasi-totalité des très nombreux rôles, mais surtout de leur attribuer des puissances de toutes sortes, et de lier ces puissances à quelque chose d’extrêmement physique : les jeunes comme les vieilles ne cessent d’esquisser des pas de danse, et puis il y a leurs regards perçants, leurs rires tonitruants...

Les scènes de danse, ici ou là critiquées pour leur mauvais goût, sont à l’évidence autre chose que de simples chorégraphies filmées pour elles-mêmes : bien plutôt des rituels, brisés par un montage qui les relie toujours à une autre scène, où elles déclenchent comme une réaction infernale. Ce qui importe est chaque fois moins la danse en elle-même que la portée occulte des gestes des danseuses.

De fait, tout le film est comme un immense champ de forces, où l’on se perd un peu tant tout communique, sans qu’on sache bien toujours ce qui agit et sur quoi. Un labyrinthe d’influences, où la règle stylistique est le changement d'angle, comme si chaque chose filmée était ciblée par plusieurs regards. (Ce qui est sûr, c’est que seuls les hommes sont dénués de tout pouvoir dans cet univers : ils sont d’ailleurs (si on excepte le vieux psychanalyste) au nombre de deux, deux flics réduits à des rôles de marionnettes.)

De là, je crois, le rejet de la critique : il ne s’agit pas de s’attacher aux personnages, de suivre leur évolution, pas du tout. Chaque femme porte un pouvoir qui reste latent ou qui agit, et qui toujours lui confère une aura qui remplace toute « psychologie ». Si le film est féministe (ce que je pense), alors il l’est de manière totalement opposée au féminisme actuel qui réclame droits et reconnaissance. Là, les femmes ont des pouvoirs propres, agissants, secrets, globalement maléfiques (mais pas seulement). Et elles s’en servent dans une lutte entre elles pour accéder à d’autres obscurs niveaux de pouvoir.

On a beaucoup critiqué l’irruption dans l’intrigue d’événements historiques réels (la déportation nazie des juifs, le terrorisme d’extrême-gauche) mais c’est leur parallélisme total vis-à-vis de l'action qui frappe : ils sont instrumentalisés par les sorcières à des fins toutes personnelles (comme dans cette scène terrifiante qu’affectionne valzeur où la femme du vieux juif réapparaît pour l’entraîner dans la messe noire). N’y voir que des clins d’œil malins est à côté de la plaque : pour faire sentir que ces femmes se tiennent hors du temps, il fallait bien que l’Histoire soit évoquée, et même de façon insistante.

Cela dit, il y a cette scène finale, où la nouvelle Mère rend visite au vieux juif et, pour le débarrasser de sa souffrance, lui raconte l’histoire de la mort de sa femme. Scène mystérieuse, qui pourrait à la limite ressembler à une happy end, mais scène rendue ambiguë par le fait que la sorcière efface au moment de partir tout souvenir chez Klemperer. C’est alors le film qui s’efface, en même temps que la marque, sur le mur de la maison, du seul amour dont il aura été question dans cette drôle d’histoire anti-sentimentale.
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valzeur
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Inscrit le: 30 Aoû 2015
Messages: 235

MessagePosté le: Mer Déc 05, 2018 2:19    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai l'impression, Baldanders, que tu as dis le principal et qu'on ne pourra mieux faire !

Sur la puissance magique et occulte des femmes, je ne vois guère que le magnifique Duelle de Rivette qui se rapproche un peu de Suspiria (mais Rivette croit plus à l'amour, il est probable que l'étonnant final du Guadagnino ne soit au fond qu'une fausse piste).

Tu as parfaitement raison, si le film est aussi mal reçu, c'est que les femmes y sont toutes-puissantes, incompréhensibles, sans pitié et qu'elles ne ressentent aucun désir pour les hommes (ni pour les femmes). Ce sont des puissances élémentaires, Markos notamment pourrait figurer une sorte de Cthulhu femelle antédiluvien. Voir les femmes sous cet angle en plein âge metoo est pratiquement de la démence, en tout cas d'un courage hors du commun.
Souviens-toi des cris d'extase devant Jusqu'à la garde, l'une des pires merdes de cette année, où la femme est une pauvre petite chose qui frissonne au moindre bruit.

