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Under the Silver Lake (David Robert Mitchell, 2018) & Burning (Lee Chang-dong, 2018)
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JM
dans le coma profond


Inscrit le: 10 Nov 2011
Messages: 129

MessagePosté le: Mar Sep 04, 2018 11:54    Sujet du message: Répondre en citant

Trollope a écrit:
C'est carrément tirée par les cheveux donc je n'aurais jamais pensé à ce genre de choses.
La fille qu'on voit à la fin, et qu'on a déjà vue deux fois n'est clairement pas l'ancienne. Avant cette scène, on la voit deux fois, s'excusant à chaque fois d'être en retard, puis en parlant des chinois dans sa boutique (se mettant en scène, si c'est bien la même, avec son histoire de clients chinois un peu comme l'autre plus tôt dans le film avec sa danse africaine). A mon avis, les deux ont en commun d'être subjuguées et soumises par Ben, et d'être des éléments étrangers, car inférieurs, à son cercle social.


Ecoute, on bricole ce qu'on peut dans sa petite caboche quand on s'emmerde ferme et que tout paraît tellement téléphoné...
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valzeur
dans le coma profond


Inscrit le: 30 Aoû 2015
Messages: 235

MessagePosté le: Mer Sep 05, 2018 20:36    Sujet du message: Répondre en citant

JM a écrit:
valzeur a écrit:
il y a une très légère ambiguïté sur le personnage du faux Gatsby qui donne une autre explication possible aux parcours des 3 personnages ; elle est esquissée dans l'unique scène très curieuse qui épouse son point de vue.


Tu parles de Burning ? Si oui, peux-tu préciser ?



Rapidement, je dirais qu'une hypothèse flotte légèrement pour expliquer le personnage allusif/fuyant de Ben ; il n'aime pas les femmes qui l'ennuient (la scène où il baille devant le numéro de Hae-Mi) et avec lesquelles il joue à la poupée (le maquillage de la remplaçante, même pas plus érotisé que ça). Rien n'indique qu'il couche avec Hae-Mi elle le distrait vaguement. Par contre, on discerne plusieurs fois un intérêt relativement inexplicable pour Jong-Su , le plus surprenant étant quand celui-ci le découvre lisant Faulkner qu'il a présenté comme son écrivain préféré. Sa dernière réplique ou peu s'en faut : "Hae-Mi n'est pas avec toi ?" (je cite de mémoire) indiquerait donc qu'i s'est rendu au rendez-vous de Jong-su, pensant réellement la voir (il ne l'a donc pas supprimée, ce n'est pas un tueur en série). La disparition d'Hae-mi (que Ben "couvrirait") s'expliquerait par ses dettes et par la déception provoquée par Jong-Su (les derniers mots que celui-ci lui adressent l'assimilent à une pute, ce qui n'est certainement pas facilement digérable pour une jeune femme névrosée/amoureuse/mal dans sa peau). Bon, cette hypothèse crypto-gay rend le film un peu moins prévisible, mais guère plus passionnant (le serial-killer richissime jouant au chat et à la souris avec l'amoureux de sa victime, bof...). Dans tous les cas, cette variation sur Gatsby - où l'on suivrait en fait son meurtrier - ne vieillit pas bien en mémoire.
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Trollope
dans le coma profond


Inscrit le: 04 Oct 2011
Messages: 637

MessagePosté le: Mer Sep 05, 2018 22:11    Sujet du message: Répondre en citant

La nouvelle de Murakami, auteur que je porte en piètre estime (je suis d'avis que les mauvais romans peuvent donner de bons films là où l'inverse est évidemment mille fois plus difficile), est beaucoup plus allusive que le film qui s'en inspire. Cette palpitation dans le coeur, comme un son de basse, l'asexualité du personnage (le film n'explore pas un sentiment homoérotique - piste pas inintéressante néanmoins), son arrogance et sa manière de jouer à la poupée avec des femmes "fragiles", voilà tout ce qui signale dans la fiction classique un personnage aux tendances psychopathes. Qu'il passe à l'acte est presque un détail.
La nouvelle explore d'ailleurs cette relation de manière plus explicite, si le personnage qui a inspiré Ben se confie au narrateur, c'est parce que celui-ci est romancier, qu'il est censé être, eu égard à sa qualité de romancier, un observateur empathique des tares et des déviances humaines (pas inintéressant, je viens de voir la 10ème chambre de Depardon...)
Ma copine disait qu'il noyait peut-être les filles dans le lac devant lequel il va se recueillir, scène qui m'était complètement sortie de l'esprit malgré le beau plan auquel elle donne lieu. Cela résume le film, qui offre quelques pistes interprétatives mais qui ne sont pas très intéressantes de toutes les façons.
Moi, j'aurais trouvé intéressant qu'il creuse l'idée du triangle amoureux, avec ce personnage supérieur mais en apparence asexué qu'est Ben au centre. Mais comme dans la nouvelle de Murakami, que j'ai lue après, le réalisateur a choisi de faire de Jong-Su un personnage mutique ou qui perd tous ses moyens face à Ben (je n'ai plus la citation en tête mais il explique dans la nouvelle qu'il est comme une source tarie, qui n'arrive pas à communiquer face à lui, montrer cet écart aurait été intéressant). Juste pour la précision, le narrateur de la nouvelle est marié.
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JM
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Inscrit le: 10 Nov 2011
Messages: 129

