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Lady Bird (Greta Gerwig, 2018)

 
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Baldanders
dans le coma profond


Inscrit le: 23 Déc 2010
Messages: 967

MessagePosté le: Jeu Mar 29, 2018 0:40    Sujet du message: Lady Bird (Greta Gerwig, 2018) Répondre en citant



Pas mal de belles surprises depuis ce début d’année, où on a vu Bozon, Cordier et Kechiche sortir leur meilleur film à ce jour.

Et surtout il y a Lady Bird. Comme j’ai promis à Kitty il y a quelques lustres d’en parler, je me force, allez.

Ça commence mal : le montage est brusque, les enchaînements trop rapides donnent l’impression désagréable d’un évitement, comme si Gerwig ne savait pas tirer tout le sel (comique surtout) de ses séquences (par exemple, dès l’intro, Lady Bird se jetant de la voiture pour échapper au conflit avec sa mère – cut violent, générique), mais après une bonne demi-heure de ce régime, je ne dirais pas qu’on s’habitue (je pense que cette vitesse reste un défaut qui devient secondaire) mais j’ai tout à coup compris que le film, en pleine communion avec son personnage, court après quelque chose, mais quoi ?

La frustration s’est alors changée en curiosité. Les scènes se sont mises à fonctionner pour moi comme des indices plutôt que comme des mini-sketchs drôles ou émouvants. Ce que le film a d’enjoué, sa légèreté résonne avec sa vitesse pour signer une fuite en avant. Beaucoup de détails en témoignent, et en particulier cette manie du mensonge chez Lady Bird qui ment à sa famille, ment à sa nouvelle copine riche, ment à son prof de maths, etc. Elle a une idée fixe : être ailleurs, être une autre. En attendant elle est là, à jouer les caméléons pour donner le change. Elle décevra tout le monde (je n’ai lu aucune critique souligner à quel point le film est dur avec son personnage principal) et se retrouvera presque seule, sauvée par sa meilleure amie qu’elle avait trahie mais qui, malade de solitude, voudra bien lui pardonner (scène là aussi trop rapide, mais le rythme est pris).

Tout pourrait s’effondrer sous le poids de ces mensonges, des rancunes et des trahisons. Alors intervient le « miracle » : Lady Bird est prise dans une école new-yorkaise, peut partir (moyennant bourse et hypothèque sur la maison). Elle peut effacer le passé comme elle repeint de blanc les noms de ses petits copains sur le mur de sa chambre, oublier tout ce qui la dégoûte chez elle.

Mais parce que tout déjà s’était effacé par la vitesse avec laquelle les événements se succèdent, toute une période de la vie balayée par la frénésie adolescente, le contraire arrive : le départ sonne le moment de vérité, où l’essentiel jusque-là évité réapparaît, fait pleurer la mère, vomir la fille.

L’essentiel était qu’elles tenaient l’une à l’autre et qu’elles auraient voulu se connaître. C’est ça qui se cachait dans toutes ces scènes nerveuses : Lady Bird avait en elle la force de vouloir bientôt comprendre ce qui a raté, la force donc de faire ce film beaucoup plus tard. Plusieurs indices, les plus émouvants : quand elle se jette dans les bras de son ex effrayé d’être homo pour le rassurer, ou quand elle apprend par sa mère dans leur salle de bain que son père lutte contre la dépression. Elle ne pouvait pas tout accepter ni tout comprendre, pas à son âge, pas avec ses rêves égoïstes, mais elle en avait la force. Cette force qui lui permettra d’accepter son prénom – Christine – et de rappeler sa mère. Cette force, à peine entrevue, est toute entière dans la petite expiration qu’elle lâche juste avant le noir final. Ça n'a pas l'air de grand-chose mais ça explique pourquoi chaque personnage est si bien saisi dans son être, et chaque fois en si peu de plans et de répliques : Gerwig a tout bien regardé et mémorisé, et son hommage est aussi général que généreux.
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Hello--Kitty
dans le coma profond


Inscrit le: 03 Nov 2010
Messages: 2053

MessagePosté le: Jeu Avr 12, 2018 9:36    Sujet du message: Re: Lady Bird (Greta Gerwig, 2018) Répondre en citant

Baldanders a écrit:
Pas mal de belles surprises depuis ce début d’année, où on a vu Bozon, Cordier et Kechiche sortir leur meilleur film à ce jour.

Et en attendant le film de Civeyrac !

Au sujet de Lady Bird, comme je disais, j'ai vu ce film dans des conditions épouvantables et il faudrait que je le revoie pour te répondre. Ce serait que je me force un peu sur le Mektoub my love, aussi.
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Baldanders
dans le coma profond


Inscrit le: 23 Déc 2010
Messages: 967

MessagePosté le: Jeu Avr 19, 2018 0:09    Sujet du message: Re: Lady Bird (Greta Gerwig, 2018) Répondre en citant

Hello--Kitty a écrit:
Et en attendant le film de Civeyrac !


C'est pas encore ça, Civeyrac... On a vu le film ce soir avec valzeur et on a trouvé ça très raté. J'ai largement préféré le précédent, Mon amie Victoria (déjà pas extraordinaire).
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valzeur
dans le coma profond


Inscrit le: 30 Aoû 2015
Messages: 235

MessagePosté le: Jeu Avr 19, 2018 11:40    Sujet du message: Re: Lady Bird (Greta Gerwig, 2018) Répondre en citant

Baldanders a écrit:
Hello--Kitty a écrit:
Et en attendant le film de Civeyrac !


C'est pas encore ça, Civeyrac... On a vu le film ce soir avec valzeur et on a trouvé ça très raté. J'ai largement préféré le précédent, Mon amie Victoria (déjà pas extraordinaire).


