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Barbara (Mathieu Amalric, 2017)

 
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valzeur
dans le coma profond


Inscrit le: 30 Aoû 2015
Messages: 235

MessagePosté le: Jeu Sep 07, 2017 0:05    Sujet du message: Barbara (Mathieu Amalric, 2017) Répondre en citant



Par où commencer ? Par le résumé d'Allociné, tiens ! :

"Une actrice va jouer Barbara, le tournage va commencer bientôt. Elle travaille son personnage, la voix, les chansons, les partitions, les gestes, le tricot, les scènes à apprendre, ça va, ça avance, ça grandit, ça l'envahit même. Le réalisateur aussi travaille, par ses rencontres, par les archives, la musique, il se laisse submerger, envahir comme elle, par elle."

Rarement un résumé a été aussi précis, aussi juste ; le film factice et indéfini tend vers le futur mais patauge dans un présent environné de grigris (les belles archives, unique raison de s'infuser ça) et de chichis (la totalité du film incluant écriture, mise en scène, montage, direction de l'actrice).

Balibar, d'abord qui se débat dans ses maniérismes ; déjà, on lui ménage vingt minutes de "chant", tout additionné, ce qui est une souffrance en soi, d'autant que le film n'est pas avare en captations de la vraie Barbara. Avec une cruauté involontaire (?), Amalric passe de l'une à l'autre, enregistrant sans le vouloir l'impossibilité de l'incarnation : Balibar chante comme une casserole et sa performance en plan-séquence sur "Chapeau Bas" est au mieux quelconque - même si c'est le zénith musical du film (on ne dira rien de l'épouvantable prestation de musiciens non-identifiés massacrant "Perlimpinpin" à la toute fin). Pour ce qui est du "travail" d'actrice, on reste également perplexe. Balibar joue comme une cantatrice vocalisant après une laryngite, aucun fil clair n'est tendu, à la place de l'impromptu, de l'incohérent, des décrochages. il est vrai que Amalric la dirige sur trois plans, ce qui ajoute à la confusion et donne l'illusion de la profondeur ; elle est à la fois :
- Brigitte, star pré-ménopausée à la Binoche dans "Sils Maria" en plus inaccessible et potentiellement insupportable
- Barbara, dont les caprices biographiques sont rendus avec force minauderies, puisque que c'est son double bigger than life
- Balibar elle-même, que Amalric/Zand tente peut-être de reconquérir avec ce film-avatar ; c'est le côté l'Année dernière à Marienbad du film qui postule à tort l'intérêt qu'on peut prendre à une recomposition du couple Amalric/Balibar, puisqu'on s'en branle absolument ; dans une de ces scènes pathétiques/suicidaires dont Amalric a le secret, il évoque à son ex-belle leur présent de "quadragénaires pas très beaux", et on s'étonne de cette litote soudaine : ils sont quinquagénaires et franchement laids (lui surtout), mais passons...

Ce feuilletage du personnage féminin conditionne la structure/non-structure du film avec deux ou trois idées bateau comme le Titanic :
- la contamination du réel par les images rapportées (dans une archive passionnante où l'on voit Barbara débarquer dans une salle avant un tour de chant, Amalric intercale quelques plans où Balibar rejoue la scène avec des acteurs, idéalement pour "créer un trouble", mais avec pour résultat de rendre indigeste l'archive par son condiment balibaresque qui empêche de pleinement la goûter (l'archive, pas Balibar)
- l'étiolement général de tout ce qui n'est pas Balibarbara, que ce soit Amalric dont la fascination se limite au commentaire à voix humide du matériau documentaire avec son air insupportable de vieux poussin sorti de l'oeuf ou les acteurs de "second plan" (ici du quatrième), des fantômes sans dialogue, sauf Pierre Léon dans la seule scène un peu écrite.
- la dissolution de la narration ; Amalric émiette ou rend indiscernable les éléments biographiques réels, si bien que toute personne ne connaissant pas Barbara ne comprendra RIEN au film, qui fourmille de détails "vrais", seulement perceptibles pour initiés (ex : Amalric rend visite à Balibar lui offrant un faux paquet de Zan additionné d'un D (ZAND) avec cette phrase : "je vous ai apporté des bonbons", clin d'oeil au goût de celle-ci pour la réglisse, à son amitié fusionnelle avec Brel, et à la tentative d'Amalric pour reconquérir sa vieille belle (ou l'actrice ? : comme c'est passionnant...)

Tout ça ressemble et aboutit à une version post-moderne d'Irma Vep, film que j'ai revu récemment et que j'adore (jusque à la dominante hivernale et à l'amourette entre un régisseur et l'actrice principale). Du Pipirandello pour gogols, quoi, ce que confirme sa réception dithyrambique, un signe qui ne trompe pas.

Allez, deux détails débiles pour la route :
- Balibar congédie le régisseur qu'elle s'est tapé en lui disant qu'elle a laissé ses affaires sur le palier ; plan du jeune homme nu dans le couloir ramassant ses frusques et s'éloignant à pas de loup (tout être humain normal se rhabllllerait dare-dare devant la porte)
- Brigitte/Balibar arrive avec son chevalier-servant dans un restoroute et fait son numéro entre Marlène et une grande duchesse russe, puis elle avise un piano et répète "Nantes", se plantant à un moment avec un petit sourire du genre "Mon Dieu, n'écoutez, pas les garçons", alors que la rare prétentaine perdue dans la profondeur de champ semble s'en foutre autant que nous..
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Hello--Kitty
dans le coma profond


Inscrit le: 03 Nov 2010
Messages: 2053

MessagePosté le: Jeu Sep 07, 2017 9:41    Sujet du message: Re: Barbara (Mathieu Amalric, 2017) Répondre en citant

Je vais attendre de voir le film pour lire ce que tu écris.

Cette image

valzeur a écrit:


rappelle fortement celle-ci

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François Bégaudot
dans le coma profond


Inscrit le: 04 Nov 2013
Messages: 47

MessagePosté le: Mer Oct 18, 2017 17:19    Sujet du message: Re: Barbara (Mathieu Amalric, 2017) Répondre en citant

valzeur a écrit:


Allez, deux détails débiles pour la route :
- Balibar congédie le régisseur qu'elle s'est tapé en lui disant qu'elle a laissé ses affaires sur le palier ; plan du jeune homme nu dans le couloir ramassant ses frusques et s'éloignant à pas de loup (tout être humain normal se rhabllllerait dare-dare devant la porte.


On ne peut pas être intermittent et aimer dormir à poil en même temps ?
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Hello--Kitty
dans le coma profond


Inscrit le: 03 Nov 2010
Messages: 2053

MessagePosté le: Mer Oct 18, 2017 18:01    Sujet du message: Répondre en citant

Tiens d'ailleurs pour la petite histoire c'est un accessoiriste, pas un régisseur.
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François Bégaudot
dans le coma profond


Inscrit le: 04 Nov 2013
Messages: 47

MessagePosté le: Mer Oct 18, 2017 18:48    Sujet du message: Répondre en citant

Tsss...toujours cette histoire d'ethos de droite (valoriser socialement pour mieux dénigrer psychologiquement ou l'inverse) ou de gauche (qui synchronise les deux affects).
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