MessagePosté le: Jeu Sep 06, 2018 5:55    Sujet du message: Répondre en citant

valzeur a écrit:
JM a écrit:
valzeur a écrit:
il y a une très légère ambiguïté sur le personnage du faux Gatsby qui donne une autre explication possible aux parcours des 3 personnages ; elle est esquissée dans l'unique scène très curieuse qui épouse son point de vue.


Tu parles de Burning ? Si oui, peux-tu préciser ?



Rapidement, je dirais qu'une hypothèse flotte légèrement pour expliquer le personnage allusif/fuyant de Ben ; il n'aime pas les femmes qui l'ennuient (la scène où il baille devant le numéro de Hae-Mi) et avec lesquelles il joue à la poupée (le maquillage de la remplaçante, même pas plus érotisé que ça). Rien n'indique qu'il couche avec Hae-Mi elle le distrait vaguement. Par contre, on discerne plusieurs fois un intérêt relativement inexplicable pour Jong-Su , le plus surprenant étant quand celui-ci le découvre lisant Faulkner qu'il a présenté comme son écrivain préféré. Sa dernière réplique ou peu s'en faut : "Hae-Mi n'est pas avec toi ?" (je cite de mémoire) indiquerait donc qu'i s'est rendu au rendez-vous de Jong-su, pensant réellement la voir (il ne l'a donc pas supprimée, ce n'est pas un tueur en série). La disparition d'Hae-mi (que Ben "couvrirait") s'expliquerait par ses dettes et par la déception provoquée par Jong-Su (les derniers mots que celui-ci lui adressent l'assimilent à une pute, ce qui n'est certainement pas facilement digérable pour une jeune femme névrosée/amoureuse/mal dans sa peau). Bon, cette hypothèse crypto-gay rend le film un peu moins prévisible, mais guère plus passionnant (le serial-killer richissime jouant au chat et à la souris avec l'amoureux de sa victime, bof...). Dans tous les cas, cette variation sur Gatsby - où l'on suivrait en fait son meurtrier - ne vieillit pas bien en mémoire.


mouais, le bourgeois me paraît plus asexué qu'homo, en tout cas, si l'on peut dire ainsi, bcp plus au-dessus des contingences sexuelles (quelles qu'elles soient) que l'autre (dont le besoin de la fille apparaît très largement d'ordre sexuel), ce qui nous ramène à un gros cliché si l'on rattache ça à des questions de classes sociales... Mais bon, effectivement, il se joue sûrement une sorte de fascination amoureuse entre les deux hommes, mais je l'aurais plutôt vue du côté de l'autre (sa fascination évidente pour le feu, en particulier après la scène du coucher de soleil - où, au passage, la fille se balade à poil sans que ça se termine au lit avec l'un ou les deux garçons. Qqun sur FDC a bien noté d'ailleurs une transformation assez troublante des seins de la fille entre le début du film et cette scène : l'actrice semble avoir effectué une opération de chirurgie esthétique entre les deux, mais ceci ne nous regarde pas).

Et la fille qui disparaît de la circulation pour les raisons que tu évoques, ça me paraît pas très cohérent avec son portrait, ou alors elle s'est peut-être supprimé...
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JM
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MessagePosté le: Sam Déc 08, 2018 6:00    Sujet du message: Répondre en citant

Vu le film de Mitchell que j'ai trouvé interminable et nullard. Je me suis un peu endormi au milieu. C'est vraiment quelconque du point de vue de la mise en scène et le scénario reprend des tonnes de trucs déjà vus ailleurs sans rien apporter de nouveau. Pour ma part j'ai pensé à un petit film US qui s'appelle "Brick" sorti au début des années 2000, et qui était une sorte de scénario à la Chandler à la sauce teen movie, un étudiant (ou lycéen) enquêtait sur la disparition de sa petite amie à partir de quelques signes disséminés dans le réel. C'était beaucoup plus osé formellement (on le lui a reproché, je crois) et il s'en dégageait en même temps un véritable sentiment mélancolique. C'était drôle dans l'absurdité aussi, alors que le film de Mitchell est extrêmement lourdingue.
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valzeur
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MessagePosté le: Sam Déc 08, 2018 11:01    Sujet du message: Répondre en citant

Mon Dieu, Brick !!! Ce petit machin étriqué qui ne parvenait même pas à être poseur....

JM je crains qu'il ne faille un estomac solide pour digérer UTSL, un peu comme pour Suspiria ou The Other side of the wind.
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