Je suis un poil moins négatif que Baldanders, en cela que ce film, le plus ambitieux de Civeyrac, aurait pu être réussi, ce qu'il n'est pas au vu des choix opérés.
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Baldanders
dans le coma profond


Inscrit le: 23 Déc 2010
Messages: 967

MessagePosté le: Jeu Avr 19, 2018 14:28    Sujet du message: Re: Lady Bird (Greta Gerwig, 2018) Répondre en citant

valzeur a écrit:
ce film, le plus ambitieux de Civeyrac, aurait pu être réussi, ce qu'il n'est pas au vu des choix opérés.


Avec des "si", Civeyrac serait Fassbinder... et Fassbinder Mizoguchi !

Retour à Lady Bird, si vous le permettez, avec ce mail d'un ami :

Citation:
Lady Bird a la maturité qui manque à sa mère, malgré les dehors que cette dernière se donne, de femme responsable et redresseuse de torts. Impossible pour Lady Bird d'assumer cette maturité si elle veut faire les expériences de son âge. Tout est fui et repoussé à plus tard, et le montage elliptique n'est jamais complètement léger, car il est chargé de cette tension, née d'un mensonge (Lady Bird écervelée, sa mère tête sur les épaules).
Une fois l'Amérique entre elles, la fragilité adolescente de la mère fait irruption à travers la lettre qu'elle a secrètement écrite à sa fille (même si, je crois, elle ne lui est pas directement adressée). Et Lady Bird assume enfin d'être celle qui peut tout résoudre, les réconcilier, et, ce qui paraît plus effrayant encore pour la mère, les faire se rencontrer.
Une scène me paraît assez emblématique de leur rapport et annonce la fin : la scène ou Lady Bird, en robe rose, demande à sa mère si, en plus de l'aimer, elle l'apprécie. Je trouve l'expression de la mère fascinante à ce moment-là. On dirait qu'elle voudrait parler, se livrer, mais que ses lèvres sont scellées. Finalement elle botte en touche avec des paroles vagues et méchantes, qui la maintiennent dans ce rôle où elle s'est enfermée : "Je pense seulement que tu n'es pas encore la meilleure version de toi-même", dit-elle, ou quelque chose comme ça.
Mais durant un bref instant, elle a montré ce qu'il en était d'elles deux, et de l'impossibilité provisoire de s'entendre, tant que l'on campe sur de fausses positions.
Le père, à cet égard, est intéressant. On le dit fragile et tourmenté, il paraît solide et calme. Et sa femme est tout le contraire : plus elle veut s'affirmer comme l'adulte qui sait et qui tient bon, plus elle se montre puérile et fausse. Tous deux s'aiment sans doute autant que le dit le père, car inversés, ils se ressemblent, et sont encore de jeunes gens fragiles et un peu perdus.
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valzeur
dans le coma profond


Inscrit le: 30 Aoû 2015
Messages: 235

MessagePosté le: Jeu Avr 19, 2018 17:02    Sujet du message: Re: Lady Bird (Greta Gerwig, 2018) Répondre en citant

Je réalise à la lecture de ce mail que j'ai tout oublié de ce film, pire que j'avais déjà tout oublié 10 minutes après la sortie du cinéma.

Baldanders a écrit:
valzeur a écrit:
ce film, le plus ambitieux de Civeyrac, aurait pu être réussi, ce qu'il n'est pas au vu des choix opérés.


Avec des "si", Civeyrac serait Fassbinder... et Fassbinder Mizoguchi !

Retour à Lady Bird, si vous le permettez, avec ce mail d'un ami :

Citation:
Lady Bird a la maturité qui manque à sa mère, malgré les dehors que cette dernière se donne, de femme responsable et redresseuse de torts. Impossible pour Lady Bird d'assumer cette maturité si elle veut faire les expériences de son âge. Tout est fui et repoussé à plus tard, et le montage elliptique n'est jamais complètement léger, car il est chargé de cette tension, née d'un mensonge (Lady Bird écervelée, sa mère tête sur les épaules).
Une fois l'Amérique entre elles, la fragilité adolescente de la mère fait irruption à travers la lettre qu'elle a secrètement écrite à sa fille (même si, je crois, elle ne lui est pas directement adressée). Et Lady Bird assume enfin d'être celle qui peut tout résoudre, les réconcilier, et, ce qui paraît plus effrayant encore pour la mère, les faire se rencontrer.
Une scène me paraît assez emblématique de leur rapport et annonce la fin : la scène ou Lady Bird, en robe rose, demande à sa mère si, en plus de l'aimer, elle l'apprécie. Je trouve l'expression de la mère fascinante à ce moment-là. On dirait qu'elle voudrait parler, se livrer, mais que ses lèvres sont scellées. Finalement elle botte en touche avec des paroles vagues et méchantes, qui la maintiennent dans ce rôle où elle s'est enfermée : "Je pense seulement que tu n'es pas encore la meilleure version de toi-même", dit-elle, ou quelque chose comme ça.
Mais durant un bref instant, elle a montré ce qu'il en était d'elles deux, et de l'impossibilité provisoire de s'entendre, tant que l'on campe sur de fausses positions.
Le père, à cet égard, est intéressant. On le dit fragile et tourmenté, il paraît solide et calme. Et sa femme est tout le contraire : plus elle veut s'affirmer comme l'adulte qui sait et qui tient bon, plus elle se montre puérile et fausse. Tous deux s'aiment sans doute autant que le dit le père, car inversés, ils se ressemblent, et sont encore de jeunes gens fragiles et un peu perdus.
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