Les Confins du monde (Guillaume Nicloux, 2018)

[valzeur]

Le dernier film de Guillaume Nicloux est particulièrement représentatif du moment où un cinéaste quitte sa zone de confort pour tomber les deux bras en avant dans sa zone d'incompétence. Partis la fleur au fusil, ces Confins du monde terminent étouffés dans la gadoue, le cul à l'air après de probables derniers outrages.
Vouloir faire son My own private Apocalypse now avec quelques zestes du surcôté Ni le ciel ni la terre de l'escroc Cogitore, pourquoi pas ? Mais rajouter une romance autochtone, une vengeance obstinée, une touche de fantastique, une ridicule ouverture ciminenne avec un plan ralenti sur 3 bonnes minutes, du gore parce que la-guerre-c'est-sale, et des bites parce que la guerre-c'est-des-hommes-aussi, cela fait beaucoup surtout quand on caste dans le rôle principal Gaspard Ulliel qui semble se réveiller du Saint-Laurent de Bonello, et qui est, disons poliment, peu crédible.
Terrassé devant la tâche à accomplir, Nicloux se réfugie dans les tics :
- tous les acteurs interagissent sur un mode agressif, tintin la camaraderie entre frères d'armes...
- les dialogues hésitent entre le vulgos et le surécrit (hummm, ce sous-officier qui "donne du poids à la fumée")
- les 3/4 des scènes sont coupées net, certainement pour donner de la vivacité au montage qui multiplie dans le même temps les plans assez longs et les cartons ; les plans n'ont de fait jamais la bonne longueur ; dans un moment Kurtzien du héros, un viet-minh est laissé pour mort agonisant, Nicloux cadre du point de vue du mourant d'énormes feuilles humides frissonnant légèrement au vent ; on se dit d'abord, oh un plan panthéiste du retour à la Nature d'une âme envolée, mais après quelques secondes probablement gêné par la GroBe Symbolik, Nicloux coupe la queue entre les jambes, si bien que son plan ne fonctionne que comme repentir d'une idée avortée.
A propos de queues, il y en a beaucoup (dont une avec ce qui est j'espère un effet spécial) et sans nécessité (sauf celle-là, et encore...). Ce côté "vous allez voir ce que vous allez voir" se retrouve dans l'usage de bidoches synthétiques pour montrer les atrocités de la guerre (mention spéciale au cadavre démembré grouillant de vers). Le problème est que ces effets réalistes surgissent au débotté dans un récit sibyllin truffé d'ellipses aux personnages secondaires peu développés et que le spectateur se fout de tout (moi en tout cas)
La seule chose à sauver est Guillaume Gouix qui est excellent comme toujours et qui fait de chaque scène un morceau à emporter ; son personnage termine sa route sur un enchaînement de deux plans hallucinant de CONNERIE, je m'en serais pincé, mais je ne dis rien pour que vous en profitiez.
Le dernier plan est eine GroBe RIgollade, j'en aurais éclaté de rire, si je n'étais pas mort d'ennui avant.
Dernière petite obscénité : Nicloux a visiblement en tête un évènement dramatique de la vie de Depardieu pour lui faire jouer une scène d'ailleurs sans intérêt, j'ai trouvé ça dégueulasse d'autant qu'il avait déjà fait le coup avec Valley of love.
En bref, bon courage à ceux qui iront !

[Trollope]

Tu fais peur. Un peu curieux de le voir car j'aime bien Guillaume Nicloux, un peu à la marge du cinéma français (même si ses films sont rarement bons, des trucs comme Le Poulpe ou l'enlèvement de Michel Houellebecq sont en dehors du train-train dudit cinéma). En plus il y a une espèce de fantasme dans ma famille lié à l'Indochine, mon grand-père était administrateur là-bas et a été emprisonné dans des camps à deux reprises, pesait 45 kilos quand il en est revenu, un film que je préfèrerais voir plutôt qu'un énième film de guerre sous influence coeur des ténèbres.

[valzeur]

Du coup, ça peut t''intéresser, Trollope ! (même si le côté elliptique-sensoriel du film ne tient la route que 7 minutes et 30 secondes approximativement).
J'aime beaucoup L'enlèvement de Michel Houellebecq qui est l'un des films les plus étranges du cinéma français depuis un bail

[Trollope]

Justement il a fait un film avec Depardieu en mode Monteiro je crois (pas un film où on voit rien mais un film conceptuel avec Depardieu juste en voix off, mais une recherche google pourrait me renseigner en deux secondes). Valley of Love avec Huppert, je sais pas ce que ça vaut, mais heureux d'être d'accord sur l'EDMH.

[valzeur]

Je ne vois pas le film dont tu veux parler avec Depardieu en voix-off. Valley of love est très médiocre...

[Trollope]

The End.

Je cite le synopsis wikipédia

[valzeur]

Ah oui, je l'avais oublié celui-là !! Pas vu...

[Hello--Kitty]