Tu m'as donné une énorme envie de le revoir avant son départ des salles !
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valzeur
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Messages: 235

MessagePosté le: Mer Déc 05, 2018 2:29    Sujet du message: Répondre en citant

Quand j'y pense, Suspiria est une sorte de grand trou noir qui aspire les fictions érotico-sentimentales réalisées jusque là par Guadagnino : Melissa P, Amore, CMBYN et A bigger splash. Il est certainement possible d'en trouver des germes dans ses films précédents mais bien cachés - par exemple, l'étrange impression de puissance sexuelle qu'acquiert l'héroïne adolescente du très médiocre Melissa P. ; la scène où elle séduit un quadragénaire en sirotant son milk-shake vient de Baby Doll/Lolita, mais évoque déjà par son outrance et sa fin brusquée Suspiria.
Ce film figure l'impensé ou la doublure de son cinéma plutôt consensuel, c'est en cela que son geste est si beau.
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Trollope
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MessagePosté le: Jeu Jan 17, 2019 10:06    Sujet du message: Répondre en citant

Je vous relirai quand j'aurai fini le film.
Au bout d'une heure, ça remet en mémoire que le giallo est un genre prétexte à un formalisme creux et tournant à vide qui s'offre à quantité d'interprétations et n'en permet aucune. Il est normal, et pas mal, qu'il soit remis au goût du jour ne serait-ce que pour cette "maîtrise ouverte" dont parle valzeur, toujours stimulante, à très petites doses est-il besoin de préciser.
Mais un cinéma qui présente autant de références vidées de toute substance provoque aussi chez moi un ennui poli.
Un détail : quelques éléments décoratifs et gratuits qui m'ont frappé, dans le générique du début, on voit une jeune fille assise et qui tient dans la main quelque chose qui ressemble à un smartphone, plus tard un certain emblème nous fait penser au logo de facebook. Sont-ce des motifs projetés par mon inconscient ou voulus par Guadagnino ?
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Trollope
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Inscrit le: 04 Oct 2011
Messages: 637

MessagePosté le: Ven Jan 18, 2019 13:44    Sujet du message: Répondre en citant

Fini. Je repars à zéro.
Alors je suis d'accord pour dire que le film est plus stimulant que ce qu'on a l'habitude de voir, et qu'il marche comme un pendant de UTSL.
Tous les deux sont des films postmodernes, où se présentent justement quantités de références, médiations plus ou moins vidées de substance et dans lesquelles on aimerait bien lire un sens caché et transcendant et non l'absence de sens (là où par exemple le maniérisme argentesque a quelque chose de plus sincère, ou primaire)
L'un et l'autre sont préoccupés par un certain regret sur la décadence de l'Occident, hantés par un fond complotiste (les sorcières, le songwriter), mais Suspiria en incarne le côté culture sérieuse, regarde en arrière du côté du nazisme, (la beauté ne peut plus exister dit Swinton qui fait écho à la phrase célèbre d'Adorno sur l'après Auschwitz), d'une vieille culture qui se veut chic, avant-gardiste (tendance expressionniste) et ultraeuropéenne (du "tu veux devenir danseuse, il faut parler français" en passant par Francis Bacon jusqu'à Pina Bausch et Lucian - petit fils de - Freud).
L'habileté de Suspiria tient à l'usage qu'il fait de la danse comme métaphore des associations que l'histoire réalise. Pour être plus clair, dans les mouvements des danseuses, il y a comme un aspect magnétique, tellurique, tectonique qui trouve un écho dans la façon dont Baader-Meinhoff répond au nazisme, et Me Too à disons, tout ça... Car le film s'abstient évidemment d'être clair, et oppose l'énigme de l'art à celles de l'histoire ou de la psychologie, ce qui a le mérite d'être rafraîchissant.
En revanche, c'est trop long, et ça me laisse à distance, même si je trouve des choses très réussies de temps en temps. Les retrouvailles quasi-parodiques de Klemperer avec sa femme qui arrivent complètement out of the blue, et le sabbat final avec en particulier ses plans style jeux vidéos en immersion dans la tuerie.
Au tout début, le film m'a beaucoup rappelé les Sorcières de Roeg, adapté de Roald Dahl, et effet de Roeg au giallo italien il n'y a qu'un pas, ou à une version style Marienbad horrifique du Ladies' Man de Jerry Lewis, et en effet, un certain humour maintient le film à flot. J'ai aussi pensé au Démon des femmes d'Aldrich, plus pour le titre car je m'en souviens mal.

Baldanders a écrit:
Si le film est féministe (ce que je pense), alors il l’est de manière totalement opposée au féminisme actuel qui réclame droits et reconnaissance.


Le "We need guilt and shame doctor, but not yours" est quand même très ambigu ; ça ressemble même à des revendications.
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